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Constitution européenne - Campagne mai 05

"Over-ouralisée", l’Europe glisse vers le "non" en France...

mardi 24 mai 2005

Contrairement aux prétendues critiques fustigées à l’égard du citoyen français européen qui votera « non » à son référendum national, cette option ne reflète pas un courant d’eurosceptiques qui tourneraient le dos à l’histoire commune de leur continent massacré plus d’une fois.

Au contraire, le « non » fait contraste à un « oui » sorti d’un marché linguistique autour duquel intellectuels et hommes de pouvoir se tournent ensembles vers un multiculturalisme de façade afin d’instituer « l’impérialisme de la raison néolibérale » qui vise à masquer la finalité de ses buts par l’élaboration d’une rhétorique technique basée sur les langages administratif et judiciaire certainement les mieux aptes à troubler de leur prétendues sérieuses formulations, la capacité d’évaluation de la majorité des individus qui n’appartiennent pas à l’alliance scellée par les théoriciens avec l’idéal de l’économie de marché.

Finissant par n’y comprendre plus grand-chose à la lourdeur des formulations, l’électeur commun finira par acquiescer en se vouant aux promesses d’avenir que ne cessent de vanter les portes paroles du « oui », redemandant presque à genoux la reconduite d’une confiance qui n’a jamais été autant remise en question qu’en cette dernière ligne droite concernant l’adoption de la ratification du traité en constitution. Ou peut-être qu’alors subitement la prise de conscience à l’égard d’une Europe également possible sous conduit d’autres préceptes se dresserait de son « non » suite à l’émergence d’une critique nourrie d’une véritable réflexion politique, enclenchée par la motivation à l’ouverture d’un vrai débat politique autour de la question européenne, en considérant chacun de ses rouages non figés dans une vision simplement marchande mais en prenant à la base l’institution européenne comme une forme de pouvoir où se magnifient les élites parlantes des politiques à sens unique. En proie à « une ruse de la raison impérialiste » cette Europe s’emballe vers l’hyper croissance qui résultera des possibilités qui s’offrent à l’ouverture des marchés et à la libre circulation des marchandises, dussent-elles être humaine, l’Europe n’en sera que plus humaine nous affirme-t-on ! Dans l’élaboration de ce que Pierre Bourdieu appelait « la nouvelle vulgate planétaire » (article paru dans Le Monde Diplomatique de mai 2000, p. 6 et 7, co-écrit avec Loïc Wacquant) il est difficile d’y voir clair dans cette novlangue politico linguistique instrumentalisée par des rhéteurs au service de la rentabilité qui relèguent au second rang la problématique humaine soumise au défit européen propulsé sous l’action d’une dérive droitière voyant là l’aubaine propice à y installer ses traditions et son conservatisme, enfin satisfaite, de sans doute parvenir définitivement à faire taire son ennemi de classe historique, à savoir le frère prolétaire…

