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Réponse de Khalid Amayreh à Abou Mazen - Original en anglais en deuxième partie de cet article - (ndlr)

Abou Mazen, ne va pas trafiquer avec le Droit au Retour

Par Khalid Amayreh

lundi 15 septembre 2008

Exposing Israël - Khalid Amayreh

15 septembre 2008

« Pourquoi moi, un juif du nord de Londres, aurais-je le droit de prendre la nationalité israélienne, alors que ce droit est dénié à un Palestinien qui languit dans un camp de réfugiés au Liban ? Et surtout lorsque je sais qu’une grande majorité de ceux qui sont partis en 1948 a été ethniquement nettoyée pae les forces israéliennes ? » Alex Stein, Universitaire juif britannique.

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Au cours des derniers jours, le président de l’Autorité Palestinienne, Mahmoud Abbas, a fait deux déclarations extrêmement préoccupantes au sujet de la question essentielle du Droit au Retour.

La semaine dernière, il a déclaré à la chaîne de télévision Al Arabiya qu’il ne pouvait pas demander que tous les réfugiés Palestiniens soient autorisés à regagner leurs maisons et leurs villes dont ils ont été expulsés lorsque Israël a été créé en Palestine il y a plus de 60 ans.

Cette semaine, le président de l’AP a prononcé des remarques encore plus audacieuses au cours d’une interview accordée au journal israélien Ha’aretz et publiée dimanche 14 septembre.

Il a suggéré qu’Israël avait de bonnes raisons de refuser le rapatriement des réfugiés.

« Nous comprenons que si nous exigeons de vous l’autorisation pour tous les cinq millions de réfugiés de retourner en Israël, l’état d’Israël serait détruit. Mais nous devons discuter un compromis et voir quel nombre de réfugiés vous pouvez accepter, » aurait déclaré Abbas.

Il a ajouté « Nous devons discuter avec Israël quant au nombre de réfugiés qui retourneront en Israël. On me critique parce que je n’exige pas le retour de tous les cinq millions de réfugiés, mais je dis que nous exigerons le retour d’un nombre raisonnable de réfugiés en Israël. »

Inutile de dire que la tonalité générale des propos d’Abbas semble refléter une certaine propension de sa part à sacrifier, dans les faits, et à banaliser le droit au retour, qui est d’une façon ou d’une autre au coeur du problème Palestinien.

Eh bien, j’ai quelques conseils à donner à Abbas et à ses assistants : Ne trafiquez pas avec le droit au retour. Ne jouez pas avec le feu !

Il est exact que vous avez été élu président, ou plutôt Chairman, de l’Autorité Palestinienne en 2005. Cependant, cela ne vous donne aucunement le droit de conclure des compromis concernant le coeur même de la cause Palestinienne, le droit inaliénable au retour des réfugiés Palestiniens dans leurs maisons et leurs villages qui ont été ethniquement nettoyés et ensuite dispersés aux quatre coins du globe par la terreur organisée juive.

En vérité, vous-même, Mr le Chairman, au cours de votre campagne électorale il y a quatre ans, vous avez souligné à plusieurs reprises que la seule solution acceptable pour les Palestiniens pour ce qui est du problème des réfugiés doit être basée sur la résolution 194 de l’ONU.

Je ne vous demande pas d’imiter Saladin ou Omar Ibn ul Khattab, cela est manifestement au-dessus de votre capacité.

Mais les masses Palestiniennes attendent de vous que vous honoriez votre entreprise et que vous teniez votre parole. Cela n’est sûrement pas au-dessus de votre capacité.

Permettez-moi, Mr le Chairman, de vous rappeler, au cas où vous l’auriez oublié, le paragraphe #11 de la résolution 194 :

« Elle (la résolution) dispose que les réfugiés qui souhaitent retourner dans leurs maisons et vivre en paix avec leurs voisins doivent être autorisés à le faire à la date la plus proche pratique, et qu’un dédommagement doit être versé pour les propriétés de ceux qui choisissent de ne pas revenir et pour la perte de propriétés ou les dommages subis, selon les principes du droit international et de l’équité, par les gouvernements ou les autorités responsables. »

Certains de vos amis et de vos conseillers vous ont peut-être conseillé de « faire preuve de souplesse » à cet égard, et il peut se faire que vous-même abritiez une certaine tendance à considérer le droit au retour comme quelque chose d’anachronique, compte tenu de l’existence de dures réalités politiques.

