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Une Europe possible passe par le "non"

L’Europe autour du "non"

De la maison des syndicats au "non" qui l’emportera...

mercredi 18 mai 2005

Pour l’instant, c’est « non » !
J’aurai encore voulu pouvoir écrire maints articles aussi biscornus que le texte de la Constitution mais plus percutants que le débat dont le sommet de l’hilarité demeure cette notion de compatibilité droite / gauche - et dire qu’« ils » prennent cela pour une victoire - mais plus trompeuse aussi l’appellation de « croissance négative » ! Non ! Décidément le capitalisme a perdu la boule…

Alors pour rester en dehors de la blague, on aura beau dénoncer une Europe qui danse sur une jambe de bois et ne regarde que d’un œil quand ce n’es t pas que d’une seule partie du cerveau qu’elles réfléchissent ces droites réunies en une seule par sa même extrême ; encourager au « non » du Jour humain, décrier l’importance accordée au rôle de la France au moment où il faudrait penser en terme d’Europe et savoir dépasser le principe de la notion de nation comme si notre pays ne pouvait se permettre, ne se devait en aucun cas de partager cette supériorité, de constater qu’il ne s’agit finalement que d’un « oui » à l’envers donc doublement d’un « non » pour effacer le manque de conscience politique qui ressort des partenaires du « oui » opposés dans « leur » Europe à une ferme volonté de réellement changer les visées contextuelles et textuelles que le capitalisme cherche à infliger à ce continent à travers une Constitution qui ne fait pas l’unanimité mais qui dors et déjà, quelque en soit le résultat, remportera sa partie d’une faible marge entre un faible « oui » et un « non » que les sondages présentent comme plus costaud.

Saura-t-elle cette Europe entendre les orientations et les revendications des mouvements vraiment à gauche dont il est pour l’instant assez difficile d’évaluer de près les pourcentages électoraux ou préférera-t-elle poursuivre une route capitaliste pavée de bonnes intentions mais dont les résultats concrètement sur le terrain inspirent le pessimisme suite aux dangers de déséquilibres qui risquent de frapper chaque pays ? Il ne s’agira pas lorsqu’il faudra aller voter de choisir un programme à la carte de gestionnaires européens mais d’élire un programme de sécurité humaine qui soit plus vivable que les précédents, une charte de protection de la planète par rapport aux surmenages qu’elle se voit infliger par un rythme capitaliste devenu destructeur sur de nombreux domaines sous l’effets de dérapages technologiques, bios éthiques et « militarifiés ».
Du « oui » socialiste issu des courants socio démocrates ou socialistes libéraux également inscrits dans le schéma de la poursuite des politiques que nous avons vécues jusqu’ici se découvrent en réalité des sympathisants de gauche d’une faible teneur déjà rachetés par le libéralisme, démocratique lui aussi ; on voit derrière,se poindre la concrétisation d’une conscience politique réellement vouée au sort de tous et non pas d’une élite gestative agissant le plus souvent cachée qu’à visage découvert. Entre une gauche qui chamaille le « oui » ou le « non » et une droite pas forcément unanime, nul ne peut proférer ce qu’il adviendra du scrutin ni les arguments nouveaux qui pourraient y être ajoutés. La preuve en est cette antépénultième boutade envoyée par l’un des courants affilié à l’UMP et à sa libérale démocratie auprès de ses jeunesses subitement orientées vers le « non » certainement au cas où… celui-ci venait à l’emporter ! Là on frôle un cas limite et isolé de la bêtise idéologique et propagandiste mais après tout Jacques Chirac était bien un sympathisant communiste dans sa jeunesse, certainement par goût de l’infiltration pour mieux les exterminer et faire taire leurs rêve égalitaire. Le « non » m’apparaissant comme plus convainquant politiquement que le « oui » qui ferait bien de faire sien l’adage de Chirac à propos de l’assimilation à une moutonnerie de noirauds (c’te nouille de l’obscur), je voterai par conséquent « non » dans la perspective de rallier la cause de programmes politiques européens plus efficaces en terme d’égalité qu’en prose économique.

