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Revalorisation des relations UE-Israël

Un cadeau d’anniversaire à l’Etat voyou

Par David Morrison

dimanche 3 août 2008

L’Union Européenne a une relation spéciale avec Israël depuis que les deux parties ont signé un accord de coopération économique en 1975.

Au cours des 30 années qui ont suivi cet accord, les relations entre les deux parties se sont développées à un tel point qu’aujourd’hui, aucun autre État n’a de relation plus étroite avec l’UE qu’Israël.

Le 16 Juin 2008, l’Union Européenne a décidé de faire un cadeau à Israël pour son 60ème anniversaire et a « revalorisé » ses relations avec Israël. Et cela a provoqué une vive opposition de la part de l’Autorité Palestinienne

Principales étapes dans l’histoire des relations UE-Israel :

1975 : Israël signe un accord de coopération économique avec la Communauté Européenne.

1981 : Ouverture officielle de la délégation de la Commission Européenne en Israël [1].

1995 : Israël signe la Déclaration de Barcelone, qui a créé le Partenariat Euro-Méditerranéen, un cadre de coopération politique, économique et sociale entre l’UE et les États de la région méditerranéenne.

1995 : Israël signe un accord d’association dans le cadre du Partenariat Euro-Méditerranéen, qui lui accordera un accès privilégié au marché de l’UE en 2000.

1996 : Israël devient le premier non État-membre de l’Union Européenne à prendre part au programme de recherche scientifique et technique de l’Union Européenne

2004 : Israël signe un accord avec l’UE, lui permettant de participer à Galileo, le projet de l’Union Européenne du Système de Positionnement par Satellite européen.

2004 : Israël devient un partenaire dans la Politique Européenne de Voisinage en acceptant un plan d’action avec l’UE portant sur l’activité dans les domaines politique, économique et social.

2008 : L’UE décide de "revaloriser" ses relations avec Israël.

Mépris de la Charte des Nations Unies

Depuis 1975, alors que les relations entre l’UE et Israël étaient florissantes, Israël a toujours violé les règles généralement admises de comportement international énoncés dans la Charte des Nations Unies. L’article 2,4 de la Charte des Nations Unies stipule que :

« Les Membres de l’Organisation s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout Etat, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies. » [2]

Tout au long de son existence en tant qu’Etat, Israël a traité avec mépris cet article de la Charte des Nations Unies et fait usage de la force régulièrement contre ses voisins.

En 1956, dans un complot avec le Royaume-Uni et la France, il a attaqué l’Égypte et les Etats-Unis ont forcé les conspirateurs à se retirer.

En 1967, il a attaqué l’Égypte, la Jordanie et la Syrie et a occupé de force la Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est) et à Gaza, et annexé Jérusalem-Est et le Golan syrien.

Il a construit des colonies juives dans le territoire conquis, contrairement à l’article 49 de la Quatrième Convention de Genève, qui interdit à une puissance occupante de transférer une partie de sa propre population civile dans le territoire qu’elle occupe. Il a fait un pied de nez au Conseil de sécurité qui lui demandait (dans les résolutions 446, 452 et 465) de cesser de construire des colonies et de démanteler celles qu’il avait construites.

De même, il a fait un pied de son nez au Conseil de Sécurité qui lui demandait de revenir sur son annexion de Jérusalem-Est (dans les résolutions 252, 267, 271, 298, 476 et 478) et du Golan (résolution 497).

Et il a fait un pied de nez à la décision de la Cour Internationale de Justice en Juillet 2004, qui demandait "de cesser immédiatement les travaux d’édification du mur qu’il est en train de construire dans le territoire palestinien occupé, y compris à l’intérieur et sur le pourtour de Jérusalem-Est, de démanteler immédiatement l’ouvrage situé dans ce territoire et d’abroger immédiatement ou de priver immédiatement d’effet l’ensemble des actes législatifs et réglementaires qui s’y rapportent".

Plus de 40 ans plus tard, son occupation par la force et la construction de colonies de peuplement se poursuivent. Jérusalem-Est et le Golan sont toujours annexés - et le Mur s’allonge tous les jours.