Cependant, il est tout aussi vrai d’affirmer que toute solution du conflit Palestino-Israélien qui ne comporterait pas une mise en oeuvre authentique du droit au retour serait malhonnête, fragile, et de courte durée.

Je ne suis pas en train de me complaire dans des rêveries prophétiques ou des pronostics invraisemblables. Demandez aux réfugiés eux-mêmes à Nahr El Bared au Liban ou à Al Wihdat en Jordanie, ou à Jabaliya dans la Bande de Gaza, ou à Al Amaari près de Ramallah, pas bien loin de votre bureau. Demandez-leur s’ils sont d’accord pour renoncer à leur droit au retour dans leurs maisons et leur villages d’origine, même en échange d’un état ou quasi-état Palestinien, et ils ne manqueront pas de vous communiquer leurs véritables sentiments. N’écoutez-pas ceux qui tournent autour de vous, avec pour principale préoccupation de gagner de l’argent et d’apparaître sur les écrans de TV chaque soir [ Tiens, chez eux aussi ? NdT ]

En qualité de Palestinien, j’ai été particulièrement préoccupé par votre remarque selon laquelle « le retour de cinq millions de Palestiniens conduirait à la destruction d’Israël ».

Voyons, Mr Abbas. Est-ce que la survie d’Israël en qualité d’état exclusivement juif est devenue une préoccupation Palestinienne pressante ?

En qualité de dirigeant Palestinien, votre principale préoccupation doit être d’abord et avant tout de protéger et de mettre en oeuvre le droit de ces Palestiniens tourmentés qui endurent les souffrances des personnes déplacées depuis plus de 60 ans.

Oui, 60 années d’errance, de souffrance et de dispersion sevrait être plus qu’assez pour ces pauvres gens qui ont hérité misère et difficultés génération après génération après génération.

Et par conséquent, en finir avec ce scandale particulièrement obscène et sinistre ne serait pas un acte de charité à l’égard des Palestiniens. Ce serait plutôt une mise en pratique tardive des résolutions pertinentes des Nations Unies qui demandent le rapatriement et l’indemnisation de ces réfugiés.

Le déracinement de ces victimes innocentes du Sionisme démoniaque, qui comptent aujourd’hui plus de cinq millions d’êtres humains, a été un acte de viol collectif et de nettoyage ethnique qui a peu de parallèles dans l’histoire. Cela restera pour un acte de viol aussi longtemps que les torts infligés aux victimes n’auront pas été rectifiés et corrigés.

En vérité, le gros de l’établissement sioniste ne reconnaît pas même que ces crimes ont eu lieu, et chaque fois qu’un universitaire israélien consciencieux s’élève contre ces tragédies, il ou elle est ordinairement vilipendé et menacé par une société dominée par le racisme et la haine.

C’est pourquoi le Droit au Retour, en ce qui concerne les Palestiniens tout au moins, ne devrait pas être un sujet de discussion et de controverse, pas plus que le droit du propriétaire légitime de reprendre possession d’une propriété qui lui a été dérobée par un voleur ne peut être un sujet de dispute et d’opportunité. [ Au sens que ce mot a en français ! NdT ]

Quant aux arguments sionistes sur la nécessité de maintenir Israël comme un état juif, il est évident que de tels arguments constituent une insulte morale outrageante à chaque être humain qui respecte la justice et l’honnêteté.

Tout d’abord, il est bien connu que le terme « caractère juif d’Israël » n’est rien de moins qu’un euphémisme pour légitimer la poursuite de la politique racisme d’Israël à l’égard des non-juifs. L’apartheid et le racisme ne peuvent jamais être légitimes même si ceux qui le pratiquent sont juifs. Le racisme juif est tout aussi virulent que le racisme germanique.