Au fur et à mesure que l’on s’approche des échéances électorales la Cour « soap money » ne semble plus faire la prétendue unanimité dont elle était l’apôtre. Au fil des rencontres on s’aperçoit assez nettement qu’il semblerait que cette pauvre Europe (humaine, pas matérielle) attend l’heure de sa révolution copernicienne à force d’essayer de la projeter vers un avenir présenté comme des plus certains tout en l’argumentant en la faisant remonter jusqu’aux Aristote, La Fontaine, saint-simonisme à l’appui alors que l’opprobre est jeté sur un chiffon rouge qu’on agite pour faire peur mais qui n’en est pas un puisqu’il désir aussi poursuivre l’Europe mais sous une autre forme, une fois que sera tombé le bandeau noir qui les rend aveugles tout en les faisant sortir de l’histoire. Que l’unanimité, l’acceptation l’emporte, il faudra bien se remettre au boulot comme disait l’autre et regretter que VGE remplaçât notre Jacques Delors certainement meilleur spécialiste pour l’orchestration des travaux, regretter que la question se conçoive d’après un schéma évolutionnaire tout tracé, remaniable et restant, en ses fondements quand même sensiblement semblable à ce qu’il ne peut dépasser alors qu’il devrait se considérer au fil des temps qui traversent l’Europe comme la ferme décision d’abandonner le modèle économique le plus mauvais mais ils disent qu’ils ne connaissent que celui-là (il n’adapte pas à son temps, il le clos) et le temps qu’on nous prépare est des plus obscur puisqu’il permettra à quelques uns de poser une unité économique pour en récolter 7, 8, 15 sans en laisser la moitié au moins dans le pays où le ponctionnement s’effectue sachant qu’économiquement ce pays « partenaire » se suffira amplement d’une ou de deux unités économiques en « échange » étant donné le creux paritaire de son économie de départ qui le sépare des nations thésaurisatrices. Inférieures au départ ces petites nations le seront à l’arrivée et l’établissement des prétendues règles communes ne fait que transmuer les idées de fossoyeurs en une législation embusquées de Rapetouts. En votant « non » le citoyen européen ne cherche à exclure personne mais invite à réfléchir sur une certaine désapprobation à l’égard des vues globales que proposent les textes distribués. Elles sont crédibles ces avancées, les solutions proposées. Mais elles ne doivent pas être que cela. Il ne s’agit pas de rompre avec le capitalisme - encore qu’on se demande si on ne finira pas par y arriver - mais de trouver des contre poids, un balancier qui devrait être revu à la baisse, mis à bas pour que l’ensemble de l’humanité puisse s’en tirer par le haut, dit rapidement. On ne peut dire qu’une République est une et indivisible lorsqu’il y a une telle disparité entre riches et pauvres donc il n’y a que par le « non » qu’individuellement chaque citoyen européen riche ou pauvre trouvera son équité, son éthique et sa biologie politique. L’Europe des droits et du mieux quelle puisse être, dont le « oui » les résumerait en un seul unique et indivisible, ne peut que s’obtenir qu’en passant par ce « non » apparemment temporaire mais d’une meilleure longévité - ils brûleront la terre à la vitesse à laquelle ils escomptent la développer cette Europe over-ouralisée - puisque doté d’une multiplicité représentative massée majoritairement dans les tréfonds de pauvretés montantes et abstentionnistes, quant aux non-inscrits, dieu sait ce qu’il advienne d’eux ni comment les faibles majorités issues des urnes daignent les considérer entre prisons, psychiatrisation (ah ! Cette médecine de 35 qui se survit des passéismes qui l’ont générés) et décès prématurés par manque d’assistance.

La farandole développée autour du « oui » réaffirme une fois de plus que ce qui se lit entre les lignes ne peut pas être écrit ni dit. Car on en aura lu entre les lignes depuis les grincements de dents qui ressortirent du refus de certains militants socialistes de s’adjoindre à cette absurde soumission majoritaire qui fait des prétendues démocraties des régimes bien plus totalitaires qu’on ne le pense, que certains n’osaient espérer. Visant à faire prendre conscience aux dirigeants du développement d’une crise politique au sein de laquelle quand même 40% des militants expriment l’inadéquation de leurs réflexions avec les décisions prises par les programmes de la direction vis-à-vis desquelles ils se sentent de plus en plus éloignés, les estimant de plus en plus orientés à servir également une certaine élite. Une élite devenue majoritaire par la consultation interne du vote des militants et un parti qui bien entendu sait se tourner vers les pauvres gens mais pas trop en tous cas pas en remettant - comme le voudrait toute définition de l’engagement politique - en question le modèle économique qui laisse tant de souffrances et d’inégalités derrière lui malgré les multiples adaptations, avancées et remodelages (appelez cela comme vous voudrez) qui lui sont apportés pour lui permettre de poursuivre tant bien que mal son évolution. La crise interne du Parti Socialiste ressemble à toutes les manipulations successives dont la gauche fut la victime en son évolution (un siècle tout de même, mais deux siècles pendant lesquels rien n’a changé dans les principes de base) puisque acceptant à chaque fois sa participation à un modèle économique qu’au départ elle est censée combattre ou du moins réfréner. Avec 18 pays plutôt à droite sur l’ensemble des vingt cinq, voir chez certains pas loin de son extrême, l’avenir européen a de quoi mettre en confiance l’illusoire prospérité temporaire qu’il nous propose sous couvert d’excuses transformées en arguments aussi sots les uns que les autres lorsqu’ils utilisent des notions de « croissance négative », « cadres, règles » superbes serviteurs du capitalisme, inégalitaire par définition. Conduire et ne pas désavouer une Europe dominée par des pouvoirs droitiers co-signe d’une main de maître le droit de crever et de se taire sous le capitalisme convenant à un nombre plus ou moins restreint des principaux acteurs qui l’animent.

L.CH

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