Liban

En 1978, et de nouveau en 1982, il a attaqué le Liban et en a occupé par la force une partie de 1982 à 2000. Depuis 20 ans, il a ignoré la demande du Conseil de Sécurité (résolution 425) qui l’invitait "à cesser immédiatement son action militaire contre l’intégrité territoriale du Liban et de retirer sans délai ses forces de tout le territoire libanais". Il a finalement retiré ses forces terrestres du Liban (à l’exception des fermes de Chebaa), en raison de la pression militaire du Hezbollah.

Il a attaqué le Liban en Juillet 2006, et s’est retiré un mois plus tard, toujours en raison de la pression militaire du Hezbollah. L’aviation israélienne a depuis régulièrement violé la souveraineté libanaise, contrairement à la Charte des Nations Unies et aux diverses résolutions du Conseil de Sécurité.

Etat voyou

Aujourd’hui, Israël a violé plus de 30 résolutions du Conseil de Sécurité qui lui demandent d’agir et à lui seulement [3]. Si un ou plusieurs autres États du monde s’étaient rendus coupables de tels refus d’obéir à la volonté de la « communauté internationale », ils auraient fait l’objet de menaces continuelles de sanctions économiques et/ou de sanctions militaires de la part de l’Union Européenne. Au lieu de cela, il est courtisé par l’Union Européenne.

L’utilisation de la force et la menace de recourir à la force par Israël, contrairement à l’article 2,4 de la Charte des Nations Unies, continuent sans répit. Le 6 Septembre 2007, l’aviation israélienne a pénétré dans l’espace aérien syrien et a bombardé un bâtiment abritant, soi-disant, une installation nucléaire. Il ne se passe pas un jour sans qu’il menace d’attaquer l’Iran, contrairement à l’article 2,4 de la Charte.

Aucun État au monde ne mérite mieux qu’Israël le qualificatif d’Etat« voyou ». Pourtant, l’Union Européenne a des relations étroites avec lui et cherche même à renforcer ses relations.

Déclaration de Barcelone

Le développement le plus important dans les relations de l’UE avec Israël a eu lieu à Barcelone en Novembre 1995, date à laquelle il a signé la Déclaration de Barcelone [4]. Cela a créé le Partenariat Euro-Méditerranéen [5], qui englobe 15 États membres de l’UE et 11 Etats de la région méditerranéenne (Algérie, Chypre, l’Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, Malte, le Maroc, la Syrie, la Tunisie et la Turquie) et l’Autorité Palestinienne.

Dans le même temps, Israël a signé un accord d’association [6] dans le cadre du Partenariat, l’accord Euro-Med, lui donnant un accès privilégié au marché européen. Aujourd’hui, environ 33% des exportations d’Israël se font vers l’UE et 37% de ses importations viennent de l’UE (s’élevant respectivement en 2006 à 9,8 milliards d’Euros à 13,8 milliards d’Euros).

La Déclaration de Barcelone établi ce qu’elle décrit comme "un partenariat global entre les participants ». En outre, les participants se sont engagés à se comporter selon les normes internationales, tant sur le plan international que national.

Par exemple, les participants se sont engagés à :

• "Agir en conformité avec la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l’homme, ainsi qu’aux autres obligations résultant du droit international, en particulier celles qui découlent des instruments régionaux et multilatéraux ;…

• "S’abstenir, en conformité avec les règles du droit international, de toute intervention directe ou indirecte dans les affaires intérieures d’un autre partenaire ;

• "Respecter l’intégrité territoriale et l’unité de chacun des autres partenaires ;

• "Régler leurs différends par des moyens pacifiques, demander à tous les participants de renoncer à la menace ou à l’usage de la force contre l’intégrité territoriale d’un autre participant, y compris l’acquisition de territoire par la force, et réaffirmer le droit d’exercer pleinement la souveraineté par des moyens légitimes, conformément à la Charte des Nations Unies et du droit international ; "[4]

Mais dès début novembre 1995, il est évident que l’UE a fait d’Israël une exception lorsqu’il s’est agi de respecter ces principes généralement admis du droit international, sinon il n’aurait jamais permis d’être un participant de premier plan au Partenariat Euro-Méditerranéen.

En 1995, date à laquelle Israël a signé la Déclaration de Barcelone et s’est engagé à respecter ces principes, il enfreignait ces quatre principes avec le Liban et la Syrie, deux de ses collègues participants au Partenariat, en occupant par la force les territoires leur appartenant.

