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Source : The Guardian et Seth Freedman - En anglais en 2è partie de l’article

La barrière

Samedi, 25 juillet 2009 - 11h13 AM

samedi 25 juillet 2009

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La barrière d’Israël devrait s’agrandir

Loin de protéger qui que ce soit, le Mur d’Annexion si controversé ne peut donner qu’un faux sentiment de sécurité

Dans nombre de régions de Cisjordanie, le fameux Mur d’Israël brille surtout par son absence ; le quotidien Ha’aretz rapporte [ dans un article écrit par l’un des collaborateurs les plus notoirement pro-colons de ce journal, il est vrai - ndlr ] que seulement 60ù du Mur projeté ont été achevés, comme le sait fort bien quiconque a passé un peu de temps dans la région aux environs du tracé projeté pour le Mur.

Dans des zones comme les Collines du Sud de Hébron, les seuls obstacles qui séparent des milliers de Palestiniens de communautés israéliennes sont des checkpoints volants sporadiques placés ici et là par l’armée, ou des barrières métalliques bricolées, non gardées, qui sont supposées tenir les hordes terroristes à distance.

Si l’on en croit la Pensée Sioniste Principale, la Mur de « sécurité » est vital pour la sécurité des citoyens israéliens, ce qui implique que chaque jour des dizaines de candidats porteurs de bombes se cognent la tête contre un Mur de Béton en tentant désespérément d’atteindre les villes israéliennes pour déchaîner leurs carnages contre des femmes et des enfants inconscients et naïfs.

Seulement voilà, les faits, tout simplement, ne collent pas.

Si on enlève 40% d’une moustiquaire, le reste du filet n’a aucun effet protecteur, puisque les insectes n’ont qu’à passer par le trou pour continuer sans être importunés leur activité suceuse de sang. Et bien, selon les autorités sionistes, ceci n’est pas le cas lorsqu’il est question du Mur de séparation, et des millions d’israéliens ne demandent qu’à gober ce mensonge pour préserver la paix, trompeuse, de leur esprit.

A la fin d’un voyage à Naplouse, on m’a montré très directement comme il est simple de faire le tour du Mur et des checkpoints et d’entrer en zone sioniste comme on le souhaite, et sans croiser un seul soldat ou un seul morceau de Mur. Si cela a été si facile pour moi en plein jour, c’est certainement encore plus facile pour un militant à l’abri de l’obscurité, et il en va de même partout sur le périmètre poreux à travers la Cisjordanie.

Se rendre sans aucun contrôle à Bethlehem, à Beït Jalla et dans d’autres villes au sud immédiat de Jérusalem est un jeu d’enfant pour un touriste bien décidé tout comme pour un terroriste, et cependant les statistiques ont montré une décroissance marquée des attaques suicide, ce qui suggère que c’est un élément autre que la barrière poreuse qui empêche de telles atrocités de se produire tout au long de la journée.

Certains pensent que c’est le Hamas qui est responsable de la réduction des bombes, car il n’a jamais désavoué sa hudna (trêve) sur les attaques suicide, prononcée aussitôt après son arrivée au pouvoir. D’autres pensent que les Palestiniens ont réalisé que les attaques suicide étaient un politiques vouée à l’échec, dans la mesure où leur principal résultat est de simplement donner à Israël des justifications pour davantage de vols de terres et des mesures de sécurité renforcées en réponse aux attaques.

Un militant avec lequel je e suis entretenu a émis l’opinion que le réseau des informateurs du Shin Bet était en fait l’outil le plus efficace à la disposition d’Israël pour prévenir les attaques suicides, et il a noté que le chômage massif en Cisjordanie conduisait de plus en plus de Palestiniens à des mesures désespérées, comme la collaboration, afin de compléter leur maigre revenu.

Que la quasi cessation des attaques suicides soit le résultat d’une politique de cessez-le-feu ou d’une augmentation du nombre des informateurs à la slde des autorités israéliennes, le Mur lui-même a eu très peu d’effets sur cette statistique.

Le seul effet qu’il puisse avoir est d’augmenter la probabilité d’un regain de violence contre les citoyens israéliens à long terme, en raison de son impact paralysant sur la vie des Palestiniens qui sont affectés par le tracé de ce Mur, et leur conviction qu’il n’y a aucune perspective d’amélioration de leur situation.

Pendant ce temps, beaucoup de colons se mobilisent à propos du tracé du Mur et prétendant qu’ils ont été « abandonnés » derrière la barrière par les autorités israéliennes. Ils protestent parce qu’ils ne sentent pas à l’abri d’attaques de la part de militants Palestiniens, malgré la présence que maintient l’armée partout où des colons ont ouvert boutique en Cisjordanie.

Le ministre de la défense Ehud Barak se dit « déterminé à compléter la barrière de sécurité, quels que soient les délais », selon les rapports, bien que les difficultés légales et les pressions diplomatiques semblent avoir eu raison de tout nouvel effort de construction de grande ampleur dans un avenir prévisible. Les implantations, tout comme l’infrastructure qui soutient leur existence sont un problème trop brûlant aujourd’hui pour les autorités sionistes pour qu’elles prennent des décisions unilatérales sur l’emplacement du Mur ni sur la manière de construire des protections pour ces communautés actuellement dépourvues de barricades.

Au lieu d’enterrer leurs têtes dans le sable et de prétendre que tout est pour le mieux pour la sécurité d’Israël grâce à un Mur inachevé, les dirigeants d’Israël devraient s’inquiéter des conséquences de la poursuite de leur politique d’intransigeance à l’égard des Palestiniens. La nature cyclique du conflit signifie que le calme relatif qui règne aujourd’hui n’est en rien assuré de continuer dans le futur.

