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Opinion

Le Sionisme Colonial (texte original en anglais en 2è partie de l’article)

par Zeev Sternhell

samedi 18 octobre 2008

http://www.haaretz.com/hasen/spages/1029366.html

Samedi 18 octobre 2008 , 19 Tichri 5769

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Au cours des 30 dernières années, j’ai toujours considéré les implantations comme un phénomène destructeur qui projette un énorme point d’interrogation sur l’avenir d’Israël. En réalité, l’entreprise des implantations est un phénomène idéologique, politique, et social qui a réussi à créer une création originelle et androgyne : le sionisme colonial.

Il y a déjà nombre de variantes du sionisme : général, révisionniste, socialiste, avec ou sans guillemets. Nous avons maintenant le sionisme colonial, basé sur une égalité ethnique et religieuse, qui se considère comme l’émissaire exclusif de l’histoire juive. C’est la Promesse divine, et non les droits naturels des hommes à la liberté, l’indépendance et l’autodétermination qui, à ses yeux, est la seule et unique source de légitimité pour le retour des Juifs sur la Terre d’Israël. Selon ce point de vue, la terre appartient non seulement aux Juifs vivants, mais à toutes les générations passées et à celle encore à naître ; c’est pourquoi les membres de la génération actuelle n’ont aucun droit de partager la possession de la terre avec des membres d’une autre nation.

Il va de soi que, lorsque nous parlons d’implantations, nous ne faisons pas référence à la grande majorité des israéliens qui vivent en Cisjordanie pour des raisons de commodité ( habitat bon marché et de meilleure qualité). En outre, nous ne parlons pas de chaque colon individuellement. Nous parlons de l’entreprise des implantations de la même façon dont on parle de « socialisme », de « conservatisme », ou de « nationalisme » ; en d’autres termes, nous parlons de ce qui relève de l’essence même du mouvement, et qui en définit le type.

Même le noyau dur idéologique, qui constitue l’essence du « mouvement des implantations », n’est pas constitué d’une fibre unique. Entre les « jeunes des collines » et beaucoup de leurs parents, il y a une grande différence, non seulement quant à leur comportement, mais également pour ce qui est de leur degré de connection à des valeurs universelles.

Cependant, dans l’ensemble, ils sont tous nourris des mêmes principes et tendent vers les même buts. Puisque cette petite minorité est convaincue qu’elle est détentrice de la vérité absolue, elle considère qu’il lui est permis de l’imposer à toute la société.

C’est pourquoi ses dirigeants et ses porte paroles n’ont que du mépris à la fois pour les faibles politiciens et pour les règles de base de la démocratie. Ils savent seulement comment manipuler les institutions démocratiques, mais ils ignorent les droits de l’homme et ne reconnaissent que les droits des Juifs. Depuis la décision de la Cour Suprême sur Elon Moreh en 1979, où la Cour a décrété qu’il était illégal de s’emparer de terres privées, ils ne cessent de s’attaquer à cette institution fondamentale de la démocratie Israélienne, qui est la gardienne des droits individuels.

Malgré la puissance que la lâcheté des gouvernements lui a permis d’acquérir, le colon idéologique s’enveloppe toujours de la toge du martyr, persécuté par une élite de tendance gauchiste et par les média que cette élite contrôle manifestement. Bien qu’il contrôle les territoires, il aime être portraituré comme une victime perpétuelle des complots gauchistes. Bien que depuis presque quatre décennies le colon idéologique ait crée une réalité au sujet de lauqelle que les électeurs n’ont jamais été appelés à se prononcer, et bien qu’il ait, d’une manière subversive, transformé l’occupation militaire en un contrôle civil qui contredit pratiquement toutes les normes acceptées dans le monde occidental, il ne cesse pas de pleurer qu’il a été victime d’un vol.