Et pourtant j’ai cru au « oui » par naïveté et condescendance globalisante. Mais voyant se multiplier les exposés contradictoires et de compromissions dès lors qu’un socialisme à faible teneur, une gauche margarine, oublie la base de son existence, la raison sociale de son existence en ne donnant pas de fauteuil en ses rangs aux représentants des plus basses couches de la société, le prolétariat international - encore que, nous apprend-on d’une de ces sources d’information à forte marque d’orientation idéologique, la masse ouvrière glisserait actuellement à droite ( ? !) - pour finalement espérer se tirer vers le haut sans son bas et enfin patauger dans une hypocrisie politique affligeante au mépris de la moindre décence historique. Lorsque j’envisageais l’Europe je me rendit rapidement compte que politiquement cela poserait des problèmes aux vues des expériences de cohabitation qui mirent leur temps à décanter au fur et à mesure que l’on tournait les pages de la mémoire prétextant l’urgence d’un changement nécessaire mais toujours plus orienté à droite. Certains pays sont censés obtenir de nouveaux droits de part leur entrée dans l’Union européenne alors que dans ceux où ils existent déjà on ne leur apporte aucune amélioration ; il faut parler ici de stagnation des droits, voire dans certains cas de régression alors que quasi unanimement les courants 100% à gauche d’Europe demandent effectivement à la France d’opter pour un « non » sévère peut-être mais certainement pas dangereux. En tous cas cette demande pose un argumentaire rafraîchissant la question du retour au politique capable d’apporter des programmes efficaces pour un vrai changement en réponse aux maintes situations de recommencement toujours rencontrées à chaque renouvellement des alternances qui se croyaient alternatives, aux uniques aptitudes à dépasser une rivalité politique réduite à se taire et à subir les règles d’un capitalisme exigeant, redevable qu’à ceux qui lui appartiennent, ne sortant jamais de sa caverne de l’investissement et du profit (pour la répartition tout est déjà prévu), vouant désespéramment et définitivement la société à des formes d’esclavagisme sophistiquées et évoluées aux prorata des améliorations qu’il espère apporter encore à son système social. Cela fait plus d’un siècle que la classe ouvrière se déchire entre une récupération droitière et l’oubli de son destin international historique qui devrait lui léguer la direction et l’utilisation de ses moyens de production… La gauche doit parler pour la gauche et non en faveur de la poursuite des régimes droitiers, question que n’a jamais soulevé les débats de l’après guerre de 1945. Le « oui » de gauche vendant son humanisme au plus offrant ne peut-être acceptable aux yeux du cercle des appartenances politiques et ne fera que perpétuer le règne des misères qui noircissent ce monde. Dès l’abandon des forces communistes, alliées gouvernementaux des débuts de l’Elysée socialiste, je ne pouvais que me demander si ce socialisme était réellement de gauche… On en aperçût les finalités qui sont strictement les mêmes que son opposant droitier dès lors qu’elles sont considérées sous l’aspect des carriéristes, des ambitieux, bref dès lors qu’elles sont prises dans leur forme personnelle et non pour la parole des représentants qui les ont élus. La gauche européenne, amoindrie dans son « oui » autour de Schengen, a la piètre figure des espoirs avortés du mouvement qui l’a fit majoritaire à une époque. Laissons-là, à ce moment de l’histoire s’embourber dans ce capitalisme qu’elle a toujours convoité pour sa poche perdant de ses fondements pour rallier une sorte de moyenne bourgeoisie qui malheureusement n’est pas devenue plus nombreuse que le socle historique qui constitue les forces de la gauche représentative de la couche sociale la plus nombreuses ne visant pas qu’à soutenir des sous couches elles-mêmes exploitantes attitrées du prolétariat. Chercher ici la raison d’une brouille syndicale et la distance entre l’électeur et son élu n’explique pas tout mais évoque les problèmes que soulève l’utilisation de médiateurs. C’est là un problème de liaison par le haut, situation inacceptable au sens où elle établie une relation de distanciation avec les revendications et leur prise en compte par les instances décisionnelles de la direction. Ce décalage abusant du facteur horaire qui se compte en journées de retrait de salaires dénombre un temps de grève qui prédispose à la mauvaise image et à la méfiance des ouvriers enclins à se soumettre au patronat récoltant ainsi fièrement la victoire de son organisation du travail inscrite dans l’assommante abnégation au pouvoir qui caractérise le capitalisme dans la planification de ses prises de bénéfices.
L’Europe que nous propose la Constitution désireuse ardemment entrer en vigueur comme prévu perdrait par l’essence même de ses visées toute possibilité d’ouverture au débat politique, écrasée par l’outrecuidante supériorité d’intérêt voué au tout économique.

