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La force d’une résistance active et organisée ainsi qu’une inébranlable et courageuse volonté populaire (ndlr)

La trêve à Gaza : une défaite israélienne

Par Michel Warschawski

lundi 23 juin 2008

L’accord de trêve conclu hier entre le gouvernement israélien et le Hamas est une double victoire pour le parti islamique palestinien.

Tout d’abord, il a réduit à néant la décision israélienne de ne pas traiter avec le Hamas : Ehud Olmert n’avait d’autre choix que de négocier, indirectement, avec une organisation avec laquelle il prétendait ne jamais parler. Ensuite, Israël a été obligé de cesser son agression meurtrière contre Gaza et sa population.

Contrairement à ce qu’écrivent la plupart des journaux israéliens ce matin, le récent cycle de violence n’avait pas commencé avec les roquettes Qassam sur Sderot, mais avec la décision israélo-étasunienne de placer Gaza sous siège, d’imposer un embargo international sur une population de plus d’un million cinq cent mille civils et d’envoyer des centaines de tonnes de bombes et d’obus sur ce petit territoire surpeuplé pour essayer de pousser la population de Gaza à se débarrasser du gouvernement qu’elle avait elle-même démocratiquement élu.

Comme quiconque qui n’est pas contaminé par l’arrogance coloniale l’a certainement compris, la violence militaire israélienne n’a fait que renforcer la popularité du gouvernement élu. On aurait pu s’attendre à ce qu’Olmert et ses généraux tirent quelque leçon du fiasco libanais de 2006 où, en réaction aux bombardements massifs israéliens et aux destructions dans Beyrouth, Tyr et Bint Jbeil, la plus grande partie du peuple libanais s’est rassemblée derrière le Hezbollah, y compris toutes ces femmes et tous ces hommes qui n’étaient certainement pas des sympathisants du Hezbollah. La fierté et la dignité sont des éléments qui rentrent dans le jeu politique, mais l’histoire a prouvé maintes fois que les gouvernements coloniaux n’étaient pas capables de les prendre en considération.

L’échec de la stratégie qui visait à imposer des changements par la force militaire ne représente pas seulement une défaite pour Israël, c’est un échec de plus pour l’ensemble de la stratégie néoconservatrice US de « guerre préventive permanente contre le terrorisme ». De l’Afghanistan au Liban, de l’Iraq à la Palestine, la stratégie US a échoué, comme cela a été confirmé par le rapport Baker-Hamilton. Et la plus grande partie de l’establishment dominant aux USA prie actuellement pour que, jusqu’à ce qu’il ait définitivement disparu de la scène politique d’ici quelques mois, le président Bush ne lance pas une dernière agression dans une tentative malheureuse pour inverser ce qui a échoué de façon si pathétique au cours de la dernière décennie, un échec qui a coûté la vie à des centaines de milliers de civils innocents, surtout au Moyen-Orient.

En 2006, Israël a été obligé de se retirer du Liban, laissant derrière lui un gouvernement pro-américain plus faible qu’avant. Aujourd’hui, en 2008, Israël signe une trêve avec le Hamas, qui conduit à un renforcement du pouvoir et de la popularité du Hamas en Cisjordanie aussi bien que dans la bande de Gaza.

Benjamin Netanyahu a raison quand il pointe l’échec de la stratégie de guerre d’Olmert/Bush. Mais l’alternative qu’il propose à l’échec du siège et des bombardements brutaux de Gaza, c’est encore plus de brutalité, un siège plus dur et des pressions internationales plus fortes sur la population palestinienne.

Ce qui ne marche pas avec la violence peut-il marcher avec plus de violence ? Très improbable ! La fierté et la dignité sont parfois plus fortes que la force militaire.

Michel Warschawski