Par ailleurs, ce doit être un axiome accepté par tous que la conscience du monde n’a pas davantage d’obligation légale ou morale de maintenir le sionisme en Palestine qu’elle n’en avait de maintenir l’apartheid en Afrique du Sud.

Plus précisément, on est toujours amené à poser la question suivante à propos de ce problème : le droit que revendique Israël à la pureté religieuse et ethnique est-il supérieur au droit des réfugiés Palestiniens à regagner leurs maisons et leur pays ?

Finalement, il est clair que refuser aux réfugiés Palestiniens leur droit inaliénable au retour en Palestine/Israël est au delà des limites de l’honnêteté élémentaire.

La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, adoptée par l’ONU en 1948, déclare à son Article #13 que « tout homme a led roit de quitter n’importe quel pays, y compris le sien ; et de revenir dans son pays. »

Encore une fois, le droit au retour est le coeur et l’âme du problème Palestinien. Il est en fait plus fondamental que le problème de l’existence d’un état Palestinien et même que le problème de Jérusalem, malgré l’importance immense de ce dernier problème au niveau national et international.

C’est pourquoi il doit être parfaitement clair que tout accord, tout entente entre Israël et l’AP qui ignore ou néglige ce problème central du droit au retour sera traité comme nul et non avenu par le peuple Palestinien.

Ceci n’est pas seulement un message adressé à la direction de l’OLP. C’est aussi un message adressé à l’insolence de l’état Israélien qui pourrait être tenté de croire que la faiblesse actuelle de la position Palestinienne vis-à-vis d’Israël peut convaincre les Palestiniens à renoncer à leurs droits nationaux fondamentaux.

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Et voici le texte en anglais

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Abu Mazen : don’t mess with the right of return
By Khalid Amayreh
15 September, 2008

“Why should I, a Jew from north London, be permitted to take up Israeli citizenship, when that right is denied to a Palestinian who languishes in a refugee camp in Lebanon ? Especially when I acknowledge that a large majority of those that left in 1948 was ethnically cleansed by Israeli forces.” Alex Stein, a British Jewish academic.

In recent days, the Chairman of the Palestinian Authority (PA) Mahmoud Abbas made two extremely worrying pronouncements with regard to the paramount issue of the Right of Return.

Last week, he told Al-Arabiya TV that he couldn’t demand that all Palestinian refugees be allowed to return to their homes and towns from which they were uprooted when Israel was created in Palestine more than sixty years ago.

This week, the PA President uttered even more daring remarks in an interview with the Israeli newspaper, Ha’aretz, published Sunday, 14 September.

He suggested that Israel was justified in refusing to allow the repatriation of the refugees.

“We understand that if we demand of you that all the five million refugees be allowed to return to Israel, the State of Israel would be destroyed. But we must talk about compromise and see what numbers you can accept,” Abbas was quoted as saying.

He added : “We have to talk with Israel about the number of refugees who will return to Israel. I am criticized for not demanding the return of all the five million refugees, but I say that we will demand the return of a reasonable number of refugees to Israel. “

Needless to say, the loose tone of Abbas’s words seems to reflect a certain propensity on his part to effectively sacrifice and trivialize the right of return, which more or less represents the heart and soul of the Palestinian problem.

Well, I have a few words of advice for Abbas and his aides : Don’t mess with the right of return. Don’t play with fire.!

It is true that you were elected President of the PA in 2005. However, this doesn’t give you the right to compromise on the core of Palestinian cause, the inalienable right of Palestinian refugees to return to their homes and villages from which they were ethnically cleansed and subsequently dispersed to the four corners of the globe by organized Jewish terror.

Indeed, you yourself, Mr. Chairman, during your election campaign four years ago, stressed repeatedly that the only solution acceptable to the Palestinians with regard to the refugee plight would have to be based on UN resolution 194.

I am not asking you to emulate Saladin or Omar ibnul al Khattab This is obviously beyond your ability.

But the Palestinian masses do expect you to honour your undertaking and keep your word. This is certainly not beyond your ability.

Let me remind you Mr. Chairman of paragraph #11 of resolution- 194 in case you have forgotten it.

