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Pout celles et ceux qui douteraient encore (ndlr)

L’indépendance, une anomalie ?

Jeudi, 5 décembre 2013 - 17h55

jeudi 5 décembre 2013

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Les auditeurs de la station Europe 1 ont été témoins, le 17 novembre dernier, d’un instant de vérité. Interrogé par le journaliste Jean-Pierre Elkabbach, inquiet de la trop grande discrétion du Mouvement des entreprises de France (Medef) dans les médias, le président de l’organisation patronale, M. Pierre Gattaz, rassure aussitôt son interlocuteur : « Nous occupons la presse, nous sommes à la radio, nous sommes partout dans les journaux ! »

S’il n’a pas suffi à tranquilliser Elkabbach, ce propos décrit en creux la situation d’une presse française à la fois « occupée » par les puissances d’argent, discréditée par un journalisme de révérence et désargentée car délaissée par ses usagers.

Dans ce paysage, l’existence du Monde diplomatique constitue une anomalie. Elle ne s’explique que par l’obstination de lecteurs qui, chaque mois, réaffirment leur attachement à une information rigoureuse et irrespectueuse, internationale et curieuse, capable de prendre du recul par rapport au crépitement de l’actualité.

Depuis les années 1980, Le Monde diplomatique s’est placé à l’avant garde de la critique des médias. Ses moyens d’existence se conforment à ses raisons d’exister : il vit de ses ventes et de ses abonnements - mais les fonds manquent à son développement. Depuis 2009, les dons contribuent également à son financement. Les 180 000 euros reçus l’année dernière dépassent nos recettes publicitaires ; ils ont renforcé nos moyens d’enquête et de reportage.

Il peut paraître étrange de demander chaque année aux abonnés ou aux acheteurs en kiosques de payer encore pour soutenir l’indépendance de leur mensuel.

Mais, en définitive, sur qui d’autre pourrions-nous compter ?

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