Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > Chronique de l’occupation
Chronique de l’occupation
vendredi 29 août 2008
BREVES
DE PALESTINE
MERCREDI
27/08/08
Numéro
: 638
nombre d’entrées :
7
Envoyé le
27/08/08
____
Citation
du jour
Aujourd’hui
encore, les Palestiniens n’ont ni état ni forces armées. Nos
occupants nous imposent des couvre-feux, des expulsions, des
démolitions de maisons, de la torture légalisée, et un assortiment
hautement imaginatif de violations des droits de l’homme. Aucun
comparaison justifiable ne peut être établie entre le niveau de
responsabilité imputé aux Palestiniens pour les actes de quelques
personnes, et la responsabilité pour la violence intense et
systématique pratiquée contre la population Palestinienne toute
entière par le régime sioniste dans la plus totale impunité.
Palestine
Think Tank
http://palestinethinktank.com/
____
63801
Rice :
« Un accord avec l’Autorité Palestinienne est encore possible
en 2008 »
La Secrétaire d’Etat
étasunienne Rice ne pense pas que c’est intentionnellement que le
gouvernement sioniste développe les implantations de Cisjordanie, et
croit qu’un accord avec l’AP est possible cette année, ont rapporté
des sources des média mardi 26/08/08.
Le régime sioniste a
accéléré le développement des implantations « illégales »
[répétons-le inlassablement, toutes le sont, illégales –
NdT] en Cisjordanie, qui constituent un des principaux
obstacles à un accord de paix.
Malgré cela, Rice a fait une remarque au cours de
sa conférence de presse avec la ministre sioniste des Affaires
Etrangères Livni, et a déclaré qu’elle a confiance dans les
intentions sionistes. « Je ne crois pas que ce soit la
politique du régime sioniste d’augmenter l’activité dans les
implantations, c’est plutôt de la faire baisser, » a-t-elle
déclaré.
Rice a également déclaré qu’elle considérait
que les implantations étaient un obstacle au processus de paix.
Après s’être rencontrés mardi matin à
Jérusalem, Rice et le premier ministre Olmert ont publié un
communiqué commun faisant état de « progrès » dans les
négociations avec l’Autorité Palestinienne.
Le négociateur en chef Palestinien, Ahmad Quria,
a annoné la semaine dernière qu’il ne s’attend pas à un accord
cette année.
Olmert et le président Palestinien Abbas avaient
prévu [ou plutôt fait semblant de prévoir – NdT]
de parvenir à un accord de paix d’ici la fin de 2008, mais ils ont
récemment baissé le niveau de leurs attentes, car le processus de
paix est actuellement au point mort et aucun accord n’est attendu à
bref délai.
[commentaire : on dit que le diable
est dans les détails. La vérité des choses y est parfois
également. Vous avez peut-être remarque que Rice ne parle pas d’un
« accord entre les sionistes et les Palestiniens », mais
d’un « accord avec l’Autorité Palestinienne ». Comme si
elle faisait parti du camp avec lequel les Palestiniens négocient.
Ce qui est d’ailleurs l’exacte vérité, à cela près qu’il n’y a
aucun négociation, car les sionistes ont dit et répété, avant
même de se rendre à Annapolis, et à nouveau à leur retour, qu’il
y avait quelques points de détail sur lesquels il n’était pas
question qu’ils cèdent : le maintien des implantations, et notamment
des grands blocs qui devaient être territorialement rattachés à la
zone sioniste, le tracé des frontières qui ne seraient pas fixées
de sitôt, mais devait englober au moins les « grands blocs »
de colonies, le retour des réfugiés qui était totalement exclu,
Jérusalem qui devait rester pour les prochains millions d’années
leur capitale indivisible, avec les alentours bien entendu, la
souveraineté Palestinienne qu’il n’était pas question d’accepter,
puisqu’elle serait limitée à un régime démilitarisé auquel il
serait interdit de conclure des alliances, dont les entrées et les
sorties, ainsi que les télécommunications seraient contrôlées, et
que la vallée du Jourdain resterait sous contrôle et/ou
administration sioniste. Comme chacun sait bien qu’évidemment les
Palestiniens ne peuvent accepter aucun de ces points, il est clair
qu’il ne peut avoir de négociation.