En 1995, il occupait par la force la Cisjordanie et Gaza, contrairement à l’article 2,4 de la Charte des Nations Unies. Il a implanté des colons juifs en Cisjordanie et à Gaza, contrairement à l’article 49 de la Quatrième Convention de Genève. Et il violait 25 résolutions du Conseil de Sécurité lui demandant d’air et lui seul, contrairement à ses obligations en vertu du droit international" et à l’article 25 de la Charte des Nations Unies, qui prévoit que les États membres de l’ONU respectent les décisions du Conseil de Sécurité

Pourtant, l’UE l’a accueilli salué dans le partenariat, malgré son évident mépris pour les principes consacrés dans la Déclaration établissant le Partenariat.

Pas grand-chose a changé dans l’intervalle - Israël occupe toujours par la force des territoires libanais et syrien, la Cisjordanie et Gaza (et survole régulièrement le territoire libanais). Aujourd’hui, il viole encore plus de résolutions du Conseil de Sécurité lui demandant d’agir et à lui seul (actuellement plus de 30). Et le bombardement d’un bâtiment en Syrie abritant soi-disant une installation nucléaire n’est de toute évidence pas compatible avec le principe de règlement des différends avec les autres participants par des moyens pacifiques.

On pourrait penser que ce mépris continuel des principes consacrés dans la Déclaration établissant le partenariat aurait pu mener l’Union Européenne à s’interroger sur la pertinence d’avoir Israël comme un partenaire. Mais, au contraire, l’Union Européenne veut renforcer ses relations avec Israël.

Un Moyen-Orient sans armes de destruction massive

Dans la Déclaration de Barcelone, Israël a également signé le texte suivant :

« Les parties s’emploieront à faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes de destruction massive, nucléaires, chimiques et biologiques et de leurs vecteurs, qui soit mutuellement et effectivement contrôlable. »

“En outre, les parties envisageront des mesures pratiques afin de prévenir la prolifération d’armes nucléaires, chimiques et biologiques, ainsi qu’une accumulation excessive d’armes conventionnelles.” [4]

Israël est le seul État du Moyen-Orient à posséder des armes nucléaires (et probablement le seul à posséder des armes chimiques et biologiques). Ainsi, son désarmement de ces armes est une condition nécessaire (et sans doute suffisante) pour faire du "Moyen-Orient une zone exempte d’armes de destruction massive ». Inutile de dire, par conséquent, que les progrès à faire sur le sujet ont été remarquablement absents depuis qu’Israël a signé cet objectif à "poursuivre" en 1995.

Aucun progrès n’a été réalisé concernant la demande de la résolution 487 du Conseil de sécurité adoptée le 19 Juin 1981, qu’« Israël place d’urgence ses installations nucléaires sous les garanties de l’AIEA [l’Agence Internationale de l’énergie atomique]".
27 ans plus tard, Israël n’a toujours pas placé ses installations nucléaires sous les garanties de l’AIEA, n’a fait l’objet d’aucune pression notable de l’UE pour qu’il s’y conforme, sans parler de se désarmer afin de faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes nucléaires que les parties de la Déclaration de Barcelone sont censées "poursuivre".

En revanche, les installations nucléaires de l’Iran, y compris ses installations d’enrichissement d’uranium, sont sous le contrôle de l’AIEA. Il est intéressant de noter qu’après d’importantes inspections en Iran, l’AIEA n’a trouvé aucune preuve d’un programme, actuel ou passé, d’armement nucléaire de l’Iran.

Par contre, Israël possède des armes nucléaires et les moyens d’en tirer depuis environ 40 ans. On estime qu’Israël possède aujourd’hui environ 200 ogives nucléaires et divers systèmes de lancement, y compris par des systièmes de lancement de missiles depuis un sous-marin.

Il est capable de rayer de la carte l’Iran, et chaque Etat arabe, en appuyant simplement sur un bouton. Étrange que l’UE fasse activement pression sur l’Iran au sujet de ses activités nucléaires, mais pas sur Israël.