Le fond du projet constitutionnel lu entre les lignes et considéré après de nécessaires explications de texte n’est pas l’établissement d’un cadre des convergences sur l’idée européenne mais le boulet traîné par des politiques des habitudes supplantées par une bonne dose de conservatisme primaire qui prétendrait conduire l’individu vers la liberté. Honneurs ne seront rendus qu’aux personnages rentables hors desquels point de société ne serait possible. Dire « oui » reviendrait à accorder une irréversible victoire au bloc des droites sur l’ensemble du territoire européen et se voiler la face sur ce que ces droites cachent derrière leur multiplicité unifiée par son extrême ? Du pouvoir, que du pouvoir que même les socialistes à faible teneur leur envieraient parfois, abandonnant son frère prolétaire à de fausses nécessités historiques. Du pognon aussi parfois quand la conjoncture économique est favorable grâce aux éclosions de guerres de territoires dissimulées par le nouvel ordre mondial dont l’Europe fait partie et la différence n’est pas énorme au regard de ses prétendues différenciations…

Lors de la guerre en Irak, celle-ci était quoi qu’en dise le particularisme français, partie prenante et intégrale au conflit armé puisque Polonais, Italiens, Géorgiens me semble-t-il aussi appuyèrent de leurs effectifs le corps expéditionnaire américain. Ces alliés européens des Etats-Unis ressemblent à des envoyés spéciaux dépêchés là en éclaireurs prêts à s’allouer une part d’intérêts financiers que leur apporterait pareille démarche incluse dans une Europe désireuse de reluire dans ce nouvel ordre mondial qui concerne l’économie dominante mais pas l’ensemble de l’humanité si ce n’est plus d’une moitié au moins soumise à ses volontés. Dans ce contexte on ne voit vraiment pas à quoi sert l’Europe mis à part qu’elle contribue de tout son poids à en préserver certaines spécificités propres à rompre les équilibres pour forcer de son règne adroit toute méfiance à son sujet qui la concernerait. Le « non » supprime cette possibilité de collaboration puisque son principe fondamental est de préserver la paix et non de créer des guerres pour la faire. L’Europe s’est déjà faite avoir deux fois et ce traité constituerait la troisième de ses erreurs, confrontée qu’elle a toujours été avec la légère majorité droitière qu’elle poursuit. Se tirera-t-on vers le haut ou plongera-t-on vers le bas une fois institutionnalisé Schengen et tous les accords inégalitaires qui en découlent.

Un peu d’histoire…
Léon Blum en octobre 1936 au Congrès de Toulouse rappelle les questions soulevées par l’internationalisme socialiste aux quatre coins de l’Europe. Lorsqu’il évoque le socialisme international qui pratique l’indifférence à l’égard de la grande classe patronale il est extrêmement contemporain, plus encore lorsqu’il parle d’une « démocratie intégrale - sociale » comme une demande de débat et aurait certainement frémi à la possibilité, à la chance qu’auront les Français à dire « non ».

