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Les raids israéliens à Gaza et en Cisjordanie « sapent » le gouvernement d’urgence

Sources : al-Watan et L’Orient Le Jour

dimanche 1er juillet 2007

Les Palestiniens piégés entre les luttes internes et la machine de guerre de Tel-Aviv, alors que le parlement palestinien conteste la légitimité du gouvernement d’urgence.

Hier à la mi-journée, on décomptait 13 morts et plus de 50 blessés, tous tombés sous les balles et les éclats d’obus et de missiles israéliens, dans deux zones limitrophes de la ligne de démarcation qui sépare la bande de Ghaza et le territoire israélien. Dix morts dans la région de Chedjaiya, à l’est de la ville de Ghaza et trois autres dans la région de Khouzâa à l’est de la ville de Khan Younès au sud de la bande de Ghaza.

Parmi les morts figurent des militants de toutes les factions palestiniennes armées, en l’occurrence Saraya Al Qods, branche armée du Djihad islamique, les brigades des martyrs d’Al Aqsa, branche armée du Fatah et les brigades Ezzeddine Al Qassam, branche armée du Hamas, qui a joué un rôle essentiel au cours du coup de force, et 3 civils dont un enfant de 12 ans.

Dans les deux incursions effectuées de façon simultanée, l’armée israélienne a utilisé des chars, des bulldozers géants, des hélicoptères Apache, des drones (avions espions sans pilote) dotés de roquettes air-sol d’une très grande précision. Des dizaines d’hectares de terres agricoles ont été dévastés et une maison au moins a été complètement démolie. Plus de deux cents jeunes ont été arrêtés dans la région de Khouzâa et conduit dans un camp militaire proche où ils risquent de subir comme d’autres par le passé des interrogatoires musclés.

Un porte-parole militaire israélien a confirmé que l’armée « a mené des opérations mercredi matin dans la ville de Ghaza et à Khan Younès » et a précisé que « des Palestiniens ont tiré des roquettes antichars contre nos troupes intervenues pour faire face à des menaces terroristes ». Les Israéliens ont reconnu que deux de leurs soldats ont été légèrement blessés au cours des accrochages avec les résistants. Par ailleurs, un militant du Djihad islamique, blessé dans un raid aérien israélien dimanche à Ghaza, est décédé hier, selon des sources médicales palestiniennes.

Ce regain de violence, plutôt prévisible, survient deux jours après un sommet qui a réuni à Charm El Cheikh, en Egypte, le président palestinien, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, aux côtés du roi Abdallah II de Jordanie et du président égyptien, Hosni Moubarak. Ce sommet n’a pas vraiment renforcé le président Abbas dans son duel avec le mouvement islamiste Hamas, dont les responsables sentent aujourd’hui à quel point la situation de leur mouvement est difficile, suite à l’isolement mondial et arabe qui lui est imposé, et ce, malgré les appels du président Moubarak à une reprise des négociations avec le président Abbas et le mouvement Fatah.

Un porte-parole de la présidence palestinienne a dénoncé « une escalade sanglante » qui jette selon lui « un doute sur la volonté d’Israël d’appliquer ce qui a été convenu à Charm El Cheikh ». Par la voix de son porte-parole, Faouzi Barhoum, le mouvement islamiste Hamas a, pour sa part, crié au complot. « Cette incursion entre dans le cadre du complot fomenté avec l’aide d’Abbas pour faire pression sur le Hamas et le peuple de Ghaza », a-t-il dit. Au nom du Fatah, Djamal Nazzal a également condamné l’opération, accusant Israël de prétexter de la partition de Ghaza pour justifier son « agression à l’encontre de civils palestiniens ».

« Le nœud se resserre »

D’un autre côté sur le plan humanitaire, dans la bande de Ghaza isolée du monde extérieur, la situation est de plus en plus difficile. Toutes les parties concernées, dont Israël, se disent attachées au maintien de l’aide essentielle au million et demi de Palestiniens qui vivent sur l’étroite bande côtière, mais l’Etat juif refuse de rouvrir le terminal de Karni, principal point de passage, en invoquant des raisons de sécurité.