Accord Euro-Med

Israël n’a pas du tout rempli les obligations qu’il a signé dans la Déclaration de Barcelone. L’Accord Euro-Med avec l’UE dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen contient également des obligations en matière des droits de l’homme. L’article 2 de l’accord déclare :
"Les relations entre les parties, ainsi que toutes les dispositions de l’Accord lui-même, sont fondées sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques, qui guide leurs politiques internes et internationales et constitue un élément essentiel du présent accord." [6]

Cela indique clairement que le respect des droits de l’homme par Israël est un "élément essentiel" de l’accord – et non un élément facultatif, ni un élément souhaitable, mais un élément essentiel

Il n’y a pas le moindre doute qu’Israël a toujours failli à ces obligations, l’exemple le plus récent étant son étranglement économique de la population de Gaza en Août 2007.

A ce sujet, John Holmes, Secrétaire général adjoint aux Affaires Humanitaires et Coordinateur des Secours d’Urgence, a déclaré au Conseil de sécurité le 26 Février 2008 :

"La décision d’Israël d’isoler la population de Gaza ne devait pas être tolérée, en raison des obligations qui incombent à Israël à l’égard de la population civile. Cette attitude s’apparente à une punition collective et est contraire au droit international humanitaire. "[7]

Les châtiments collectifs sont contraires à l’article 33 de la Quatrième Convention de Genève, qui stipule :
“Aucune personne protégée ne peut être punie pour une infraction qu’elle n’a pas commise personnellement. Les peines collectives, de même que toute mesure d’intimidation ou de terrorisme, sont interdites.” [8]

L’UE elle-même a qualifié l’asphyxie économique de Gaza de « punition collective », comme l’a dit le Commissaire aux Relations Extérieures, Benita Ferrero-Waldner, le 21 Janvier 2008 :

« Je suis contre cette punition collective de la population de Gaza. J’invite instamment les autorités israéliennes à reprendre les livraisons de carburant et à ouvrir les points de passage pour permettre l’acheminement des fournitures humanitaires et commerciales. "[9]

Le ministre irlandais des Affaires Etrangères, Dermot Ahern, était d’accord, en disant au Dail Eireann le 11 Mars 2008 :
"Je reste profondément préoccupé par l’aggravation de la situation humanitaire à Gaza. Il est inacceptable qu’Israël isole la population de Gaza et lui supprime les produits de base afin de faire pression sur eux pour qu’ils rejettent le Hamas. Je suis d’accord avec l’Organisation des Nations Unies que cela constitue une punition collective et est illégale au regard du droit humanitaire international." [10]

Ainsi, l’ONU, l’UE et l’Irlande ont la ferme opinion que, par son étranglement économique de Gaza, Israël a violé le droit international humanitaire. Et ce n’est pas comme si cet étranglement économique de Gaza était un écart temporaire dans un parcours sans faute de respect envers les droits de l’homme.

Au contraire, la punition collective de la population de Gaza est la politique reconnue que le Gouvernement israélien a mise en oeuvre, dans une plus ou moindre mesure, depuis des années.
Quand Israël a limité les livraisons commerciales de produits alimentaires dans la bande de Gaza en 2006, un haut conseiller du gouvernement, Dov Weisglass, a prononcé sa phrase désormais célèbre : « L’idée est de mettre les Palestiniens à la diète mais pas de les faire mourir de faim » [11].

Il n’y a pas le moindre doute que, par son étranglement économique de Gaza en août 2007, Israël a manqué à ses obligations en matière de droits de l’homme en vertu de l’article 2 de l’accord d’association, obligations qui sont indiquées comme étant un "élément essentiel" de l’accord.
Si l’article 2 était pris au sérieux, l’accord devrait être suspendu. Il est clair, encore une fois, que l’UE a fait une exception pour Israël.

Accords de Coopération Scientifique et Technique

En août 1996, Israël est devenu le premier État ne faisant pas partie de l’Union Européenne à prendre part aux programmes de recherche scientifique et technique de l’UE.

Depuis lors, des chercheurs, les universités et les entreprises israéliens ont eu le même accès que leurs homologues européens à des fonds de recherche de l’UE, en échange d’une contribution au financement par Israël [12].