Caracolant d’abord en tête des sondages - ces sortes d’audit de l’opinion publique parfois transformé en organe de manipulation -, le « non » s’est vu rejoindre au coude à coude pour se voir dépasser d’un cheveu avant de repasser finalement largement à la faveur des électeurs avec un remarquable 54% d’avis favorables. Les interventions télévisées pour le « oui » des personnalités que sont Lionel Jospin et Jacques Chirac n’auront eu qu’un temps passé l’effet d’une rêverie temporaire que la réalité de la vie aura bien vite fait oublier. Présentée comme un « europassik park » d’une nouvelle classe politique émergeante,il faut se rappeler de cette Europe à l’histoire toujours en construction un discours de Mitterrand fortement imprégné de la notion de rupture avec le capitalisme lors des décisions pour Mastricht dans lequel il n’hésitait pas à formuler une conception européenne « pas à l’image du Premier ministre italien, pas à l’image… » ainsi qu’une intervention de Georges Marchais ne faisant rien d’autre que d’imposer le référendum pour ne « pas accepter des abandons de souveraineté nationale », flairant avant tout le monde l’instrument digne du pire des pillages capitalistiques, pour ne pas sombrer dans une notion de bon sens trop rapidement établie qui finalement tue le politique. A l’époque des débats sur Mastricht Jacques Chirac était partagé entre « la disparition, la négation même de notre constitution », exigeant que l’ampleur de cette réforme soit soumise à référendum et conduira à des changements politiques.

Il est quand même du domaine de la stupéfaction de se rendre compte à quel point les hommes politiques auront fait les girouettes dès lors qu’ils durent se prononcer, voyant certains d’abord « opposés » puis « pour l’Europe », tantôt figés dans l’immobilisme tantôt décidés à changer les choses, d’autres étant plus réservés, se fiant à l’inéluctabilité du développement des marchés ou cherchant désespérément un compromis entre sociaux démocrates et ultra libéraux encore en discrédits sur les finalités fédéralistes ou unionistes. S’attaquant à toutes les formations politiques le débat européen fait des dégâts une fois qu’après la période de 1981 à 1983 les réformes étaient conduites par la France malgré les positions divergentes par rapport à d’autres partis socialistes européens. A cause de problèmes inflationnistes, finalement le ralliement au SME se fera (Fabius rejoignant Mitterrand dépassant ses réticences premières) et la gauche se rend compte qu’elle ne peut plus penser l’Europe de son unique point de vue, elle doit dorénavant tenir compte des autres socialistes européens mais le sont-ils réellement ou ne dissimulent-ils qu’un socialisme à faible teneur, du socialisme réduit en quelque sorte à rester au service de la droite ?

