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L’EXTREMISME d’ETAT ! (ndlr) - Texte en anglais en 2è partie de l’article.

Il n’y a plus de modérés

par Gideon Levy - Lundi, 26 janvier 2009

lundi 26 janvier 2009

Les trois principaux candidats au poste de premier ministre [ d’Israël ] sont des extrémistes. Tzipi Livni et Ehud Barak ont fait la guerre de Gaza et sont par conséquent tout aussi radicaux qu’il est possible. Et Benjamin Netanyahu n’est encore plus radical que dans ses propos.

Nous ne devons pas nous laisser égarer dans cette campagne électorale et considérer que Livni tout comme Barak sont des modérés, au contraire de l’« extrémiste » Netanyahu. C’est un mensonge.

Kadima et le Labour, qui se disent partis du centre et de gauche, ont conduit Israël dans deux guerres affreuses en deux ans. Netanyahu n’est pas encore allé en guerre une seule fois. Ils vrai qu’il tient des propos plus radicaux que les deux autres, mais jusqu’ici il s’en est tenu aux paroles, alors que les « modérés » sont passés aux actes, et de manière radicale et agressive.

« Bibi n’est pas fiable, et il est terriblement à droite, » affirment les messages électoraux de Kadima. Ah vraiment ? Livni et Barak sont exactement du même modèle.

Aucun de ceux qui sont impliqués dans la guerre de Gaza ne peut parler de paix maintenant. Ceux qui ont porté des coups si brutaux aux Palestiniens, avec pour seul effet de semer chez eux encore plus de haine et de crainte, n’ont aucune intention de faire la paix avec eux. Ceux qui sont responsables des tirs d’obus au phosphore blanc sur une population civile et des destructions de milliers de maisons ne peuvent pas, le lendemain, parler de deux états vivant paisiblement côte à côte.

D’un seul coup, Ehud Olmert, qui avait prononcé certaines des plus courageuses déclarations jamais entendues chez nous sur la fin de l’occupation, les a, à a lui seul, transformées en un cynique bavardage de clichés vides de sens. Qui va croire maintenant qu’il voulait la paix ? Et qui va croire Barak ou Livni ?

Cette guerre a fait tomber le masque que portait Livni, la femme qui nous avait promis « une politique différente ». C’est elle, qui, en qualité de ministre des Affaires Etrangères, devait montrer au monde le côté ensoleillé d’Israël, et qui a choisi de présenter le visage de la violence arrogante et brutale. Au cours de la guerre, elle s’est vanté de la « sauvagerie » avec laquelle Israël agissait, menaçant de « faire son affaire » au Hamas, et annonçant que le cessez-le-feu interviendrait « lorsqu’Israël l’aurait décidé ».

Pour ce qui la concernait, le monde entier n’existait pas, non plus que les Etats Unis, l’Europe, le Conseil de Sécurité de l’ONU, ni que la partie adverse sanglante et défaite : seul Israël décide. Aucun ministre des Affaires Etrangères n’a jamais jusqu’ici tenu un tel langage.

Dans ses tentatives pathétiques de prendre la posture masculine, militaire, et même macho, de celui qui saurait quoi dire si le téléphone sonnait à 3 heures du matin, Livni s’est montrée un ministre des Affaires Etrangères en plein échec, dont les mots et les actes ne différaient en rien de ceux qu’adoptent les militaristes radicaux qui l’entourent. Aucun citoyen qui se considère comme un centriste sérieux ne peut envisager de voter pour elle. Quiconque vote pour Kadima vote en fait pour a droite, tellement anxieuse de s’embarquer pour n’importe quelle guerre et de prendre le risque des crimes qui l’accompagnent.

Voter pour le Labour signifie tout autant voter pour la guerre et ses horreurs. Le maréchal qui a conçu et mené cette guerre, Ehud Barak, s’est privé à jamais du droit moral de parler de coexistence, d’arrangements politiques et de diplomatie. S’il y avait vraiment cru, il leur aurait donné une chance avant de partir en guerre, et pas après.

Barak a mené l’armée à la guerre et Barak doit payer pour cela, en même temps que son parti « de gauche », qui s’est joint aux partis d’extrême droite les plus radicaux pour soutenir le projet de loi tendant à décréter hors la loi les partis des Arabes d’Israël.

Avigdor Lieberman, Netanyahu, Livni et Barak, c’est tout un ils ont tous voté en faveur de ce projet antidémocratique. Et n’ayez pas particulièrement peur de Lieberman : après tout, lui aussi ne fait que parler. Mais au moins il le fait honnêtement, alors que Barak tire les salves d’artillerie et s’efforce de tromper le monde.

Il est vrai que ces imposteurs bénéficient du soutien des dirigeants du monde entier, mais pour beaucoup de gens tout autour du monde, ils sont devenus des bellicistes et sans doute des criminels de guerre. Leur immunité diplomatique les protègera – mais qui veut que de tels dirigeants, avec leurs mains tachées de sang, nous représentent ?