En vertu du quatrième accord, signé en Juillet 2007, Israël devra contribuer à hauteur de 440 millions d’euros au budget de 50 milliards d’euros de l’actuel programme de l’UE (7eme programme-cadre), qui s’étend de 2007 à 2013. Les représentants d’Israël auront également la possibilité de participer en qualité d’observateurs aux comités d’exécution et organismes du programme.

Politique de Voisinage de l’Union Européenne

Une autre actualisation des relations de l’UE avec Israël a eu lieu en 2004, quand Israël est devenu un "partenaire" dans la Politique Européenne de Voisinage (PEV) [13]. Elle englobe aussi bien les pays voisins du sud de l’UE qui étaient déjà dans le partenariat euro-méditerranéen que ses voisins d’Europe orientale.

L’UE donne de l’argent pour les projets dans le cadre du PEV, un total de 5,6 milliards d’euros sera ainsi attribué pour la période 2007-2010. Toutefois, en raison du développement économique relativement avancé d’Israël, une très petite partie de cette somme - 9 millions d’Euros – lui est spécifiquement attribué (voir Instrument Européen de Voisinage et de Partenariat [14]). Il est clair que les raisons de la participation d’Israël à la PEV sont plus d’ordre politique qu’économique.

Les relations de l’UE avec d’autres États dans le cadre du PEV sont censées être adaptées au respect des droits de l’homme et d’autres obligations. Comme le dit le site de la PEV :

"L’UE propose à nos voisins une relation privilégiée, basée sur un engagement mutuel en faveur de valeurs communes (démocratie et droits de l’homme, la règle de droit, la bonne gouvernance, les principes d’économie de marché et le développement durable). La PEV va au-delà des relations existantes pour offrir une relation politique et une intégration économique plus poussées. Le niveau d’ambition des relations dépendra de la manière dont ces valeurs sont partagées.” [13]

Néanmoins, Israël a été l’un des 7 États avec lesquels des plans d’action "ont été adoptés en Décembre 2004 - les autres sont l’Ukraine, la Moldavie, le Maroc, la Jordanie, la Tunisie et l’Autorité Palestinienne [15].
Depuis lors, l’Arménie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie en Europe de l’Est et l’Égypte et le Liban dans la région méditerranéenne ont été ajoutés à la liste.

Le « plan d’action » pour Israël [16] était basé sur un rapport de la Commission Européenne sur Israël [17] datant de Mai 2004. On aurait pu s’attendre à ce qu’il ait examiné de près le dossier des droits de l’homme d’Israel afin de déterminer si Israël était apte à une relation dans le cadre du PEV.
Et cela a été fait dans une certaine mesure : dans un document de 24 pages, il y a quelques paragraphes qui commentent (a) la discrimination à l’égard des Arabes israéliens et (b) l’action d’Israël dans les territoires occupés.

Sur la discrimination à l’égard des Arabes, le document dit :

“La minorité arabe (musulmans, chrétiens et Druzes) représente près de 20 % de la population israélienne. Bien que la Déclaration d’indépendance proclame l’égalité des citoyens, la législation israélienne contient des dispositions favorables à la majorité
juive…
Comme la Commission israélienne le soulignait dans un rapport publié en 2003 (“Commission Or”), la minorité arabe est victime de discriminations dans de nombreux domaines, notamment pour ce qui est des dotations budgétaires, de la planification au
niveau de l’État, de l’emploi, de l’éducation et de la santé….
Cette minorité est gravement touchée par la loi qui régit, depuis 2003, les conditions de nationalité et de séjour en Israël : la possibilité de regroupement familial a été suspendue pour une période d’un an renouvelable, à l’exception d’un nombre limité de dérogations. »

"Environ 100000 Arabes (Bédouins), surtout dans le Néguev, vivent dans des villages considérés comme illégaux par l’Etat. … "(P 10)

“D’après la définition de la pauvreté en Israël, près de 14 % des foyers étaient touchés en 2001 et la situation s’est probablement aggravée au cours des années suivantes. Cette proportion est plus élevée au sein de la minorité arabe, où 45 % des familles sont touchées par la pauvreté.).” (p 17)

Et ce n’est pas comme si Israël avait pris des mesures pour éliminer, ou même diminuer cette discrimination depuis 2004.
Le dernier rapport d’activité de la Commission sur la mise en œuvre de la PEV en Israël, publié en avril 2008, dit :