Dès l’instant où le « non » repasse en tête des sondages au moment où démarre la campagne officielle du tour d’antenne des leaders politiques se soulève la déferlante de menaces qui laisse entendre qu’il n’y aurait pas de plan « B » ou « D » en cas de victoire du « non », que « ce serait une catastrophe si le oui ne gagnait pas » (raison de plus politiquement pour voter « non ») sans parler de la plus significative de toutes lâchée par un François Bayrou en pleine divagation saisit face à un auditoire d’étudiants de Sciences po à Lille d’un « c’est plus de quarante jours qu’il pleuvra si le traité n’est pas ratifié… » et les trop lourdes « il serait préférable de voter oui » ; on constate avec quelle rigueur et quelle satisfaction invétérée les législateurs de cette Constitution voudraient appeler du bons sens la clôture de leurs travaux que scellerait l’adoption du projet de ratification du traité constitutionnel de l’union européenne. Seulement si c’est pour poursuivre une œuvre entamée en la faisant dériver de plus en plus à droite et fournir aux citoyens européens un catalogue de banalités, un cadre législatif nécessaire tant le foutoir doit être effarant, pour que se creusent les sociétés inégalitaires dans une Europe ridée par le nationalisme rampant qui la tanne ; il vaut mieux remettre à plus tard et congédier des travaux aux faibles espérances, une fois que seront mises par écrit un flux de revendications qui marquerait de son seau des populations réellement unies et non plus seulement des Etats qui poursuivront les mêmes exploitations si ce n’est en pire. On dépasse le politique prétendraient-ils pour défendre le projet de Constitution, on ne parle plus en terme de classes sociales et encore moins en considération du prolétariat alors qu’il ne cesse de signaler sa présence à chacune des catastrophes qui l’affectent et on en perd ses politiques de gauche pour se retrouver dans la situation d’une véritable crise du politique dans laquelle l’Europe tente de brouiller les repères. Alors faisons de la politique par un « non » de masse qui remettra les politiques face à leur responsabilité et permettra de se poser la question du décalage dont ils font preuve par rapport aux électeurs qu’ils représentent. Pour qu’il y ait plus d’efficacité en politique, la démocratie ou ce qu’il peut encore en être sauvé ordonne de voter « non »…
Une Europe qui avance à l’abandon de son frère prolétaire soumis aux mêmes arnaques de la récupération des droites militaires nous a déjà montré deux fois de quelle manière elle était capable de sombrer. L’uniformisation rapide ou progressive vers le capitalisme avec la somme des politiques que cela développe - jusqu’à refaire passer la Russie démocratique d’un Gorbatchev à un dirigeant issue de la classe militaire sans penser aux projets nationalistes populistes visés par la Bulgarie impatiente de faire son entrée au 1er janvier 2007 - ne préfigure pas de la meilleure des stabilités, n’encourage pas d’accorder plus loin notre confiance à une politique européenne dont les finalités iront à sens unique ni d’adhérer de près ou de loin à une Constitution qui mettrait en péril l’existence de la gauche dans des pays voisins. Dans ce cadre le « non » rappelle, invite et encourage à voter pour une autre Europe, une Europe qui serait différente de celle ambitionnée par les affairistes, une Europe qui irait encore plus loin dans sa conception humanisante puisque tel est l’un de ses buts revendiqués. Durant la campagne électorale - ils voulaient de la politique dans le débat, ils en auront eu -, le « non » a montré qu’il n’y avait pas qu’une Europe économique des marchés, cette Europe du libéralisme encouragée puis remise en question pour finalement être complètement décriée. Au fil de la vigueur qu’il aura pris, ce « non » aura fait comprendre qu’il demande que ce projet s’inscrive sur une autre échelle de valeurs que celle trop habituellement mise en avant sous l’argumentaire capitaliste car inutile de se leurrer mais une Europe qui avancerait sans que ne soit maintenue et préserver une solidarité prolétarienne est une Europe vouée à l’échec, une Europe qui court à sa perte, une Europe dans laquelle la société ne verra plus que le nœud coulant du capitalisme la pendre. Cette Europe de l’étranglement avec suffocation des plus pauvres à la clé n’est jamais évoquée que par des « nous nous en occupons, cela suivra, l’économique et le social avanceront ensemble » alors que si jusque là, rien de palpable de leurs efforts n’est remarquable ou si peu, pourquoi l’Europe constitutionnalisée permettrait d’améliorer cette situation au terme actuel où est considérée la main d’œuvre volante, flottante mais néanmoins bon marchée que convoite l’ensemble du marché européen prêt à licencier massivement dès que ses bénéfices seront compromis.
Alain Krivine est venu mercredi soir à la Maison des syndicats rappeler aux militants les raisons et la viabilité d’un « non » européen…

