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CATERPILLAR dans la tourmente

Ce n’est qu’un début

Sunday 29 May 2005

Le conflit israélo-palestinien, sujet central de l’assemblée de Caterpillar
LE MONDE | 15.04.05 | 16h05 . Mis à jour le 15.04.05 | 16h05
New York de notre correspondant

Caterpillar est devenue la cible aux Etats-Unis des organisations propalestiniennes. Ces dernières reprochent au fabricant d’engins de chantier de vendre des bulldozers à l’armée israélienne, qui les utilise pour détruire les maisons palestiniennes à Gaza et en Cisjordanie lors d’opérations de représailles.

Mercredi 13 avril, lors de l’assemblée générale des actionnaires du groupe, trois organisations catholiques, l’organisation non gouvernementale Human Rights Watch et le groupe Jewish Voices for Peace (Voix juives pour la paix) ont déposé une résolution demandant l’ouverture d’une enquête sur l’utilisation des bulldozers par Israël afin de savoir si elle est compatible avec les règles éthiques de la société.

Au même moment, plusieurs manifestations se sont tenues contre le groupe, notamment à Peoria, dans l’Illinois, où se tenait l’assemblée mais aussi à San Francisco et à Chicago devant les bureaux de Caterpillar. “Il s’agit de montrer combien l’image de Caterpillar s’est dégradée”, a déclaré Liat Weingart, directeur de Jewish Voices for Peace.

UNE RÉSOLUTION REJETÉE À 97 %

La direction de Caterpillar, opposée à la résolution, a obtenu gain de cause : le texte a été rejeté à 97 % par l’assemblée. Les arguments de James Owens, directeur général du groupe, ont porté. Il a expliqué qu’il ne vendait pas d’engins militarisés et n’avait “ni le droit ni la capacité de suivre ou de contrôler l’utilisation de ses équipements dans le monde”. M. Owens a ajouté que les bulldozers utilisés par l’armée israélienne sont commercialisés via le Programme de ventes militaires à l’étranger, directement géré par le département de la défense.

Des organisations juives pro-israéliennes, comme le Congrès juif américain et StandWithUs (Soutenez-nous) l’ont soutenu, jugeant “injustes” les pressions économiques ainsi exercées contre Caterpillar car elles ne tiennent pas compte du terrorisme palestinien.

A l’opposé, l’Eglise presbytérienne (3,6 millions de membres) et l’Eglise méthodiste unie (8,4 millions) se sont montrées critiques. Mais l’Eglise presbytérienne a créé en 2004 une commission pour s’assurer que les 8 milliards de dollars qu’elle a investis à Wall Street le sont dans des sociétés américaines ne “soutenant” pas l’occupation israélienne.

Malgré le rejet de la résolution, Caterpillar n’en a pas fini avec le conflit israélo-palestinien. La famille de Rachel Corrie, activiste américaine de 23 ans tuée il y a deux ans à Gaza par un bulldozer israélien, a engagé des poursuites contre la société pour “crimes de guerre”.

Eric Leser
Article paru dans l’édition du 16.04.05