“It (the resolution) resolves that the refugees wishing to return to their homes and live at peace with their neighbours should be permitted to do so at the earliest practicable date, and that compensation should be paid for the property of those choosing not to return and for loss of or damage to property which, under principles of international law or in equity, should be made good by the Governments or authorities responsible.”

Some of your friends and advisors may have advised you to “show flexibility” in this regard, and you may have harboured a certain tendency to view the right of return as somewhat anachronistic given the existing hard political realities.

However, it is equally valid to argue that any resolution of the Palestinian-Israeli strife excluding a genuine implementation of the right of return would be disingenuous, fragile and short-lasting.

I am not indulging in sooth-saying or far-fetched prognostication. Ask the refugees themselves from Nahr al-Bared in Lebanon to al-Wihdat in Jordan to Jabalya in the Gaza Strip and al-Amaari near Ramallah, not far from your office. Ask them if they are willing to cede their right to return to their original homes and villages even in return for a Palestinian state or quasi-state, and they will communicate to you their true feelings. Don’t listen to the hangers-on around you whose main preoccupation is to make money and appear on TV screens every evening.

As a Palestinian, I was particularly disquieted by your remarks that “the return of five million Palestinians would lead to the destruction of Israel.”

Well, Mr. Abbas. Has Israel’s survival as an exclusive Jewish state become a pressing Palestinian preoccupation ?

As a Palestinian leader, your main preoccupation should be first and foremost to protect and effect the right of return for these tormented Palestinians who have been suffering the agony of homelessness for more than sixty years.

Yes, sixty years of homelessness, pain and dispersion should be enough for these miserable people who had inherited misery and suffering generation after generation after generation.

Hence, ending this most obscene and sinister scandal would not be an act of charity to the Palestinians. It would rather be a belated application of relevant UN resolutions which call for the repatriation and indemnification for these refugees.

The uprooting of these innocent victims of satanic Zionism, now numbering five million human beings, was a collective act of rape and ethnic cleansing with very few parallels in history. It will remain an enduring act of rape as long as the wrongs done to the victims are not rectified and corrected.

Indeed, the bulk of the Zionist establishment doesn’t even recognize the occurrence of these crimes, and whenever a conscientious Israeli academic speaks up against these wrongs, he or she is usually vilified and threatened by a society dominated by racism and hatred.

This is why the Right of Return, at least as far as Palestinians are concerned, shouldn’t be a subject of dispute and controversy just as the rightful owner’s right to recover his stolen property from a thief is not a subject of dispute and property.

As to Zionist arguments about the need for maintaining Israel as a Jewish state, it is obvious that such arguments constitute a brazen moral insult to every human being that values justice and honesty.

First, it is well known that the term “Jewish character of Israel” is nothing short of a euphemism for the continuation of Israel’s racist policies against non-Jews. Apartheid and racism can’t be legitimate even if practitioners are Jewish. Jewish racism is no less virulent than German racism.

Second, it should be axiomatic to all that the conscience of the world is under no more legal or moral obligation to maintain Zionism in Palestine than it was to maintain apartheid in South Africa.

More to the point, one is always prompted to ask the following question with regard to this issue : Does Israel’s alleged right to religious and ethnic purity override the Palestinian refugees’ right to return to their homes and country ?

Finally, it is clear that denying the Palestinian refugees their inalienable right to return to Palestine/Israel is beyond the pale of simple rectitude.

The Universal Declaration of Human Rights, adopted by the UN in 1948, states in its Article #13 that “everyone has the right to leave any country, including his own, and to return to his country.”

To reiterate, the right of return is the heart and soul of the Palestinian problem. It is actually more paramount than the issue of Palestinian statehood and even Jerusalem, despite the latter’s immense national and religious importance.

Hence, it should be amply clear that any agreement or understanding between Israel and the PA ignoring or overlooking this central issue of the right of return will be treated as null and void by the Palestinian people.

This is not only a message to the PLO leadership. It is also a message to the insolent Israeli state which might be tempted to think that the current weakness of the Palestinian position vis-à-vis Israel would prompt the Palestinians to retreat from their national constants. (end )