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Par Robert Thompson :

Le droit de défendre quoi ?

merci à Eric C. de nous avoir fait parvenir cet avis trés autorisé

jeudi 10 août 2006

Avocat Honoraire au Barreau de Boulogne-sur-Mer et ancien Solicitor près la Cour Suprème de l’Angleterre et du Pays de Galles Robert.Thompson@wanadoo.fr

Nous entendons chaque jour les dirigeants politiques - apparemment terrifiés d’être accusés d’antisémitisme - réciter la même phrase "Israël a le droit de se défendre" sans imposer des limites ni de définir sur ce que cet entité a le droit de défendre.
J’ai passé plus d’un demi-siècle à pratiquer le droit non seulement sur le plan international au plus haut niveau pendant des années, mais également, par la suite, le droit pénal sous des juridictions avec des systèmes judiciaires très différents.

Cette expérience m’amène à me poser la question de ce qu’un état - en acceptant pour cet argument la thèse que cette entité est bien un état - a le droit de défendre.

Dans le passé presque tous ceux qui éntonnent actuellement ladite phrase se proclamaient - quand il fut à la mode de le dire - horrifiés par le système social sud-africain connu sous le nom d’apartheid, par lequel les autorités enforcaient une séparation basée sur la couleur de la peau de chaque citoyen et sur son ethnie.

Je confirme que je partageais cette attitude et que j’ai toujours horreur de toute discrimination fondée sur la race, l’ethnie ou la religion des gens, et je n’accorde aucun droit aux états d’imposer des lois en faveur de cette pratique.

Notre pays a connu cette forme de persécution quand le gouvernement de Vichy faisait l’application partout dans la partie qu’il contrôlait en France des dispositions nazies qui visaient ceux qui furent - selon les critères de Théodor Herzl adoptés par Hitler, et non pas sur les critères rabbiniques - des juifs .

Avec le retour à une législation plus saine en 1945, ceux qui avaient participé à l’extermination de leurs concitoyens à ce titre devenaient passable de sanctions, allant jusqu’à la peine de mort.

Les preuves des crimes commis par les sionistes pour établir leur forme même plus virulente que la sud-africaine de l’apartheid
ne manque pas, et la nature répressive de leur état est confirmée par la législation promulguée par le Knesset, qui leur sert de parlement et par d’autres dispositions de leur gouvernement.

Evènements historiques

En commençant par des faits historiques, nous pouvons prendre comme exemple la purifcation ethnique qui annonçait le début de la Naqba - surtout en 1947 - quand les milices sionistes, qui avaient auparavant tâché de saboter l’effort de guerre des alliés, ont réussi à vider une grande partie de la Palestine de ses habitants indigènes.

Parmi leurs moyens figuraient non seulement des menaces de mort mais également de véritables massacres d’habitants de villages entiers, qui furent immédiatement rasés pour les radier de la carte.

Dans ces tristes temps que nous vivons, nous voyons les ravages qui se poursuivrent non seulement en Palestine, mais également au Liban, pour lesquels l’excuse est la capture de trois de leurs soldats d’occupation.

Le bilan est clair, à savoir que pour ces brigands, la capture de leurs mercenaires justifie les milliers de prisonniers et de morts de civils palestiniens et libanais.

Ces criminels - et je ne peux hésiter à utiliser ce terme pour définir les dirigeants dits israéliens - ne font aucune différence entre de vrais résistants d’un côté et des femmes et enfants, dont certains sont peut-être membres de leurs familles, de l’autre.

Cet état voyou refuse en outre d’obéir à un grand nombre de résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Ceci nous mène à réfléchir sur l’histoire des relations entre les Nations Unies et cet « état » d’Israël qui mérite un petit détour. Là se trouve la racine du mal.

Quand, en 1947, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité, qui à l’époque contrôlaient absolument l’Organisation ont accepté - en contradiction directe avec la Charte - de discuter d’un plan de partage de la Palestine sans consultation effective préalable avec les habitants indigènes.

À l’époque plus de 90% des terres appartenaient à des arabes, et quelques 7% à des intérêts sionistes - ce qui explique le désir sioniste d’effectuer une purification ethnique.

Ce partage qui ne trouva aucun reflet dans le plan publié par l’O.N.U. lequel plan a accordé une énorme part du pays aux sionistes, a proposé un statut international pour Jérusalem et a suggéré que les habitants indigènes devaient se contenter de ce qui restait.

L’intérêt que les cinq membres permanents portaient à la question dépendait de leur situation.