Le fait qu’il n’y a aucune différence idéologique perceptible entre les candidats est tout aussi grave. Que Barak et Livni se lèvent et nous expliquent ce qui diable les distingue. Quel argument idéologique proposent-ils, à part le fait de se chamailler pour savoir qui doit-être félicité pour avoir lancé cette guerre ?

En face d’eux, il y a Netanyahu – qu’a-t-il à proposer ? « La paix économique. » Après cette guerre, qui n’était d’ailleurs pas suffisante à ses yeux, sa doctrine parait encore plus démente qu’auparavant.

Et voilà donc comment nous nous dirigeons vers ces élections – avec trois partis principaux qui sont à peine différents l’un de l’autre.

Nous avions l’habitude de dire « Il n’y a pas de modérés dans le monde Arabe. » Maintenant c’est chez nous qu’il n’y en a pas. Votez comme vous l’entendez, mais ne vous y trompez pas : chaque bulletin en faveur de Kadima, du Labour ou du Likoud constitue une approbation de la dernière guerre et un vote en faveur de la prochaine

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et voici le texte en anglais :

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Mon., January 26, 2009 Shvat 1, 5769

No moderates left

By Gideon Levy

The three leading candidates for prime minister are extremists. Tzipi Livni and Ehud Barak went to war in Gaza and are therefore as radical as can be. Benjamin Netanyahu is more radical in rhetoric only.

We must not be led astray in this election campaign and consider both Livni and Barak as moderates, in contrast to the "extremist" Netanyahu. This is a deception. Kadima and Labor, the center and left-wing parties, have led Israel to two awful wars within two years. Netanyahu has yet to go to war once. True, he speaks more radically than the other two, but so far it has only been words, while the "moderates" have taken radical, aggressive action.

"Bibi is unreliable and terribly right-wing," Kadima’s electoral broadcast asserts. Is he ? Livni and Barak are just the same.

None of the people involved in the Gaza war can speak of peace now. Those who delivered such a brutal blow to the Palestinians, only to sow more hatred and fear among them, have no intention of making peace with them. Those responsible for firing white phosphorous shells into a civilian population and destroying thousands of homes cannot talk the following day about two states living peacefully side by side.

In one fell swoop, Ehud Olmert, who issued some of the bravest statements ever made in these parts about ending the occupation, singlehandedly turned them into a cynical babble of hollow cliches. Who will now believe that he wanted peace ? And who will believe Barak or Livni ?

This war unmasked Livni, the woman who had promised us "different politics." She, who as foreign minister was supposed to show Israel’s sunny side to the world, chose to present an arrogant, violent and brutal face. During the war she boasted that Israel was acting "savagely," threatened to let Hamas "have it" and announced that the cease-fire would come into effect "whenever Israel decides."

As far as she was concerned, there was no world, no United States and Europe, no UN Security Council, and no bleeding and defeated other side - only Israel will decide. No foreign minister has ever spoken like this before.

In her pathetic attempts to assume a masculine, militaristic, even macho, posture of someone who would know what to say if the telephone rang at 3 A.M., Livni was exposed as a failed foreign minister, whose words and deeds are no different from those espoused by the radical militaristic men around her. No self-respecting voter who considers himself an upstanding centrist could vote for her. Whoever votes for Kadima will be voting for the right, which is eager to embark on any war and risk the accompanying crimes.

Voting for Labor also means voting for the war and its horrors. This war’s marshal, Ehud Barak, has forever deprived himself of the moral right to talk of coexistence, political arrangements and diplomacy. If he really believed in them, he would have given them a chance before going to war, not afterward. Barak took the army to war and Barak must pay for it, together with his "left-wing" party, which joined the most radical, far-right parties in supporting the move to outlaw Israel’s Arab parties.

Avigdor Lieberman, Netanyahu, Livni and Barak are one - they all voted in support of an undemocratic decision. And don’t be alarmed by Lieberman - he, too, only talks. But at least he does so honestly, while Barak fires off salvos and deceives.

Granted, these impostors still enjoy the support of world leaders, but for many people around the globe, they have become war-mongers and suspected war criminals. Their diplomatic immunity will protect them - but who wants those leaders, with their bloodied hands, to represent us ?

No less severe is the fact that there are no ideological differences between the candidates. Let Barak and Livni step up and explain what the hell sets them apart. What ideological argument are they conducting, apart from bickering on who should be credited for the war ?

Facing them is Netanyahu - what does he have to offer ? "Economic peace." After this war, which wasn’t enough as far as he is concerned, his doctrine sounds even more ludicrous than ever.

This is how we’re going into elections - with three leading parties that are hardly different from each other.

We always used to say, "There aren’t any moderates in the Arab world." Now we are the ones who don’t have any. Vote as you will, but don’t fool yourself. Every ballot cast for Kadima, Labor and Likud is an endorsement of the last war and a vote for the next one.