"La promotion et la protection de la minorité arabe d’Israël n’a pas avancé de manière significative au cours de la période considérée, en particulier dans des domaines tels que la répartition des terres, du logement, de l’urbanisme, du développement économique, de l’investissement dans les infrastructures sociales et juridiques. Un certain nombre d’initiatives ont été lancées dans le domaine de la justice et de l’éducation mais les résultats on été limités.
Le système éducatif arabe a continué à être à la traîne du système éducatif juif. Une stratégie claire pour la répartition des terres aux Arabes israéliens reste encore à être adoptée.
En Mars 2007, le Comité des Nations Unies pour l’Elimination de la Discrimination Raciale (CERD) a publié un rapport sur la situation de la minorité arabe israélienne et a demandé au gouvernement israélien de prendre des mesures importantes pour promouvoir les droits des minorités dans les domaines mentionnés ci-dessus. "[18]

Sur les actions d’Israël dans les territoires occupés, le rapport de la Commission de Mai 2004 déclare :
“…En août 2003, le Haut-commissariat a une nouvelle fois fait part de ses préoccupations devant la recrudescence des violations des droits de l’homme dans ces territoires, notamment dans le cadre d’opérations militaires, des cas d’obstruction à la libre circulation et des démolitions d’habitations. L’Union européenne reconnaît les droits d’Israël de protéger ses citoyens contre des attaques terroristes. Néanmoins, elle a demandé au Gouvernement d’Israël de faire un effort maximum, pour éviter des pertes civiles ainsi que de ne pas prendre de mesures punitives qui ne sont pas en accord avec la loi internationale ce qui inclue les assassinats extrajudiciaires et la destruction d’habitation qui pourraient aggraver la situation critique humanitaire et économique des Palestiniens..” (p 8)

Il est difficile de croire que ces quelques phrases constituent la pleine mesure de ce que l’UE a à dire sur la misère qu’Israël a infligé aux Palestiniens en 40 ans d’occupation. Même ainsi, on aurait pu penser que les preuves présentées dans ces quelques phrases étaient suffisantes pour rendre inapte Israël aux yeux de l’UE pour une relation de PEV.

Ou alors, « les exécutions extrajudiciaires et la destruction de maisons" sont-elles également devenues des "valeurs européennes" ?

Les choses ont-elles progressées depuis 2004 ? Le rapport d’activité de la Commission d’avril 2008 dit :

"Les questions soulevées dans le cadre du dialogue politique comprenait notamment : le processus de paix, la situation au Moyen-Orient, la situation de la minorité arabe en Israël, les restrictions à la libre circulation en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, la construction de la barrière de séparation, les détentions administratives, le démantèlement des avant-postes, l’élargissement envisagé de certaines colonies israéliennes à Jérusalem-Est, l’augmentation des checkpoints. Peu de progrès concrets ont toutefois été réalisés sur les questions en tant que telles.
En 2007, le nombre de victimes résultant d’incidents liés au conflit s’élève à 377 Palestiniens (contre 643 en 2006) et 13 Israéliens (contre 27 en 2006). "[18]

Cadeau de 60ème anniversaire

En dépit de l’échec catastrophique d’Israel à se conformer à ses obligations en vertu des accords, ses relations avec l’UE sont maintenant "revalorisées".

Cela a été fait malgré l’opposition du "Premier ministre" palestinien, Salam Fayyad, qui, dans une lettre adressée aux dirigeants européens le 27 Mai 2008, a écrit :
"Je vous écris pour exprimer mes profondes réserves concernant une telle revalorisation alors qu’Israël continue de violer systématiquement les droits de l’homme des Palestiniens et de se moquer de ses obligations internationales, y compris certains de ses engagements envers l’UE." [19]

La décision de "revalorisation" a été prise lors de la 8e réunion du Conseil d’association UE-Israël le 16 Juin 2008. Cela a été fait à la demande d’Israël, comme l’explique le ministère israélien des Affaires Etrangères :