Entouré d’hommes à l’expérience européenne certaine, Alain Krivine et la Ligue Communiste Révolutionnaire ont saisi dans ses incohérences le projet de Constitution européenne dont ils nous font contempler tout le désastre à venir même si sur le plan de la culture et de l’économie - essentiellement - l’avenir paraît sommes toutes relativement clément et protégé, socialement la donne n’est pas tout à fait la même lorsque les pays appliqueront la Constitution européenne et ceci d’autant plus qu’un pays concerné appartienne à ce terme d’une étrange cryptographie inventé là pour faire appartenance et qui s’intitule la croissance négative auquel cas le bénéfice européen sera quoiqu’il arrive de toutes façons réduit au maximum ou a une croissance positive qui pour être faible - deux, trois, mais plutôt un % de croissance pour rester proche d’une certaine réalité - restera au mieux de son bilan nettement en dessous des espoirs suscités.
Si les partis politiques ne s’accordent pas unanimement au sujet de la conduite à adopter face à l’adoption de la ratification du projet de traité constitutionnel relatif à une législation sur le programme commun de l’Union européenne, le débat, si débat il y a mais il semblerait que nous assistions à des séances de marketing européen avant l’heure tant les problèmes de fond apparaissent détachés et oubliés des enjeux d’une Europe restant rentable si le « oui » l’emporte pour le patronat international au lieu de servir les peuples auxquels on quémande ou plutôt on ordonnerait presque d’adopter la ratification, et bien ce débat aura eut le mérite de faire se dessiner une vraie gauche retrouvée avec une pensée définitivement en rupture avec le projet capitaliste de société et les politiques de droite en particulier. Si le « non » venait à l’emporter et il y a de fortes chances pour que cela se fasse même si ce « non » n’intéresse guère les projections des profits qu’escompte tirer de cette Europe la classe patronale et dirigeante faisant de cette Europe « leur » Europe ; cette désapprobation d’une vraie gauche réorientant son regard vers une vraie politique marquera la fin de l’ère politicienne des dinosaures.

Commençant le tour de tribune par une lecture d’un message de David Wagner le porte-parole de la Gauche luxembourgeoise qui, mis à part le fait de s’excuser de son absence, voit dans le référendum « une importance capitale pour l’ensemble des couches sociales et des secteurs en lutte en Europe » ni « un non de chauvins ou de nationalistes », c’est avec Dirk Spöri le représentant de l’alternative de gauche en Allemagne (Wahlalternative du Bade Wurtemberg) que débute un exposé sans cesse prenant la question européenne sous l’angle d’autres centres d’intérêts que ceux affichés par la majorité des gouvernants. Du neuf alors dans la discussion sur l’Europe ? Autre chose que le préfabriqué commerciale qu’on nous mitonne ? Certainement.
Le lendemain, son pays décide de l’adoption du projet au Parlement et il n’y a pas de référendum alors que pour pas mal d’Allemands cette constitution n’est pas démocratique en partie pour ce qui concerne le travail et la justice sociale. Dans le sillon de Günter Grass qui nous demande « quelle Europe veut-on », répondent d’un commun accord que celle-ci ne peut concerner uniquement ces quelques riches d’Allemagne pendant que la Constitution laisse s’appauvrir le peuple allemand. De plus qu’en prévision de l’Agenda 2010 et sous le couperet de la déclaration de Lisbonne, l’Allemagne traduit par l’exemple tous les risques de cette Constitution puisque ce pays connaîtrait des changements fondamentaux notamment en ce qui concerne une modification dans la taxe sociale et bien d’autres attaques sociales sans précédent en Allemagne au risque de connaître « la crise sociale la plus grave depuis la République de Weimar » car le projet de loi constitutionnelle mettrait tous les chômeurs dans la pauvreté et ne garanti pas à ce pays la capacité d’être compétitif. A l’intérieur cela nécessite un capital tandis qu’à l’extérieur il faut recourir à des moyens d’intervention que la casse du service public risque de compromettre. Rappelant ensuite que des soldats allemands sont en Afghanistan et qu’au Soudan ce sont les premiers sur le terrain il mentionne qu’à leur retour ils affirment établir la pauvreté mais pas la démocratie pour en venir sur l’obligation d’inscrire le programme militaire dans une continuité de progrès ce qui pour un avenir meilleur est sans intérêt. Mais au plan social en Allemagne, bien des points de luttes sont similaires aux problèmes français si l’on tient compte des récentes revendications chez Opel, la question du temps de travail et les manifestations de chômeurs en baisse par l’infiltration d’un manque de perspectives politiques et à Dirk Spöri de nous inviter à la « recherche d’une alternative à la politique anti-sociale et néo-libérale » pour s’opposer à un capitalisme en mal de fonctionnement dans une Allemagne où l’on commence à parler de lutte des classes pour la première fois depuis fort longtemps. Le modèle de base remis en question c’est à la fragilité politique de l’Allemagne que le « non » français ferait du bien car la situation est plus qu’apeurante avec un parti fasciste d’extrême droite qui bondi d’une dizaine de pour cent en avant et que dans de nombreux secteurs les scrutins ne donnent plus au SPD qu’un maigre pourcentage d’avance sur ce même NPD, parfois seulement 1%. C’est donc « contre le nationalisme et contre le projet néo-libéral » que Dirk Spöri est venu demander aux Strasbourgeois et à la France entière de voter « non » à une Constitution dont l’Allemagne à tout à craindre.
Abordant avec Pierre Vanek la différence helvétique sous l’œil de cette Alliance de Gauche (AdG) des Solidarités de Genève qui rassemble différents secteurs, des mouvements de quartiers, des anti-nucléaires, des travailleurs du courant communiste suisse qui appelle directement au lancement de « campagnes d’opposition contre le projet des néolibéraux et la régression sociale qu’elle impose » car la nervosité qui s’empare à l’adoption du projet est encore plus criante lorsqu’on sait que Pierre Vanek milite pour le respect du droit de manifester et contre la violence et les fichages policiers qu’il trouve inacceptables. Il demande également des salaires minimaux ainsi qu’une annulation des pratiques de licenciements abusifs concernant des syndicalistes contre une conception encore une fois différente de la démocratie selon qu’on est Suisse ou Français ou des vingt trois autres nations qui forment ce corps européen. Par l’imposition de toutes une série de règles sur l’échange qui feront aller le commerce dans un sens allant plutôt vers l’appauvrissement Pierre Vanek voit dans cette Europe amenée à un seuil critique « une forteresse pratiquant l’exclusion et le démantèlement social ». De Schengen à Dublin, de l’Europe du fichage et de la régression pour les clauses du premier site et les problèmes liés à l’immigration pour le second accord, Pierre Vanek ne voit pas une fatalité ni une nécessité incontournable mais « une jonction avec des problèmes qui secouent le débat politique en France actuellement » et dont le référendum intéresse ses voisins européens qui ne peuvent exprimer leur refus d’une Europe dont le seul apport réel en Suisse n’a de consistance que dans la levée du secret bancaire alors que ce pays est déjà passé à la vitesse supérieure en matière de privatisation / libéralisation de différents secteurs, l’électrique tout récemment

