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Source : L’Humanité.fr

À Djibouti, le régime embastille à tour de bras

Jeudi, 30 mai 2013 - 13h35

jeudi 30 mai 2013

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Maydaneh 
Abdallah Okieh, collaborateur d’un journal d’opposition, 
est incarcéré depuis 
le 19 mai.

À Djibouti, sous le règne du dictateur Ismaïl Omar Guelleh, poster une photographie sur un réseau social peut vous valoir la prison. C’est ce qui est arrivé à Maydaneh Abdallah Okieh, collaborateur du journal électronique d’opposition la Voix de Djibouti, incarcéré depuis le 19 mai à la sinistre prison de Gabode. Son crime, avoir publié, sur le compte Facebook du journal, des images témoignant de la répression policière qui n’a pas connu de trêve depuis les élections législatives du 22 février, aux résultats contestés par l’opposition. «  Les charges retenues contre Maydaneh Abdallah Okieh sont sans fondement. Son dossier est vide. La réaction des autorités, qui lui reprochent simplement d’avoir diffusé des images pointant la responsabilité de la police dans la répression de manifestations pacifiques, illustre l’état de paranoïa du régime. Nous demandons la libération immédiate de ce collaborateur de médias et l’abandon de toutes les charges retenues à son encontre  », a réagi, lundi, l’ONG Reporters sans frontières. L’opposant, qui comparaissait hier pour la première fois devant un juge, a écopé de quarante-cinq jours de prison et d’une lourde amende. Il est loin d’être le seul à subir l’arbitraire de ce régime autoritaire soutenu par les puissances occidentales, États-Unis et France en tête. Au total, depuis février, plus d’un millier d’opposants sont passés par les geôles de la dictature, où la torture et les mauvais traitements sont monnaie courante. Plusieurs dirigeants de l’opposition croupissent derrière les barreaux. À ce jour, on dénombre une soixantaine de prisonniers politiques entre le centre de détention de Nagad et la prison de Gabode. Cette dernière fait figure de Bastille de l’ex-colonie française. Mohamed Khadamy, un dirigeant du Front pour la restauration de l’unité et la démocratie (Frud), y a passé trois longues années. «  Les conditions de détention y sont très dures. Certains prisonniers sont entassés à plus d’une centaine dans des salles de 10 mètres sur 5. Les conditions sanitaires sont épouvantables, la tuberculose et la malnutrition y font des ravages. C’est un mouroir. À leur sortie, la plupart des détenus sont physiquement détruits  », relate cet opposant aujourd’hui en exil. À Gabode, le plus ancien prisonnier politique, Mohamed Ahmed Jabha, attend depuis 2010 un hypothétique procès, sans même pouvoir s’entretenir avec un avocat.

Déjà courantes, les arrestations illégales et les détentions arbitraires sont devenues quotidiennes, avec le mouvement de contestation dirigé, depuis trois mois, contre le régime. À l’aspiration démocratique, le despote Guelleh répond invariablement par la violence, l’intimidation, l’acharnement judiciaire. Sans parvenir à endiguer la révolte du peuple djiboutien.

Rosa Moussaoui