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La quadrature du cercle ? non, question de volonté avec le nucléaire comme levier ! (ndlr)

Le futur du Proche Orient est un problème intérieur des Etats Unis ( en anglais en 2è partie)

Ha’aretz et Gideon Levy - Jeudi, 4 juin 2009 - 18h58

jeudi 4 juin 2009

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Benjamin Netanyahu peut toujours dire que ce n’est qu’un peu de pluie [ qui, selon le proverbe, s’écoule sans le mouiller sur les plumes du canard – NdT ], et le ministre de l’intérieur Eli Yishai peut bien continuer à vilipender l’administration Obama pour sa politique « inacceptable ». Le parlementaire de l’Union Nationale Michael Ben-Ari peut bien continuer à pousser des cris hystériques à propose de nos soldats, et les colons peuvent bien continuer à nous mettre tous en danger. Mais la question a été tranchée à Washington.

Ce sont eux qui ont les clefs de la paix – les décideurs étasuniens, sous la conduite de Barack Obama. En d’autres termes, l’avenir du Proche Orient est un problème intérieur étasunien. Depuis que Henry Kissinger a décidé que la politique étrangère est l’extension de la politique intérieure, sa maxime n’a jamais eu un impact potentiel aussi considérable.

C’est Washington qui décidera le destin des implantations de Cisjordanie, et nous ne pouvons qu’espérer qu’il insistera pour leur évacuation. Si Obama reste ferme sur la politique proche orientale révolutionnaire qu’il a entrepris, alors, il allumera là aussi la torche de l’espérance. Cette bataille de titans, entre Netanyahu et Obama n’est guère qu’une farce – rappelez-vous la fable de l’éléphant et de l’abeille, ou de la grenouille et du boeuf. Il y a des créatures qui ne peuvent pas se faire aussi grosses qu’elles le voudraient.

Soyons également réalistes. Un premier ministre israélien n’a pas la possibilité de dire « non » aux Etats Unis une fois que ceux-ci ont tapé du pied. Netanyhu le sait mieux que quiconque, et l’heure est venue de le faire comprendre à ses alliés « patriotiques » de la coalition.

La seule menace existentielle qui concerne Israël est la perte du soutien des Etats Unis. Oui, c’est vrai, il n’y a pas d’Israël sans les Etats Unis – et pas seulement les 30 milliards de dollars d’aide militaire annuelle (sans lesquels les forces israéliennes ne seraient plus que l’ombre d’elles-mêmes), ni le marché qui absorbe le tiers des exportations israéliennes, mais aussi le soutien international. Israël, qui a longtemps été un paria dans beaucoup d’endroits, est perdu sans le parrainage étasunien. Il n’y a pas de superpuissance de rechange – si nous n’avons que la Micronésie de notre côté à l’ONU, cela ne nous mènera pas très loin.

Le feu vert des Etats Unis pour un changement du statu quo dans la région encouragera également une Europe maladroite à commencer à prendre des mesures concrètes. Jamais autant d’yeux n’ont tourné leurs regards vers un seul homme, celui qui va poser aujourd’hui, au Caire, les principes de la doctrine Proche Orientale.

Le président étasunien a le pouvoir de mettre un terme à l’occupation israélienne d’ici quelques mois. La conquête du « Troisième Royaume d’Israël » a la suite de la campagne du Sinaï s’est effondrée en quelques semaines. Nous pourrions revenir à cette situation, malgré la pierre d’achoppement des implantations, avec un calendrier clair pour les évacuations, des sanctions sévères pour le non-respect du calendrier et une assistance généreuse pour ceux qui respectent leurs engagements. Les vents porteurs dont profite Obama ont déjà modifié le ton dominant employé à l’égard d’Israël, même parmi ses « supporters » traditionnels, ceux qui ont soutenu, avec tant d’aveuglement et d’irresponsabilité, son occupation et ses guerres.

Les outils dont dispose Obama sont variés ; Une délégation du Congrès en visite ici récemment a évoqué, dans des conversations privées, l’idée que les Etats Unis pourraient interdire à Israël d’utiliser en Cisjordanie des armes fournies par les Etats Unis. ; quelqu’un a suggéré d’imposer des limitations très strictes aux israéliens entrant sur le territoire des Etats Unis. Mais il suffirait peut-être de retirer le veto automatique des Etats Unis à l’ONU – et tout cela sans parler de l’arrête du flux d’aide étasunienne à Israël.

Toutes ces mesures punitives seraient efficaces et justifiées, afin de sauver Israël de soi-même. Mais les premières étapes d’Obama sont insuffisantes – elles sont peut-être capables de faire tomber Netanyahu, mais il n’est pas certain que la paix en résulte aussitôt. Il faut exiger d’Israël qu’elle prenne maintenant un certain nombre de mesures concrètes, comme l’évacuation de l’avant poste de Maoz Esther, qui pourrait donner le signal de la fin de l’occupation.