A Hébron, il s’est crée une situation qui est une honte nationale, véritablement un péché et un crime. L’apartheid, comme l’a écrit l’expert en sciences juridiques Boaz Okun dans l’édition hebdomadaire du Yedioth Ahronoth la semaine dernière, est déjà là ; Et pas seulement à Hébron. La situation dans les territoires en général et dans les avant postes hors la loi en particulier, témoigne, de même que le vol de terres privées, de la banqueroute de l’état lorsqu’il est confronté à l’audace du colon et à sa détermination à ne pas céder devant des obstacles légaux ou éthiques. De la sorte, le mouvement des implantations crée, de force, des violations quotidiennes de la loi et une culture de la violence : Ofra et Beït El sont peut-être des endroits tranquilles et agréables installés par des idéalistes, mais, avec leurs avant postes satellites, Amona, Beit Hagedud et Ofra Nord Est, Beit El Est et la Colline 909, ils se sont emparés d’une zone qui, selon les photos aériennes et les informations transmises au comité de surveillance de La Paix Maintenant par les autorités gouvernementales, est composée à plus de 90% de terres Palestiniennes privées (données d’octobre 2006 !).

Finalement, le souhaite clarifier un point une fois pour toutes, et qui n’a pas de rapport avec des tentatives de m’atteindre, une tentative dont les auteurs peuvent venir de n’importe quelle faction d’extrême droite, et pas nécessairement du mouvement des implantations. Dans trois articles que j’ai écrit en mai et juin 2001, dont l’un comportait un paragraphe qui n’était pas convenablement rédigé, j’ai expliqué ma position concernant les colons : les vies des Juifs des deux côtés de la Ligne Verte sont « également précieuses ».

Et ailleurs : « Le mouvement des implantations est un désastre historique, mais pour l’instant il y a des gens qui vivent là bas dont les vies doivent être protégées. » En fait, la distinction entre des individus dont nous nous devons de prendre soi aussi longtemps qu’ils sont là bas – et ce qui doit être souligné est la dimension de temporalité – et l’entreprise d’implantation en tant que phénomène historique est essentielle

Je l’ai déjà écrit autrefois dans ce même journal, et je le répète aujourd’hui. Si la société israélienne ne parvient pas à rassembler le courage nécessaire pour mettre un terme aux implantations, ce sont les implantations qui mettront un terme à l’état des Juifs et le transformera en état binational.

Commentaires du traducteur :

" Après avoir traduit ce papier, je ne puis le transmettre sans apporter quelques remarques. En effet, j’ai d’abord pensé que Sternhell devait être un très vieux Monsieur qui ne fait plus très attention à ce qu’il écrit.

Le style est assez relâché et il se laisse aller trop souvent à un jargon universitaire assez déplaisant, qui l’amène à dire des choses assez simples en termes compliqués. Ainsi, le point qu’il souligne en fin de papier ( « ce qui doit être souligné est la dimension de temporalité » ) est qu’il considère bien entendu que l’état d’Israël est tenu d’assurer la protection des gugusses dans les implantations tant qu’ils y sont, mais que par ailleurs le même état fait face à la nécessité de décider et de mettre en oeuvre l’élimination des implantations, (mais pas des colons).

Je trouve par ailleurs assez déplaisant qu’il se place exclusivement du point de vue de la structure de l’établissement sioniste, de ses lois, et de son appartenance au monde occidental. S’emparer de la terre d’autrui est mal parce que la Cour Suprême sioniste a statué comme cela. Son emploi des euphémismes habituels est tout à fait significatif : il ne dit pas « territoires occupés », mais « territoires », nettement moins malsonnant.

Et j’ai beaucoup de mal à lire sans bondir que « les vies des Juifs sont précieuses ». Et celles des autres, alors ?

Enfin, ce papier esquive un problème en vérité essentiel, qui est tout bonnement celui de la légitimité de l’établissement sioniste. Il caractérise très justement la pensée des « colons idéologiques » en écrivant que « c’est la Promesse divine, et non les droits naturels des hommes à la liberté, l’indépendance et l’autodétermination qui, à ses yeux, est la seule et unique source de légitimité pour le retour des Juifs sur la Terre d’Israël. ».

Le problème est que si on trouve que ces raisons ne valent rien, quelles sont les « raisons acceptables » qui légitiment la création de l’établissement sioniste ?