Priver les Palestiniens d’assurer la vie de leurs familles, que ce soit en leur refusant la liberté de déplacement ou en venant leur voler leur terre sous leur nez, voilà qui garantit qu’une nouvelle génération va grandir avec une détestation chevillée au corps pour Israël et finira par s’en remettre à la violence comme moyen d’exprimer sa rage.

Même si de telles tactiques ne sont pas nécessairement le meilleur choix pour le peuple Palestinien, le fait qu’aucun progrès ne soit visible alors même qu’ils ont pratiquement déposé les armes signifie que le barrage va inévitablement céder de nouveau d’ici peu de temps.

A ce moment là, l’inefficacité du Mur à moitié bâti d’Israël sera visible pour tout le monde, tout comme les mesures à moitié décidées et à moitié bâclées pour un rapprochement qui n’ont fait finalement que freiner les efforts de paix au cours des années et des décennies passées.

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Commentaires

[ L’auteur ne prend en considération que le besoin, organique en quelque sorte, du peuple Palestinien de disposer des conditions qui lui permettent d’assurer des conditions de vie décentes.

Il omet d’évoquer le problème central au nom de quoi refuserait-on à ce même peuple des droits humains ne le cédant en rien à ceux qui ont été reconnus par les pays occidentaux aux sionistes qui lui ont volé sa patrie ?

Cela dit, sa démonstration est convaincante lorsqu’elle souligne l’inefficacité du Mur qui ne protège rien du tout tout en rendant la vie impossible à un certain nombre de Palestiniens. ]

NDLR

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et voici l’article original :

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Israel’s barrier to progress

Far from protecting anyone, the controversial separation wall can only give a false sense of security

In many parts of the West Bank, Israel’s much-vaunted separation wall is conspicuous by its absence ; Ha’aretz reports that only around 60% of the barrier has been completed will come as no surprise to those who spend time in the area around the project’s proposed route.
In places such as the South Hebron Hills, the only obstacles separating thousands of Palestinians from Israeli communities are sporadic flying checkpoints thrown up by the army, or flimsy, unguarded wire fences ostensibly keeping the terrorist hordes at bay. If mainstream Israeli thinking is to be believed, the "security" wall is vital for the safety of Israel’s citizens, the implication being that scores of would-be bombers are daily banging their heads against a concrete wall as they try desperately to reach Israeli cities to unleash carnage on unsuspecting women and children.

However, the facts simply don’t add up. If 40% percent of a mosquito net was removed, the remaining mesh would have no protective effect, since the insects would simply sail through the hole and get on with their blood-sucking task unimpeded. Yet, according to the Israeli authorities, that is not the case when it comes to the separation wall, and millions of Israelis are all too eager to swallow the lie in order to achieve a deceptive peace of mind.

At the end of a trip to Nablus, I was shown first-hand how simple it is to circumnavigate the wall and checkpoints and enter Israel entirely at will, and without encountering a single soldier or slab of wall. If it was that easy for me by day, it would be even easier for a militant by cover of darkness, and the same is true throughout the porous perimeter across the West Bank.

Travelling unchecked to and from Bethlehem, Bet Jalla and other towns to the immediate south of Jerusalem is child’s play for determined tourist or terrorist alike, yet statistics have shown a marked decrease in suicide attacks – suggesting that something other than the non-existent barrier is preventing such atrocities taking place around the clock.
Some believe that Hamas are responsible for the reduction in bombings, having never rescinded their declared hudna on suicide attacks shortly after coming to power. Others believe that the Palestinians realised that suicide bombings were a failed policy, in that they simply gave Israel justification for further land-grabs and heightened security measures in response to the attacks.

One activist to whom I spoke commented that the Shin Bet’s network of informants was in fact the most effective tool Israel had in preventing suicide bombings, noting that the massive unemployment rate in the West Bank drove more and more Palestinians to desperate measures, such as collaboration, in order to supplement their meagre incomes.
Whether the near-cessation of suicide attacks is down to a policy of ceasefire or an increase in informers tipping off the Israeli authorities, the wall itself has very little effect on the statistics. If anything, it increases the likelihood of renewed violence against Israeli citizens in the long term, thanks to its crippling impact on life for Palestinians affected by the route of the barrier, and their belief that their situation is unlikely to ever improve.

In the meantime, many settlers are up in arms about the route of the wall, claiming that they have been "abandoned" behind the barrier by the Israeli authorities. They claim that they have no protection from attacks at the hands of Palestinian militants, despite the army maintaining a presence wherever Jewish settlers set up shop in the West Bank.

The defence minister Ehud Barak is "determined to complete the security fence, despite the delays", according to reports, although legal challenges and diplomatic pressure appear to have put paid to any major construction efforts for the foreseeable future. Settlements, as well as the infrastructure supporting their existence, are too hot a topic at present for the Israeli authorities simply to take unilateral decisions about where to place the wall or how to fence in those communities currently bereft of barricades.

Instead of burying their heads in the sand and pretending that all is well in terms of Israelis’ security as a result of an incomplete wall, Israel’s leaders ought to be worried about the consequences of continuing their policies of intransigence towards the Palestinians. The cyclical nature of the conflict means that the relative calm of today is by no means guaranteed to continue into the future.

Stifling the Palestinians of the means to provide for their families, whether by denying them freedom of movement or by brazenly taking their land from under their noses, ensures another generation will grow up resenting Israel and eventually resorting to violence as a way of expressing their rage.

Despite such tactics not being in the best interests of the Palestinian people, the fact that they have seen no progress even when they put down their arms means that the dam will inevitably burst again soon. When it does, the inefficacy of Israel’s half-built wall will be plain for all to see, as too will the half-hearted measures at rapprochement which have hampered peace efforts for years and decades gone by