Des discussions ne peuvent s’engager que lorsque
les sionistes auront marqué leur accord avec satisfait aux exigences
légitimes des Palestiniens, la discussion portant sur un calendrier
de mise en oeuvre.
Alors maintenant, quand Rice déclare qu’elle ne
croit pas que le développement des implantations résulte de la
volonté du gouvernement sioniste, on se pose des questions. Et,
comme elle n’est sans doute pas totalement stupide, on conclut
qu’elle se paie notre fiole.]
Rula
Shahwan - IMEMC News – Mardi 26 août 2008 – 16 : 54
http://www.imemc.org/article/56731
____
63802
Un
député palestinien libéré accuse des dirigeants de Ramallah
d’avoir lui capitulé devant l’ennemi
Le
député captif palestinien du mouvement Fatah, Houssem Khedr, a
accusé certains responsables militaires et politiques de l’Autorité
Palestinienne de l’avoir livré à l’occupation.
« Mon
dossier d’emprisonnement était plein de mensonges et de
provocations », a-t-il souligné.
Le dirigeant du Fatah
libéré, le lundi 25/8, a fortement contesté la position de
certains responsables de l’Autorité Palestinienne qu’il a accusé
de nuire au Fatah et de dévaloriser sa bonne réputation
historique afin de parvenir à leurs fins et de dominer le peuple
palestinien en faveur de leurs profits et de leurs intérêts
individuels particuliers.
Houssem a réaffirmé lors d’une
déclaration au site d’Al Jazzera Net que les intérêts
individuels de ces dirigeants du Fatah ont été fortement
touchés suite à l’Intifada d’Al Aqsa, comme après le recul de
leurs influences politiques et militaires sur le terrain et la
victoire du Hamas.
« Les
résultats de la résistance patriotique sur le terrain ont poussé
ces prétendus dirigeants du Fatah à attirer le Hamas vers une crise
interne », a–t-il confirmé.
Le célèbre dirigeant du
Fatah a promis de déployer tous les efforts possibles pour la
restauration de l’entente nationale entre le Fatah et le Hamas, en
soulignant qu’il a toujours soutenu l’expérience démocratique et
juste du mouvement Hamas après sa victoire écrasante lors des
dernières élections législatives dont tout le monde a témoigné
qu’elles étaient démocratiques et transparentes.
Ramallah-
CPI - 27/08/2008 - 14:25
____
63803
Mottaki
réaffirme le soutien de son pays au peuple palestinien
« Téhéran voit
la résistance comme seul chemin susceptible de libérer
la Palestine », a précisé, hier lundi 25/08/08, le ministre
iranien des affaires étrangères Manoutchehr Mottaki.
Le
dirigeant iranien a souligné le soutien de Téhéran au peuple
palestinien, dans sa lutte légitime et juste contre le régime
sioniste, pour libérer tous les territoires palestiniens
de l’occupation.
Il
a ajouté : « "A chaque fois que l’Intifada et la
résistance palestinienne passent à l’action, on voit des
victoires spectaculaires des Palestiniens ainsi que l’échec
du régime sioniste ».
Ces
déclarations du dirigeant iranien sont intervenues lors d’une
conférence de presse commune avec Farouk Al-Kadoumi, chef du
département politique de l’Organisation de la Libération de la
Palestine (OLP).
Al-Kadoumi
a souligné que Téhéran se range aux côtés des Palestiniens
pour les aider à mettre fin à l’occupation et libérer la
Palestine.