« Disons-le simplement : le nœud se resserre pour le moment », a déclaré Kirsty Campbell, coordinatrice du Programme alimentaire mondial (Pam) à Ghaza, en précisant que le volume de l’aide qui y parvient est « insuffisant ». Les prix des denrées alimentaires de base ont augmenté de 30 à 50%, bien que les autorités islamistes aient pris des mesures pour contrôler l’approvisionnement en farine, en tentant d’empêcher les commerçants de stocker, a-t-elle ajouté. Quant aux hôpitaux, ils sont à court de médicaments, et avec ces nouvelles agressions, on se dirige vers une véritable catastrophe. [1]


Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a accusé Israël hier de chercher à saper son administration de crise basée en Cisjordanie à la suite d’une incursion de l’armée israélienne à Naplouse.

Une cinquantaine de blindés israéliens ont pénétré mercredi 27juin à Naplouse, fief du Fateh du président Mahmoud Abbas, où les forces israéliennes ont imposé un couvre-feu avant de procéder à une fouille maison par maison en quête d’activistes recherchés.

Cinq soldats israéliens ont été blessés au cours de cette opération ainsi que sept Palestiniens, touchés, selon des sources médicales, par des balles en caoutchouc israéliennes. Selon la municipalité, l’armée a arrêté huit Palestiniens. L’armée israélienne a reconnu avoir arrêté deux agents du Fateh.

« Je condamne fermement ce nouveau raid israélien à Naplouse au lendemain de l’agression à Gaza », a déclaré Fayyad, faisant référence à l’incursion militaire israélienne qui a fait 12 morts la veille dans le territoire côtier aux mains du Hamas. « Nous ne pouvons que considérer ces actions comme des tentatives pour saper et miner nos efforts visant à mettre fin au chaos et à procurer sûreté et sécurité aux citoyens de toute la Palestine », a dit Fayyad. [2]


Le conseil législatif ne reconnaît pas le gouvernement de Fayyad en le qualifiant d’illégal

Le président du conseil législatif palestinien par intérim, Dr. Ahmed Bahr, a considéré que le décret du président Mahmoud Abbas, concernant la formation d’un gouvernement d’urgence, représente une grande violation de la loi fondamentale.

Bahr a dit, aujourd’hui, mercredi 27/6, dans une lettre adressée au premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, et dont le Centre Palestinien d’Information a reçu une copie, que tous les textes et articles de la loi fondamentale ne donnent pas toutes ces attributions au président de l’autorité palestinienne.

Il a déclaré que le décret d’Abbas suspend les articles 65, 66, et 67 de la loi fondamentale de l’autorité palestinienne, chose qui pourrait conduire à l’effondrement du régime constitutionnel en Palestine.

Il a ajouté que cela représente un développement dangereux qui veut instaurer un régime totalitaire et mettra fin à la démocratie en Palestine.

Dr. Bahr a affirmé que la prise de confiance du conseil législatif palestinien est une condition principale pour chaque gouvernement avant de faire le serment devant le président de l’autorité et avant d’entamer ses travaux selon l’article 67 de la loi fondamentale.

"Le paragraphe numéro 4 de cet article affirme que le premier ministre ainsi que les membres du gouvernement n’ont pas le droit d’entamer leurs travaux avant d’avoir la confiance du conseil législatif", a souligné Dr. Bahr.

Il a considéré que le gouvernement d’Ismaïl Haniyeh est dissout selon la loi et la constitution, mais qu’il doit poursuivre ses oeuvres jusqu’à la fin de l’état d’urgence et la formation d’un nouveau gouvernement qui doit obtenir la confiance du conseil législatif.

Enfin, Dr. Bahr a affirmé que le conseil législatif palestinien ne reconnaît pas la légitimité d’un nouveau gouvernement qui a effectué un coup d’état contre la loi fondamentale palestinienne tout en soulignant également que le conseil ne permettrait jamais l’effondrement du système constitutionnel ainsi que l’avenir de la démocratie en Palestine. [3]