13/5/06 à 20h Concert AMNESTY International

Amnesty International est connu pour son engagement en faveur des Droits de l’Homme à travers ses grandes campagnes internationales (demande d’un traité international sur les ventes d’armes légères, campagne contre les violences faites aux femmes).
Une autre facette de son combat pour le respect des droits fondamentaux de personnes individuelles ou de groupes d’êtres humains dans divers pays est certes moins visible mais elle mobilise de nombreuses personnes réunies dans des groupes d’Amnesty partout dans le monde.

Sur Strasbourg et ses environs, un Groupe (le groupe 191) multiplie depuis 2002 les occasions de présenter le sort des journalistes emprisonnés en Erythrée depuis septembre 2001 en vue d’obtenir leur libération.

Le 13 mai 2006 à 20H en l’Eglise d’Entzheim, c’est un concert donné par les musiciens et les chœurs du Bon Tempérament qui leur sera dédié*.

Rappelons brièvement la situation en Erythrée.
Petit pays de la Corne de l’Afrique situé au bord de la Mer Rouge entre le Soudan et l’Ethiopie, l’Erythrée a acquis son indépendance de l’Ethiopie en 1993 après 30 ans de guerre particulièrement meurtrière.
En 2000 après une nouvelle guerre de frontières entre ces deux pays, plusieurs membres du gouvernement ont demandé la mise en œuvre des réformes démocratiques prévues dans la Constitution érythréenne et un système politique multipartite avec des élections libres et équitables.
En réponse, le Président de l’Erythrée Issayas Afewerki a fait arrêter le 18 septembre 2001, à Asmara, la capitale, 11 membres d’un groupe d’opposition au motif qu’ils avaient publiquement critiqué le président et appelé au respect du droit et la justice.
Le jour même, les autorités ont fermé tous les journaux indépendants. 10 journalistes de renom ont été arrêtés par la police pour avoir écrit au ministre de l’information et protesté contre l’arrestation des 11 dissidents.

A ce jour, ces journalistes n’ont toujours pas été déférés à la justice ni accusés d’une infraction prévue par la loi. Nous ne connaissons pas le lieu de détention de certains.

Classée avant-dernière dans le classement mondial de la liberté de la presse réalisé par Reporters Sans Frontières (juste avant la Corée du Nord), l’Erythrée est actuellement l’unique pays d’Afrique où la presse indépendante est inexistante. Toujours selon Reporters sans Frontières, c’est la plus grande prison pour les journalistes en Afrique.

Après les journalistes, des diplomates érythréens, des fonctionnaires, des hommes et des femmes d’affaires ont été emprisonnés, souvent dans des conditions insoutenables (dans des conteneurs métalliques sans sanitaire).
Beaucoup ont quitté l’Erythrée pour se réfugier en Europe et aux Etas-Unis.

Depuis 3 ans, règne également un climat de persécution religieuse à l’encontre de toute personne n’appartenant pas à l’une des 4 religions officiellement reconnues (Église orthodoxe, catholique, luthérienne et l’islam).
Ainsi, ce sont au moins 26 prêtres et pasteurs, quelques 1750 membres d’églises évangéliques ainsi que des dizaines de musulmans (sous le prétexte qu’il s’agit des terroristes) qui ont été placés en détention et souvent torturés.

Cette situation déplorable des droits de l’homme en Erythrée, dénoncée régulièrement par les défenseurs des droits humains et dans les Nouvelles d’Addis, a fait l’objet d’une résolution du Parlement Européen qui "condamne fermement toutes les violations des droits de l’Homme en Erythrée" et "appelle les autorités du pays à faire respecter les droits de l’Homme et les conventions internationales, à coopérer pleinement avec les organisations internationales et non gouvernementales de défense des droits de l’Homme".

La déclaration de Yemane Gebremeskel, directeur de cabinet du président érythréen à l’Agence France Presse (19/11/2004) : "Cette résolution est extrêmement déplacée. Le Parlement européen ne connaît pas les faits mais endosse tout ce que dit Amnesty International, qui n’a pas de présence en Erythrée" confirme qu’aucun pays n’a plaisir à être montré du doigt.

Cette déclaration après 3 années de silence du gouvernement érythréen comme chaque libération - la dernière en date étant celle de la journaliste Saadia Ahmed, qui à 24 ans était la plus jeune journaliste emprisonnée dans le monde - nous encouragent à poursuivre nos actions, nos collectes de signatures de pétitions. Nous voulons contribuer à ce qu’un jour tous les Erythréens emprisonnés pour leurs opinions recouvrent leur liberté physique et leur liberté d’expression.

* au programme : Musiques Juives d’orient et d’occident et autour de la Musique Baroque : Vivaldi, Haendel et Zipoli.