Kadoumi a déclaré : « Nous refusons la
politique de colonisation américaine, à laquelle on ne peut pas
se fier, car cette politique fait partie du régime sioniste
dans la région. »
Téhéran
CPI - 26/08/2008 - 16:48
____
63804
L’occupation
envahit Jénine et ses villages
Des
dizaines de blindés de l’armée d’occupation ont envahi, aujourd’hui
à l’aube, mercredi 27/08/08, le village de Kafr Dan, aux environs de
Jénine, en lançant une campagne de fouilles des maisons du village.
Des
sources locales ont déclarét que les forces coloniales ont installé
un barrage mobile dans la région de la vallée de Hassan entre le
village de Kafr Dan et le village de Barquine.
Jénine
– CPI - 27/08/2008 - 16:08
____
63805
La
« sécurité préventive » d’Abbas envahit l’organisation
d’Al Afaf à Tulkarem
Des
éléments de la sécurité préventive qui appartiennent au
président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, ont envahi,
hier après midi, mardi 26/08/08, les locaux de l’organisation de
bienfaisance « Al Afaf » dans la ville de Tulkarem,
ainsi que le club des étudiants dans le village de Dir Al Ghoussoun,
en lançant une opération de perquisition musclée avant de
convoquer les membres de la direction de ces organisations pour
se présenter au siège de la sécurité préventive à Tulkarem.
Des
sources locales et des témoins oculaires ont dit qu’un groupe
d’éléments de la sécurité préventive ont envahi le siège de
l’organisation « Al Afaf », au milieu de la ville de
Tulkarem en le fermant après avoir confisqué son contenu.
A
Dir Al Ghoussoun, trois jeeps de la sécurité préventive ont envahi
le village et ont attaqué le siège du club des étudiants en
demandant aux membres de la direction à se présenter au siège de
la sécurité préventive.
[
commentaires : les miliciens et les harkis, après, par
où on les pends ? Tiens, une idée pour l’été prochain : pourquoi
ne pas faire un festival harkis/sécurité préventive, ils seraient
sûrement enchantés ! Chemise noire de rigueur. Concours du Darnand
d’honneur, ou donneur si vous préférez]
Ramallah
– CPI - 27/08/2008 - 09:30
____
63806
Les
services « sécuritaires » d’Abbas enlèvent 6 partisans
du Hamas en Cisjordanie
Les
services sécuritaires du président de l’autorité palestinienne,
Mahmoud Abbas, continuent leur compagnes hostiles contre le Hamas
dans différentes ville de la Cisjordanie, où 6 de ses partisans ont
été enlevés le mardi 26/08/08.
« Six
partisans connus du Hamas ont été enlevés dans la ville de
Naplouse », ont affirmé des sources bien informées.
« Une
maison de deux frères des brigades d’Al Qassam qui sont incarcérés
actuellement dans les prisons d’Abbas, depuis plus de 10 mois, a été
fouillée et saccagée par ces éléments sécuritaires », ont
ajoutés ces sources.
Les
sécuritaires de l’autorité palestinienne ont lancé un assaut
sauvage contre l’association d’Al Afaf dans la ville de Toulkarem et
le siège des informateurs, en causant beaucoup de pertes et de
dégâts, après qu’ils se sont emparés de leurs contenus,
après avoir interpellé plusieurs personnalités appartenant aux
deux institutions.
Ramallah CPI - 27/08/2008 - 16:26
____
63807
Deux
militants de Génération Palestine blessés alors qu’ils
participaient à une manifestation non-violente...
(Le site de
Génération Palestine, avec des photos :
http://www.generation-palestine.org/gp/index.php?option=com_frontpage&Itemid=1
)
Bonjour a tous,
A l’heure où nos dirigeants persistent à
soutenir la politique sioniste au nom de la « sécurité de ses
citoyens », voici en quelques mots notre témoignage sur la
situation dramatique que subit le village de Ni’lin, et ce depuis
près de trois mois. En Juin dernier, une énième décision injuste
et illégale du gouvernement sioniste s’abattait sur le village de
Ni’lin.
Nilin est un village de Cisjordanie à quelques
kilomètres au nord ouest de Ramallah dont la seule source de
subsistance pour les plus de 5000 habitants reste l’agriculture.
