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« Nous souffrons d’une maladie incurable : l’espoir », Mahmoud Darwish, poète palestinien

« L’effet boomerang »

par Michel Flament, coordinateur

mardi 16 décembre 2008

Un des aspects de la mondialisation se présente sous la forme d’une gigantesque vague d’informations qui déferle en permanence et, véhiculant le pire et le meilleur, imprègne au passage, y compris dans les endroits les plus reculés, les neurones de tous les êtres vivants dont nous sommes, parait-il, l’espèce la plus évoluée.

Que parmi cette espèce, l’esprit soit en éveil ou non, le « perçu », le « ressenti », « l’entrevu » laissent des traces dans des endroits du cerveau que les chercheurs parviennent de mieux en mieux à localiser et dont ils analysent de mieux en mieux le fonctionnement.

Cette déferlante, en dépit de tous les obstacles que dressent les « maîtres du monde » sur son passage, atteint tôt ou tard tout un chacun et, par strates successives, crée une mémoire, consciente ou inconsciente, que telle ou telle étincelle suffit un beau jour à réveiller.

Que dire quand, au lieu d’une étincelle, c’est un lance flamme qui réveille la belle endormie ?

Simplement constater qu’au lieu d’un rideau de scène qui s’ouvre tranquillement pour nous convier à une comédie musicale, c’est un voile noir qui se déchire avec fureur pour nous confronter brutalement à un spectacle dantesque dont les producteurs réalisateurs sont sur scène et, devenant acteurs, tentent de nous faire croire que, surpris eux aussi, ils ont les moyens de faire face au cataclysme et d’éviter le pire !

Comme le dit si bien Naomi Klein dans son ouvrage « la stratégie du choc », les conditions sont réunies pour, jouant de l’effet de panique, imposer à la hâte des mesures draconiennes faisant fi de tous les acquis sociaux ou sociétaux et annihiler des années d’efforts du plus grand nombre pour redonner à une infime minorité le pouvoir de nuisance et de mal-gouvernance dont elle avait tant abusé.

Seulement, les mémoires se réveillent, les neurones sortent de leur torpeur et réalisent soudain et simultanément que ce scénario ne leur est pas inconnu et qu’ils n’ont aucune envie de revoir le film qui en est issu.

Les acteurs eux-mêmes sont désorientés et ne savent pas le soir en se couchant de quoi le lendemain sera fait ! Situation nouvelle ! Vent de panique et d’improvisation ! L’ordre établi ne répond plus aux manettes !

Dans la marmite qui bouillonne, acteurs et spectateurs tentent de surnager dans une solidarité factice nouvelle face à un abîme de questionnements, nouveaux eux aussi !

Le miroir de l’information, nettoyé de ses impuretés et poli par la souffrance, leur renvoie l’image d’une immense foule atteinte de cette maladie incurable qu’est l’espoir et qui, devenue habile, contre vents et marées, laminera les facteurs d’artifices, de turpitudes et autres pestilences d’un coup de boomerang dont la course désordonnée et insaisissable a cependant l’immense mérite de toujours atteindre sa cible.

Michel Flament, coordinateur.