La Chine avait ses propres problèmes et se désintéressait d’un petit pays si loin - il faut se situer à l’époque où on n’avait pas les moyens de transport et de communication de nos jours.

Les Soviétiques voulaient se débarasser d’un nombre d’opposants gênants et trouvaient que ce partage pouvait les aider à le faire.

Les dirigeants des deux grands partis aux Etats Unis voulaient s’assurer le vote du lobby juif, favorable à l’implantation d’un état sioniste, et il leur concenait de le situer loin de chez eux.

Le gouvernement du Royaume Uni croyait fermement - comme Monsieur Blair de nos jours - qu’il existait une mythique Special Relationship, par laquelle elle reconnaissait qu’il n’avait plus sa puissance impériale, et, dans ces conditions, il acceptait de servir sans faille les intérêts des Etats Unis.

La France voulait surtout que les problèmes soient limités au sud des frontières du Liban et de la Syrie, dont elle avait obtenu la gestion suite au Pacte Sykes-Picot et le partage selon cet accord des terres arabes de l’Empire Ottoman. Elle a donc accepté cette entorse aux dispositions de la Charte de l’O.N.U.

La suite fut la guerre, puisque cet « état » artificiel voulait davantage, et les habitants originaux voulaient garder leurs terres, et nous savons tous le triste déroulement des conquêtes successives par les envahisseurs.

Actes discriminatoires

J’ai fait mention des dispositions discriminatoires sud-africaines, mais celles appliquées par les sionistes furent beaucoup plus complètes.

En premier lieu il y a les lois dites d’Aliya, par lesquelles la loi sioniste distingue deux catégories de personnes qui bénéficient de droits très différents dans le territoires contrôlés par leurs forces armées.

D’un côté, il y a les juifs, suivant la définition proposée par Herzl et adoptée par Hitler, et leurs familles - eux ont tous les droits. De l’autre, il y a les goyim qui sont tolérés, sous condition qu’ils ne troublent pas les plaisirs des envahisseurs.

En renforcement des lois d’ Aliya , le Knesset a promulgué les lois dites de propriétaires absents, par lesquelles tout propriétaire qui est obligé à quitter sa propriété immobilière peut vouloir rentrer chez lui pour trouver que sa maison a été confisquée et qu’elle est censée appartenir désormais à une puissante organisation sioniste pour servir de résidence à une famille juive. Les mêmes dispositions s’appliquent aux terres agricoles.

En outre il y a le scandale des villages dans le Naqab. Si les sionistes veulent prendre des maisons et des terres dans cette région, occupées par des arabes censés êtres des "citoyens isaréliens", de deuxième classe évidemment, ils les déclarent des "villages non autorisés", même ceux qui existent depuis des siècles.

Ils procèdent alors à la destruction complète des maisons et des cultures utilisant des bulldozers.

Quelle est la justification de ces actions des Israéliens ?

Je ne trouve aucune justification de la défense des ces pratiques et je lance le défi aux hommes et femmes politiques de m’expliquer pourquoi je dois choisir de condamner l’antisémitisme dirigé contre les juifs, mais de ne pas condamner l’antisémitisme dirigé contre les arabes.

Ils doivent d’abord se rendre compte que - dans leur l’énorme majorité - les sémites parlent, et que le nombre qui utilisent les autres langues sémites l’hébreu, l’araméen et le maltais sont bien moins nombreux.

Je condamne toute forme de racisme et de discrimination fondée sur les origines ethniques, et je refuse de me taire au sujet des crimes sionistes qui sont fondés sur des pratiques racistes - et en outre expliqués par les intéressés en utilisant des arguments inacceptables par lesquels ils sont exemptés des contraintes du droit international.

Soyons honnêtes et faisons face à l’hypocrisie des personnages politiques qui refusent la justice, un préalable essentiel à toute paix, non seulement au Proche Orient, mais également dans le monde entier.

Conclusion

Ma conclusion est très simple, les Israéliens n’ont aucun droit de défendre leur « état » discriminatoire, mais ils ont le droit de survivre à condition d’agir avec justice envers tous les habitants de manière égale, ce qui mettrait fin à leur « état juif » pour le remplacer par un état démocratique.

Il reste la responsabilité des hommes et femmes politiques de faire le nécessaire et, entre temps, je les supplie de cesser de dire que les Israéliens ont le droit de tout faire pour « défendre leur « état » sous sa forme actuelle

Source : ISM http://www.ism-france.org/news/