Cependant, aux dires de l’armée sioniste, ce village a le tort de
se trouver au centre d’un vaste réseau de colonies (la plupart
récemment construites) faisant de sa position un endroit stratégique
à quelques kilomètres du centre de la Cisjordanie. Fidèle à sa
politique du fait accompli territorial, l’armée sioniste a mis en
place un vaste plan visant à assurer une continuité territoriale et
routière entre les différentes colonies de la région en projetant
de construire routes de contournement, tunnels, bases et tours de
garde de l’armée israélienne sur les terres appartenant au
village. Enfin, le nouveau tracé du Mur de l’apartheid achèvera
définitivement la vie économique et sociale de ce village déjà si
précaire.
Selon les rapports diffusés par les acteurs
locaux palestiniens et notamment à Nilin, le taux de chômage dans
le village atteindra les 90 pour cent de la population une fois les
différentes installations finalisées.
Face à cette situation, les villageois de Ni’lin
ont décidé de s’organiser et d’agir. Un comité de résistance
contre le Mur s’est mis en place, multipliant les liens avec les
autres villages décimés par le Mur de l’apartheid ainsi qu’avec
les mouvements de solidarité locaux et internationaux. En effet la
lutte encore jeune de Ni’lin s’inscrit dans la continuité des
modes d’action non violents débutés à Bil’in en 2004 et repris
un peu partout en Cisjordanie de Nezlet Issa à Tulkarem en passant
par Ma’sara à Betlehem.
Cependant il est important de noter que les enjeux
présents à Ni’lin en font un combat stratégique qui marquera un
tournant dans l’histoire de la résistance contre le mur et qui
nécessitent de fait une solidarité active.
Si les sionistes parviennent à faire aboutir leur
plan, c’est l’un des plus gros blocs de colonies de Cisjordanie (en
plein centre) qui se verra constitué. Un grand pas de plus sera
franchi par le régime sioniste dans sa stratégie de partition
territoriale et quasi irréversible de la Cisjordanie anéantissant
les espoirs de liberté, de justice et donc de paix. Ni’lin est
aujourd’hui assiégée avec au sud les colonies de Hashmona Him,
Shilat, Lapid, Kfar Rut, Menora, Mattiyahu Modin Illit formant un
bloc de plusieurs milliers de kilomètres carrés ; au nord les
colonies de Nili et Nahaleh et enfin le Mur à l’est et à l’ouest.
A terme les blocs de villages palestiniens comprenant Nilin, Budrus,
Qybia et Al Midia se trouveront en position de « trou dans le
gruyère » déconnectés physiquement et territorialement de
leurs terres agricoles ainsi que du reste de la Cisjordanie.
C est ainsi qu’en Juillet dernier, lorsqu’arrive
la première équipe de Génération Palestine chargée d’organiser
le camp d’été, nous apprenons que le village de Nilin se trouve
sous couvre-feu complet depuis plusieurs jours et qu’une bataille
aux enjeux importants est en train de s’ y jouer. Le poids
stratégique du lieu pour le régime sioniste n’aura d’égal que
la violence de l’ armée à l’égard des villageois et des
internationaux solidaires. Nous apprenons également que la
population s’est entièrement mobilisée, que différentes
initiatives sont en cours et qu’ils ont besoin de notre solidarité.
Nous projetons donc de nous rendre à la manifestation non violente
qui aura lieu le 25 Juillet.