Comme les chances de voir la société israélienne devenir sensée et combattre pour sa destinée sont devenues infinitésimales, l’arène où se joue la fin de l’occupation et la recherche de la paix s’est déplacée au niveau des états, et l’Amérique Juive elle-même commence à connaître une révolution. L’un des raisonnements que l’on entend est celui-ci : si Obama réussit à traiter le problème de General Motors, il peut également gagner le soutien du public en traitant le problème de Yitzhar et d’autre implantations comparables. S’il peut convaincre les partisans d’Israël eux Etats Unis que les relations avec l’état Juif sont devenues malhonnêtes, il n’y a plus de limites à ce qu’il peut faire. Les étasuniens doivent comprendre que, s’il n’y a pas de changement dans leurs relations avec les mondes arabes et musulmans, le monde lui-même va devenir un endroit fort dangereux, et que l’amélioration de leurs relations avec ces peuples n’implique pas nécessairement la perte d’Israël, mais peut aussi tourner à son avantage.

Il y reste peu de temps, mais la clé est sur le contact, président Obama. Continuez à nous conduire vers la paix.

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Et voici le texte en anglais :

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Thu., June 04, 2009 Sivan 12, 5769

Gideon Levy / Future of Mideast is a domestic American issue

By Gideon Levy

Benjamin Netanyahu can keep pretending it’s just rain and Interior Minister Eli Yishai can continue berating the Obama administration for its "unacceptable" policies. National Union MK Michael Ben-Ari can keep shouting hysterically about our soldiers, and the settlers can keep putting us all in danger. But the issue has been settled in Washington.

Peace lies with them - U.S. decision-makers, led by Barack Obama. In other words, the future of the Middle East is a domestic American issue. Since Henry Kissinger determined that foreign policy is merely an extension of domestic policy, his maxim has never had such tremendous potential impact.

Washington will decide the fate of the West Bank settlements, and we can only hope it insists on their evacuation. Obama standing firm beside the revolutionary Mideast policy he has begun will light the torch of hope here, too. The battle of the titans, Netanyahu and Obama, is little more than a farce - let us recall the fable of the elephant and the bee, or the frog and the ox. Not all creatures can become as great as they think.

Let’s also be realistic : An Israeli prime minister has no option of saying no to America once Washington has dug in its heels. Netanyahu knows this better than anyone, and the time has come to explain as much to his "patriotic" coalition allies.

Israel’s only real existential danger is losing U.S. support. Yes, there is no Israel without America - not only the $30 billion annual defense aid (without which the IDF would be a shadow of itself), or the market for one-third of Israeli exports, but also international support. Israel, which has become a leper in many circles, is lost without Washington’s sponsorship. There is no alternative superpower - having Micronesia alone on our side at the UN will not get us very far.

A green light from America on changing the regional status quo will also encourage a bumbling Europe to begin taking practical steps. Never have so many eyes looked to one man, who will today lay out the principles of his Middle East doctrine in Cairo.

The American president has the power to end the Israeli occupation within months. The conquest of the "Third Kingdom of Israel" following the 1956 Sinai Campaign collapsed within weeks. We could return to that situation, despite the stumbling blocks of the settlements, with a clear timetable for evacuation, severe sanctions for noncompliance and generous assistance for those staying the course. The tailwinds Obama is enjoying have already changed the prevailing tone toward Israel, even among its traditional "supporters" - those who so blindly and irresponsibly endorsed its occupation and wars.

The tools in Obama’s kit are varied : A congressional delegation visiting here recently entertained the idea, in private conversations at least, that the U.S. prohibit Israel from using American weapons in the West Bank ; someone suggested levying strict limitations on Israelis entering America. But perhaps it would be enough to simply retract the automatic U.S. veto at the UN - and this is without mentioning stopping the flow of aid.

Any of these punitive measures would be efficient and just, in the interest of saving Israel from itself. But Obama’s initial steps are not enough - they are likely, perhaps, to topple Netanyahu, but peace will not necessarily follow. Israel must be demanded to now make a series of practical steps, like evacuating the Maoz Esther outpost, which could pave the way for ending the occupation.

As the odds of Israeli society coming to its senses and fighting for its destiny have become infinitesimal, the arena for ending the occupation and pursuing peace has moved stateside, and Jewish America is itself beginning to undergo a revolution. One line of thinking goes like this : If Obama succeeds in dealing with GM, he will also win public support in dealing with Yitzhar and other settlements like it. If he can convince American supporters of Israel that relations with the Jewish state have become dishonest, the sky’s the limit. Americans must understand that without changing relations with the Arab and Muslim worlds, the world itself will become a more dangerous place, and that improving relations with those people need not be at Israel’s expense, but to its benefit. Time is short but the keys are in the ignition, President Obama. Drive on to peace.