En vérité il y en a d’autant moins qu’il n’y a aujourd’hui pratiquement plus de doute : les ancêtres des juifs d’aujourd’hui ne viennent que pour une part infime de Palestine"

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et voici l’original en anglais :

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Sat., October 18, 2008 Tishrei 19, 5769

Colonial Zionism

By Zeev Sternhell

For the past 30 years I have considered the settlements a destructive phenomenon that raises a large question mark over Israel’s future. In fact, the settlement enterprise is an ideological, political and social phenomenon that has succeeded in creating an original androgynous creation : colonial Zionism.

There have already been variations of Zionism : general, revisionist, socialist, with or without quotation marks. Now we also have colonial Zionism, based on ethnic and religious inequality, which considers itself the exclusive emissary of Jewish history. The Divine promise and not the natural rights of human beings to freedom, independence and self-government is, in its eyes, the one and only source of legitimacy for the return of the Jews to the Land of Israel. According to this viewpoint, the land belongs not only to living Jews, but to all the past generations and those yet unborn ; therefore, members of the present generation have no right to share possession of the land with members of another nation.

As a matter of course, when we speak of "the settlements" we are not referring to that vast majority of Israelis who are living in the West Bank for reasons of convenience or necessity (cheap and improved housing). In addition, we do not talk about each settler separately : We talk about the settlement enterprise the way one talks about "socialism," "conservatism" or "nationalism ;" in other words, about that which is essential to the ideology and the movement, and typifies it.

Even the ideological core, which is in essence "the settlement movement," is not all of one stripe. Between the hilltop youth and many of their parents there is a large gap, not only in patterns of behavior but also in the degree of connection to universal values.

However, overall, they are all nurtured by the same principles and aspire to the same goals. Since this small minority is convinced that it owns the absolute truth, it considers itself permitted to force it on all of society.

Therefore its leaders and spokespersons show disdain for both the weak politicians and the basic tenets of democracy itself. They know how to exploit democratic institutions, but they ignore human rights and recognize only the rights of the Jews. Since the High Court of Justice decision on Elon Moreh in 1979, in which the court ruled that seizing private lands is illegal, they have been attacking this basic institution of Israeli democracy, the guardian of individual rights.

Despite the power he has acquired thanks to the cowardice of the government, the ideological settler always wears the mantle of a martyr, persecuted by the left-wing elite and the media it ostensibly controls. Although he controls the territories, he likes to be portrayed as a perpetual victim of leftist conspiracies. Although for almost four decades the ideological settler has created a reality about which Israeli voters have never been called on to decide, and in subversive ways has turned the military occupation into civilian control that contradicts every accepted norm in the Western world, he does not cease to cry that he has been robbed.

In Hebron a situation has been created that is a national disgrace, a genuine sin and crime : Apartheid, as legal scholar Boaz Okun wrote in the weekly Yedioth Ahronoth last week, is already here. But not only in Hebron : The situation in the territories in general and the lawless outposts in particular, along with the theft of private lands, is testimony to the bankruptcy of the state when faced with the daring of the settler and his determination not to retreat before ethical or legal obstacles. In that way the settlement movement is perforce creating daily violations of the law and a culture of violence : Ofra and Beit El may be quiet and pleasant places settled by idealists, but together with their satellite outposts, Amona, Beit Hagedud and Ofra Northeast, Beit El East and Hill 909, they have seized an area that, according to aerial photos and information conveyed to the Peace Now monitoring committee by government authorities, over 90 percent of which is composed of private Palestinian land (figures from October 2006).

Finally, I would like to make one point clear once and for all, without any connection to the attempt to hurt me, an attempt whose perpetrators could belong to any faction of the extreme right, and not necessarily the settlement movement. In three articles I wrote in May and June of 2001, one of which included a paragraph that was not properly worded, I explained my position regarding the settlers : The lives of Jews living on both sides of the Green Line are "equally precious."

And in another place : "The settlement movement is a historical disaster, but for now there are people living there whose lives must be protected." In fact, the distinction between individuals whom we must take care of as long as they are there - and the emphasis is on the dimension of temporariness - and the settlement enterprise as an historical phenomenon is essential.

I have already written in the past in this newspaper, and I repeat it today : If Israeli society is unable to muster the courage necessary to put an end to the settlements, the settlements will put an end to the state of the Jews and will turn it into a binational state.