Nous retrouvons l’ensemble des groupes ce matin
là à 10 heures à la Mairie de Nilin. Nous sommes chaleureusement
accueillis par le comité contre le mur qui nous expose la situation
et les enjeux en cours. D’autres internationaux sont là ainsi que
les anarchistes israéliens contre le Mur. Très rapidement nos amis
et frères palestiniens nous mettent en garde concernant l’usage
excessif de la violence de la part des soldats dont la plupart sont
membres de la police des frontières, les fameux « Magav »
tristement connus pour leur usage répété de la violence à l’égard
de tous les civils sans distinction. Rappelons juste que cette
fameuse unité a pour habitude d’être mise à l’honneur dans de
grands salles parisiennes à l’initiative d’organisations
françaises pro-sionistes. [Rappelons encore que le célèbre
Klarsfeld a servi dans cette unité avec un « bonheur
fusionnel » - NdT]
La manifestation s’organise et nous voilà
partis en direction du Mur. Nous commençons à entendre les bruits
des bulldozers arrachant les oliviers à leur terre et leurs terres
aux paysans. Le terrain est difficilement praticable : une
colline en pente, des cailloux et des oliviers nous empêchant de
voir où se trouvent les soldats. Pour couronner le tout, une colonie
nous fait face à quelques centaines de mètres. La manifestation est
non violente. les seules armes utilisées sont les slogans ayant pour
contenu les mots de droit et justice. Nous ne sommes même pas
arrivés à proximité du mur que les explosions commencent. Une
pluie de grenades à sons et bombes lacrymogènes s’abat sur nous.
le gaz israélien a ceci de particulier qu’il vous bloque les
poumons rendant la respiration impossible. Ailleurs en Cisjordanie,
notamment dans le zones urbaines, les personnes les plus fragiles
sont souvent décédées après leur inhalation.. La manifestation se
disloque. Puis arrivent les balles en caoutchouc-plomb. Nous arrivons
quelques-uns à nous frayer un chemin entre les projectiles et les
oliviers et nous retrouvons face aux soldats. Ceux-ci rigolent, ils
s’amusent à voir des êtres humains paniqués, ne pouvant plus
respirer par une chaleur terrible. Les soldats nous aperçoivent et
nous visent. Nous tentons de nous échapper. Les grenades
lacrymogènes sont maintenant envoyées dans notre direction en tir
tendu. Nous devons notre salut à nos chers oliviers ayant souvent
bloqué la trajectoire des balles et grenades. Nous retrouvons le
reste du groupe. Après avoir repris notre souffle nous tentons
d’apercevoir les soldats qui se sont approchés. Nous sommes à
plusieurs centaines de mètres et ne représentons aucun danger pour
les soldats. Ceux-ci nous observent, plaisantent entre eux. Un membre
du projet se trouve près de moi. Son seul « tort » est
de tenir une caméra. Il est heurté de plein fouet par une balle
caoutchouc plomb. Une belle blessure au menton et plein de sang..
deux centimètres plus haut et il fallait l’emmener chez le
prothésiste dentaire. 10 centimètres et c’était la morgue. Nous
repartons. De retour au village nous essayons d’analyser les
raisons de cette violence sauvage.
Première hypothèse : Les sionistes
craignent que l’épisode Bil’in ne se propage partout en
Cisjordanie et tentent donc de briser les initiatives naissantes par
une extrême violence. Nous pensons donc qu’il est important
d’assurer la présence d’un maximum d’internationaux durant les
manifestations non violentes au moins pendant la période
transitoire. Nous envisageons donc de revenir en août avec le
deuxième groupe.
Quelques jours plus tard, nous apprenons le décès
du jeune Ahmad Moussa, tué d’une balle réelle en pleine tète
pendant une manifestation non violente des villageois. Tiré à moins
de dix mètres, le projectile lui traversera la tête. Nous décidons
avec une dizaine de personnes de nous rendre à l’enterrement. Nous
revoilà sur la route de Nilin. A l’entrée du village une dizaine
de blindés sionistes ainsi que des soldats postés sur les collines
nous attendent. Nous retrouvons les habitants du village. Tout le
monde attend le retour du corps qui vient de quitter Ramallah.
L’atmosphère est très lourde. L’accueil du martyr s’organise
à l’entrée du village sous les yeux indifférents des soldats.
Certains baillent, d’autres rient, l’un d’entre eux nous fait
un bras d honneur (Cf vidéo sur blog 3TA). Puis le convoi arrive.
