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Courage, résistance et victoire (ndlr)

Après plus de 8 mois de grève de la faim : le pri­sonnier Samer Al Issawi a vaincu ses geô­liers israéliens

Jeudi, 25 avril 2013 - 6h43 AM

jeudi 25 avril 2013

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Il a gagné. Samer Al Issawi, citoyen pales­tinien d’Al Issawiya, un quartier de la ville sainte d’El Qods, détenu injus­tement dans une prison israé­lienne et qui fait une grève de la faim depuis le 1er août 2012, vient d’accepter de mettre un terme à son action, la plus longue de l’histoire de l’humanité, en contre­partie de sa libé­ration au bout de huit mois. L’accord scellé avec les auto­rités israé­liennes prévoit qu’il rega­gnera son domicile familial à Al Issawiya, une condition à laquelle s’est accroché Samer avec force. Il avait refusé plu­sieurs offres de libé­ration immé­diate condi­tionnées par un exil, dans la bande de Ghaza, soit dans un pays de l’Union euro­péenne qui accepte de le recevoir.

Samer Al Issawi, un militant du Front démo­cra­tique de libé­ration de la Palestine (FDLP), âgé de 33 ans, a perdu plus de la moitié de son poids, lui donnant un aspect sque­let­tique. Mais ni cela ni la nette dété­rio­ration de sa santé, au point que les médecins pré­voyaient depuis plu­sieurs semaines sa mort subite, à tout moment, ne l’ont fait plier pour faire des conces­sions à ses geô­liers qui ont usé de tous les moyens pour casser sa volonté. En mars, lorsqu’il a été question d’exil, Samer avait répondu dans une lettre poi­gnante publiée sur facebook, par l’intermédiaire de son avocat.

Une lettre poignante

« Je préfère mourir sur mon lit d’hôpital que d’être déporté loin d’El Qods. El Qods est mon âme et ma vie. M’arracher à elle serait arracher mon âme à mon corps. Ma vie n’a pas de sens, loin d’El Qods. Aucun endroit sur terre ne sera capable de m’accueillir comme El Qods. C’est donc à El Qods que se fera mon retour et nulle part ailleurs. Je conseille à tous les Pales­ti­niens de s’attacher à leur terre et à leur village et de ne jamais céder aux désirs de l’occupant israélien. Je ne vois pas cette question comme une cause per­son­nelle concernant Samer Al Issawi. C’est une question nationale, une conviction et un principe que devrait avoir chaque Pales­tinien qui aime le sol sacré de son pays. Je termine en affirmant pour la mil­lième fois que je poursuis ma grève de la faim jusqu’à la fin, soit la liberté et le retour à El Qods, soit le martyre ! »

Arrêté en 2002 et condamné à 26 ans de prison pour « activité mili­taire », Samer Al Issawi avait été libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de pri­son­niers pales­ti­niens contre le soldat israélien Gilad Shalit. Al Issawi avait été arrêté une deuxième fois en juillet 2012, Israël l’accusant de s’être rendu de la ville sainte d’El Qods en Cis­jor­danie occupée pour y établir des « cel­lules ter­ro­ristes » et réclamant qu’il effectue le reste de sa peine ini­tiale. Le militant pales­tinien a nié ces accu­sa­tions et a affirmé y être allé pour réparer sa voiture.

Devenu un symbole de la lutte des pri­son­niers pales­ti­niens, environ 4700, dont près de 300 mineurs et une ving­taine de femmes, la vic­toire de Samer Al Issawi sur la tyrannie israé­lienne est por­teuse d’espoir de voir ce dossier clos à jamais. Non que les geô­liers israé­liens vont subi­tement devenir plus humains et les relâcher de leur plein gré, mais être forcés de le faire en voyant qu’ils ont affaire à des mil­liers de nou­veaux Samer El Issawi.

Fares Chahin, El Watan, mercredi 24 avril 2013