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Après un préambule de Jean-Claude Lefort, député honoraire,

Seconde lettre de Salah Hamouri, depuis sa géôle israélienne

Vendredi, 6 mars 2009 - 7h59 AM

vendredi 6 mars 2009

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Préambule de Jean-Claude Lefort

Nous vous transmettons une lettre, la seconde, que Salah Hamouri nous a fait parvenir dans laquelle il décrit les conditions de détention des prisonniers. Cet envoi survient alors que le sort d’une française incarcérée au Mexique fait grand bruit. Nous noterons que le père de la jeune femme a été reçu une seconde fois par le Président Sarkozy à l’Elysée avant son voyage à Mexico. Nous soulignerons aussi que le père de Guilad Shalit a été reçu trois fois par Nicolas Sarkozy en personne tandis que chacun se souvient que le Comité Betancourt l’avait été à plusieurs reprises également. De même on se souvient que s’agissant de la sulfureuse affaire de "l’Arche de Zoé" le Président avait indiqué sa volonté de ramener les personnes en cause retenues au Tchad "quoi qu’elles aient fait" et que la grâce de ces personnes, condamnées par la justice tchadienne, avait été soutenu activement par l’Elysée.

Bref, tous les français en difficulté à l’étranger ont reçu un soutien direct du Président de la République qui a reçu personnellement les membres des familles concernées. Il n’est qu’un cas pour lequel le Président a refusé et refuse toujours formellement de recevoir les membres de sa famille ou bien du Comité de soutien : Salah Hamouri, notre compatriote franco-palestinien.

En même temps où nous vous transmettons ce message de Salah, nous ne pouvons pas nous taire sur ce véritable scandale qui voit le Président refuser expressément de recevoir sa famille et ne rien faire réellement de sérieux pour exiger sa libération tandis que notre jeune compatriote n’a rien fait d’autre que de subir l’occupation israélienne.

Ce refus présidentiel ne peut rester sans réaction. Salah Hamouri aura passé 4 ans de prison le 13 mars prochain. 4 ans de prison parce que palestinien. 4 ans de dédain présidentiel pour notre compatriote parce que palestinien bien que français. 4 ans d’injustice sans une action réelle des autorités pour exiger et obtenir sa libération. 4 ans... A chacune et chacun d’exprimer son indignation vers les autorités et de prendre en ce sens toutes les initiatives utiles. Ce n’est pas possible que, là aussi, sévisse un insupportable "deux poids,deux mesures". Un français est un français.Une seconde lettre de Salah

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Lettre de Salah Hamouri

Dans ma première lettre, je vous ai parlé des premiers mois passés en prison pendant l’épreuve de l’interrogatoire.

Je vais vous parler maintenant de la « deuxième période : la vie quotidienne en prison » qui laisse des marques sur la vie des prisonniers et sur leur futur.

Je suis en cellule avec 7 autres prisonniers dont certains ont déjà passé plus de 20 ans derrière les barreaux.

Il y a en prison toute une organisation et des lois intérieures mais ce qui est important, c’est le développement du mouvement des prisonniers. En effet, les changements dans l’organisation de la vie en prison ont demandé beaucoup de temps, d’efforts et de sacrifices.

Avant l’année 1992, l’oppression était forte en prison malgré la résistance et la solidarité des détenus. 1992 marque l’année d’une lutte où les prisonniers ont organisé un mouvement de résistance en faisant une grève de la faim afin d’obtenir le minimum vital et leurs droits. Cette grève a duré 17 jours. La rue palestinienne était solidaire, malgré les difficultés et la répression israélienne. Les prisonniers ont gagné cette bataille. Ils ont réussi à obtenir quelques améliorations dans leur quotidien difficile, par exemple ils ont eu le droit d’avoir un contact quelques minutes avec leurs enfants pendant les visites, de faire rentrer couvertures et vêtements apportés par les familles, de pouvoir étudier à l’université par correspondance, de regarder la télé afin de ne pas être coupé du monde complètement.

Ces « victoires » ont eu une influence sur la vie des prisonniers et leur ont donné du courage.

En prison il y a une vie très structurée, chaque prisonnier, chaque organisation politique connaît ses droits et ses devoirs.

Chaque groupe politique est représenté dans des comités, un prisonnier élu par les autres représente l’ensemble des détenus devant l’administration quand il y a un problème, une réclamation etc.

Le but de l’occupation israélienne est d’isoler les prisonniers mais notre organisation nous permet de rester forts, solidaires, de faire respecter nos droits pour lesquels il nous faut toujours lutter malgré les tentatives de l’autorité israélienne de nous casser.

Ces derniers mois, il y a eu plusieurs tentatives pour nous rendre la vie plus difficile.
La première étant de nous interdire les livres que nos familles pouvaient nous apporter en nombre limité. C’est une manière de nous tuer culturellement, la lecture étant notre occupation principale. La seconde est de nous faire payer des amendes si nous n’obéissions pas au règlement.

Il est fréquent aussi que des détenus soient mis en isolement et privés de visites.

En effet, nos familles peuvent nous rendre visite 2 fois par mois pendant 45 minutes, nous savons que pour eux c’est difficile, certains ont des parents âgés ou malades qui supportent mal les trajets et l’attente dehors. Mais nos familles sont solidaires malgré les difficultés. Pendant la visite nous sommes séparés de nos parents par une vitre épaisse et on peut se parler avec un interphone.

Le temps passe vite, je dois déjà m’arrêter d’écrire …

Prison de Guilboa
Le 20 février 2009
Salah