Nous partons à leur rencontre. Le cortège funéraire pénètre dans
le village. La tristesse et la rage se font sentir. Un enfant de
l’âge du martyr jette une bouteille vide en direction d’un
soldat. La « riposte » ne se fait pas attendre : 9
grosses grenades lacrymo sont tirées dans le cortège. les gens
suffoquent, courent, ambiance panique générale. Nous voilà loin
des soldats. le cortège reprend son cours. Ahmad Moussa allait avoir
onze ans. Il n a jamais jeté de pierres ni tiré de roquettes sur
Sderot.. Le soir même, nous apprenons le décès d’un autre jeune
de 19 ans, mort des suites de ses blessures (balles en
caoutchouc-plomb tirées en pleine tête ).
Lundi 11 Août, à l’initiative du Comité
contre le Mur et de Génération Palestine, une nouvelle
manifestation est organisée. Grâce à notre expérience passée,
nous arrivons à mieux nous organiser. Comme la première fois, les
explosions commencent avant même notre arrivée sur la tranchée
annonçant la prochaine construction du Mur. Nous continuons à
avancer et nous voila enfin sur cette fameuse route face à face avec
les soldats. Keffiehs, drapeaux sont brandis devant eux. Nous sommes
environ une vingtaine.. Les gaz s’abattent sur le groupe à l’arrière
qui se voit obligé de reculer. Un Magav tire en l’air et à terre
à balles réelles à quelques mètres de nos jambes. Nous reculons
de manière nonchalante et revenons. Leur cirque se poursuit. Ils
nous visent et tirent. Grenades à son, lacrymogènes et balles en
caoutchouc s’abattent sur nous. Nous nous écartons pour finir par
revenir. Les soldats comprennent que nous ne bougerons pas... leurs
renforts arrivent de la colline. Nous avons le tort de ne pas leur
prêter une trop grande attention. Les tirs de grenades commencent à
se faire en tir tendu dans notre direction frôlant nos têtes. Les
soldats visent particulièrement ceux qui portent le drapeau
palestiniens dont Noam, Hayt et moi. Une lacrymo brulante tirée en
tir tendu par un lance grenade me passe à 10 centimètres du crâne,
la deuxième me pète sur le bras. Etouffé par le gaz et allongé
par terre je ne peux qu’observer une personne également à terre
que plusieurs palestiniens peinent à soulever. Je mets plusieurs
secondes à reconnaitre Noam, le front ouvert et le visage couvert de
sang. Les ambulanciers le prennent en charge. Nous nous retrouverons
plus tard à l’hôpital.
Nous décidons de quitter les lieux : les
soldats ne s’arrêtent plus de tirer en notre direction. La
situation devient incontrôlable et beaucoup trop dangereuse. Malgré
tout nous nous en sortons plutôt bien. Le résultat aurait pu être
bien pire.
A ce jour 3 personnes ont été tuées à Nilin,
15 blessés à balles réelles, plus de 200 atteints par balles
caoutchouc-plomb et des centaines de blessés et traumatisés. Tout
cela en à peine 3 mois.
Contrairement à ce que l’on pensait, la
violence extrême à Ni’lin ne vise pas à tester la détermination
des habitants ou la durabilité de leur résistance. Cette violence
vise à la briser physiquement et ne faiblira pas. Les enjeux à
Ni’lin sont bien trop stratégiques pour le régime sioniste. Mais
le combat qui s y joue peut déterminer l’avenir de la lutte contre
l’apartheid, la confiscation des terres, la colonisation, pour le
droit et la justice.
Les habitants de Ni’lin comptent poursuivre leur
lutte et ont besoin de notre soutien à tous. Tachons d’être à la
hauteur..
Salam et et à bientôt
Yaz
[commentaires
: bravo, Yaz et ses copains. Allos, le mot « honneur » a
toujours un sens dans notre pays...]
CCIPPP mardi 26 août 2008
http://www.protection-palestine.org/spip.php?article6486
********************