"Il y a plus d’un an, le ministre des Affaires Etrangères Livni a assisté à une réunion du Conseil d’association et a initié le processus de revalorisation des relations entre Israël et l’UE en reconnaissance des 60 ans d’Israël à venir." [20]
Pourquoi cette décision a-t’elle été prise ? Une déclaration de l’UE sur les résultats de la réunion du Conseil dit :

"Notre objectif commun de revaloriser les relations découle de notre prise de conscience des liens traditionnels, des valeurs humaines et culturelles, et des intérêts économiques et sécuritaires que nous partageons. Israël est un partenaire-clé de l’UE en Méditerranée. Il a contribué au Partenariat Euro-Méditerranéen depuis son origine en 1995. En tant qu’économie de marché dynamique, avec une administration publique bien développée et une autorité de la loi qui fonctionne, Israël possède également les structures institutionnelles nécessaires qui permettent de travailler en coopération de façon encore plus étroite et intensive avec l’Union Européenne. "[21]

Aucune mention à « la promotion et à la protection de la minorité arabe d’Israël qui n’a pas avancé de manière significative" entre 2006 et 2008 "en particulier dans des domaines tels que la répartition des terres, du logement, de l’urbanisme, du développement économique, de l’investissement dans les infrastructures sociales et juridiques".

Aucune mention sur le fait qu’il y a "eu peu de progrès concrets" sur "la situation de la minorité arabe en Israël, les restrictions à la libre circulation en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, la construction de la barrière de séparation, les détentions administratives, le démantèlement des avant-postes, l’expansion envisagée de certaines colonies israéliennes à Jérusalem-Est, et les checkpoints supplémentaires".

Trois éléments

A quoi correspond la "revalorisation" ? Le ministère israélien des Affaires étrangères dit que cela concerne trois éléments :

Niveau diplomatique : Institutionnalisation du dialogue diplomatique entre les dirigeants israéliens et européens, par des réunions annuelles régulières à un haut niveau. En outre, il y aura une augmentation des réunions entre les ministres du gouvernement, des hauts fonctionnaires et les parlementaires israéliens et européens.

Agences et programmes européens : Israël se joindra aux agences, aux programmes et aux groupes de travail européens : Cela signifie rapprocher l’économie et la société israéliennes des normes européennes, et renforcer la compétitivité des entreprises israéliennes sur le marché européen, principalement dans le domaine de la haute technologie, avec la signature d’un accord sur l’aviation qui fera baisser les prix des vols des deux côtés.

Intégration d’Israël au sein du marché unique européen : un groupe de travail commun examinera les domaines dans lesquels Israël pourra intégrer le marché européen. Cela préparera le terrain à de nouvelles réévaluation des relations dans le futur.

Ces questions ont peu de signification économique pour Israël, mais il a obtenu une victoire politique considérable. Le plus grand Etat « voyou » au monde, qui a puni collectivement la population de Gaza au cours de l’année écoulée et a tué plus de 500 d’entre eux pendant cette période [22], a reçu un cadeau pour son 60ème anniversaire de l’Union Européenne, alors qu’objectivement son comportement mériterait des sanctions économique et/ou militaires pour l’obliger à se comporter selon les principes généralement reconnus du droit international.

Le Ministère israélien des Affaires Etrangères a été bien entendu très heureux des relations d’Israël avec l’UE :

"Les relations d’Israël avec l’Europe et avec l’Union Européenne se sont améliorées au cours des dernières années. Israël bénéficie d’une amélioration significative dans les relations diplomatiques avec la plupart des Etats européens, ainsi qu’avec les institutions de l’UE, ce qui est exprimé, entre autres, par les nombreuses visites en Israël des dirigeants européens.

"Au cours de la dernière année, un certain nombre d’accords importants ont été conclus, notamment : une revalorisation du dialogue diplomatico-stratégique entre Israël et l’UE, l’adhésion d’Israël au programme Recherche et Développement de l’UE et une libéralisation supplémentaire dans le domaine de l’agriculture.

Un accord-cadre a été signé pour qu’Israël entre dans les programmes de l’UE et un accord sur l’aviation est prêt pour la signature.

En outre, un haut niveau de dialogue a été établi entre les entreprises israéliennes et européennes.

Les négociations sur la libéralisation des échanges dans le domaine des services financiers sont également sur le point de commencer."

Source : http://www.ipsc.ie/  Traduction : MG pour ISM