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Fort judicieux article reçu d’un ami et que je vous invite à lire

La manipulation médiatique et l’occultation de l’essentiel (ndlr)

Attendons la même mobilisation pour toutes les autres violations des droits de l’homme ! (ndlr)

mardi 8 avril 2008

Puisque les sujets traités sur ce site concernent le Proche et le Moyen-Orient, ne nous étonnons pas seulement mais indignons-nous du fait qu’il y a une forte probabilité pour que, d’ici les prochains jeux olympiques, tous les conflits locaux menés par l’Empire, et notamment par Israël interposé, contre la Palestine martyrisée et sauvagement occupée, ne fassent l’objet que de « brèves » à la rubrique des chiens écrasés.

Le matraquage n’est pas que dans la rue !

Michel Flament, coordinateur


Chers tous,

Les remarques de ce jour portent sur le journal télévisé de France 2 de
13 h, présenté par Françoise Laborde. Cette édition, comme l’a dit la
présentatrice, a été consacrée à un seul titre : Le passage de la flamme
olympique à Paris.

Remarques :

1. A elles seules, ces 48 minutes de journal télévisé ont été
consacrées à un non-événement complet ! L’événement, ce seront les Jeux olympiques, qui auront lieu à Beijing (ou Pékin, ancienne dénomination) dans quelques semaines. Ce sera un événement comme tous les événements sportifs (Coupes du monde de football ou de rugby), avec des résultats et des records. Et ce sera aussi un événement (politique, celui-ci) en ce que ces jeux auront lieu pour la première fois en Chine. [Mais, en soi, on peut d’ailleurs se demander quelle est l’importance des événements sportifs en général - même mondiaux : en quoi modifient-ils en bien ou en mal, la vie de l’humanité ? Quelle est leur importance par rapport à une guerre, à une dévaluation, à une épidémie, à une écouverte scientifique ? Mystère...]. Pour revenir à la flamme olympique, il s’agit non pas d’un événement, mais du signe, du symbole d’un autre événement, et non pas d’un événement passé, dont on peut parler (comme de l’armistice de 1918) mais d’un événement non encore dvenu ! Il ne se passe strictement rien, la flamme n’a rien de spécial elle pourrait consumer un gaz rare), les athlètes ne se fatiguent même pas, ils trottinent placidement. En outre, le passage de cette flamme n’a rien de particulier pour les lieux (comme si les porteurs couraient au sommet de l’Everest ou au fond de la fosse des Mariannes).

2. Ce qui est fascinant, dans ce journal, c’est la disproportion entre
la vacuité de l’événement et la disproportion des moyens mis en oeuvre
pour le couvrir. Au demeurant, la télévision n’est pas avare de
« performances » de ce type : on se souvient, par exemple, de la réception des footballeurs français de la Coupe du monde (vaincus par l’Italie, tout de même...) par Jacques Chirac, et dont le bus était suivi, par hélicoptère, comme s’il s’agissait de l’arrivée d’un vaisseau spatial à
la surface du soleil (de nuit, bien sûr).

3. On a affaire ici à une opération dont l’importance ne réside que dans
la forme, forme entièrement empruntée aux événements de type violent
(prise d’otages, opération commando, délivrance d’otages, lancement des offensives américaines contre l’Irak de 1991 et 2003, attentats du 11 septembre 2001, voire accident de lady Diana, etc.), et qui, en mettant le spectateur dans des dispositions psychologiques identiques, doit l’amener à penser que l’événement couvert est de même nature et de même calibre. Et, pour ce faire, rien ne manque des habituelles ficelles : déploiement massif de police (on signale que la flamme est gardée comme un chef d’Etat), tentatives d’intervention de manifestants hostiles (Tibétains, amis des Tibétains), vues au téléobjectif (comme lorsqu’on capte, de loin, l’image de terroristes armés) et mêmes vues dans un tunnel. A cet égard, tout, dans ce tunnel, était fait pour suggérer une situation inquiétante : l’obscurité (où rôde le danger), les gyrophares, les phares, les voitures arrêtées.

Là, les réalisateurs ont perversement joué de la similitude de forme avec l’accident de lady Diana : si ça se passe dans un tunnel, s’il y a des voitures arrêtées, des gyrophares, beaucoup de monde, c’est que ça doit être grave... Puis viennent les manifestants (dont on pourrait croire qu’ils sont munis de lance-roquettes tant leur action est dramatisée) mais qui ne courent pas plus de danger qu’ils n’en font courir à la flamme olympique.

4. Derrière tout cela, il ne faut pas non plus perdre de vue l’opération
idéologique contre la Chine. Certes, la Chine n’est pas une démocratie,
certes, on y exécute beaucoup (mais les multinationales occidentales
n’ont aucun scrupule à y faire fabriquer leurs produits par des ouvriers
surexploités et les firmes occidentales à vendre leurs fabrications de
luxe aux nouveaux riches chinois). Quelque part, se glisse le sentiment
qu’on en fait trop (pourquoi à cette occasion ? Pourquoi sous cette
forme ?) Comme si les Occidentaux ne perdaient jamais une occasion de
dire que, pour eux, les pays communistes (cf. le boycott des Jeux de
Moscou en 1980) n’ont jamais eu la moindre légitimité et que les Jeux
olympiques, c’est bien trop beau pour leur « vilaine bouille ». [A quoi
s’ajoute, pour la Chine, des relents de crainte de « péril jaune »]. Ne
pas oublier qu’en 1968, quelques jours avant les Jeux olympiques de
Mexico, l’armée mexicaine avait massacré entre 200 et 300 étudiants...

5. Dans ces 48 minutes de journal télévisé, trois autres « sujets » ont
été traités : le premier au bout de 12 minutes et demi (ce qui est
énorme, quand on songe qu’un sujet de 3 minutes est déjà « long »), et il
s’agissait... de la météo ! (En clair, du retour de la neige). Le
deuxième sujet, à 19 mn 25, était la prise d’otage d’un voilier vers les côtes somaliennes. Enfin, le dernier, à 43 minutes, était le feuilleton
de la semaine : les oiseaux dans les Dombes (au nord-est de Lyon).

C’est-à-dire, selon ce qu’en écrivait Pierre Goubert il y a 30 ans, le
caractère des nouvelles d’Ancien Régime : de la météo, des faits divers
et du « divertissement ».

Du XVIIIe siècle à nos jours, on est passé du papier des gazettes à l’Internet haut débit, aux satellites, à la transmission instantanée, mais la mentalité, les préoccupations, l’univers culturel et les préoccupations psychologiques sont restés strictement les mêmes.

Du XVIIIe siècle à nos jours, le niveau d’instruction (et de onnaissance) s’est prodigieusement élevé mais nos contemporains pensent encore comme leurs ancêtres d’avant la Révolution...