Appartenant au groupe de la Gauche unitaire européenne / Gauche verte nordique, Miguel Portas est membre aux secteurs de l’éducation et de la culture, en relation avec le Conseil législatif palestinien et les pays du Mashrek et siège à la Commission des affaires étrangères du parlement européen, instance à laquelle appartient également Michel Rocard ; autant de points de repères qui témoignent d’une bonne connaissance du sujet qui fait parler Miguel Portas au nom d’une alternative socialiste. Partie au mois de juin dernier cette formation portugaise eut ses 5% des suffrages nécessaires à l’élection de son premier député socialiste. Aujourd’hui il atteint 11 à 12 % des votes pour cette « nouvelle gauche socialiste en phase d’une consolidation populaire » et remarque que « la France est le seul pays où on discute de la Constitution ». Opposé à une Europe militariste et libérale et relevant qu’une « droite antique » peut aisément faire travailler tous les européens douze à treize heures par jour dans des projets où la finalité « n’est même pas sociale libérale… c’est bestial ! ». Miguel Portas met aussi l’accent sur le fait que cette Constitution ne répond pas aux problèmes actuels mais qu’elle rappelle uniquement de « simples acquis sociaux » pour nous demander alors à quoi peut-elle servir et à qui ? Enfin le point de chute de son intervention n’est pas des moindres lorsqu’il soulève l’une des questions les plus graves de la conception européenne globale qui émarge d’entre toutes lorsqu’il évoque une possible « asiatisation du travail » et qu’il faut plus que jamais rappeler aux Français que le « non » de gauche est important et qu’il ramène à lui bien des convergences avec le « non » qu’exprime les populations voisines. Relevant dans la répartition budgétaire des disparités entre l’augmentation des dépenses et le « compromis pour accroître ses capacités militaires » au détriment de l’éducation, de la santé, d’une partie du social Miguel Portas arrive directement à des problèmes de cohésion sociale, nœud central des discussions car socialement il n’en ira pas de même pour un pays dit de tête qu’avec une nation périphérique où les rapports au niveau de développement ne sont pas les mêmes. Il insiste également sur la nécessité de « construire une Europe qui soit solidaire » non pas seulement dans le simple cadre de l’élargissement économique car si certains pays n’ont pas les ressources suffisantes pour combler le déficit européen c’est à nous de payer un peu plus pour leur permettre l’1% de croissance annuelle pour respecter leur bonne appartenance européenne. Ensuite pour que cette Union européenne puisse se projeter sur le monde dans le cadre de ses politiques extérieures il faut pour exister qu’elles soient les mêmes dans le reste du monde sinon elles ne marchent pas et font suivre une ligne à l’anglaise pour finalement devenir « une Europe des gouvernements, une Europe à l’envers purement monétaire à l’image du blairisme appliqué en Angleterre ». Alors qu’on constate qu’avec plus de pays implique moins d’argent pour chacun et l’impossibilité d’obtenir de nouveaux fonds publics pour mettre en application le développement « il faut dire non pour recommencer toute la politique d’une Europe dirigée pour des aveugles ».
Voilà qui fit monter d’un cran le niveau du débat et l’énonciation de ces quelques points de repères ne purent que permettre à Alain Krivine d’exceller en pareille circonstance commençant d’entrée par rappeler que « depuis le traité de Rome on a fait que construire une Europe dans le dos des peuples » qui ne peuvent qu’exprimer une dénégation sur la question européenne par l’obtention de taux d’abstention élevé lors des élections. Parti d’un comité des 200 Alain Krivine et ses militants dépassent aujourd’hui le millier pour s’opposer à « une inflation du discours étatique, du jamais vu, tous les grands partis, tout le patronat appellent à voter oui par chantage à la peur ». Tout comme le président d’ATTAC, Krivine pose le problème de démocratie que pose un projet issu d’une Commission de députés pas mandatés qui ont lancé cette construction successivement approuvée lorsqu’il s’agit de voter des textes et immédiatement rejetée dès lors qu’il faille en voter de nouveaux. Pour répondre à « une pseudo gauche » qui se cache derrière le principe qu’il n’y a pas de quoi fouetter un chat Alain Krivine estime qu’il est enfin temps que soient pris en compte les droits fondamentaux des salariés et il se demande avec sérieux pourquoi refaire un texte final puisqu’il en existe déjà si ce n’est parce qu’ « ils ont autre chose derrière la tête ». Au moment de voter il faudra garder à l’esprit qu’un traité garde toujours la possibilité de se défaire tandis que « la Constitution est une loi totale qui ne peut être défaite que constitutionnellement ». Irréversibilité qui nourri la légitimité d’une guerre sociale Alain Krivine perçoit dans le projet « une bourgeoisie lancée dans une féroce bagarre pour sauver sa part de miettes dans le mondialisme ». En effet, « pour développer au maximum les profits on constate une dérégulation des droits du travail » et pour marquer encore plus profondément de l’empreinte de sa dénégation les clauses d’une Constitution destinée à « faire office de loi du capitalisme envers qui tout ce qui touche à la concurrence, aux marchés comprte des points très précis alors qu’en ce qui concerne les droits de l’homme, de la femme ne comportent que des généralités, un tissus de banalités ». Les exemples de femmes mises en prison au Portugal pour avoir avorté, la présence de la Pologne parmi les membres de l’Union européenne mais où le droit à l’avortement n’est pas appliqué, une Turquie qui ne respecte pas les droits de l’homme et des problèmes que connaissent les femmes en Turquie qui n’intéressent presque personne sont autant d’exemples qui ne peuvent contredire cette thèse et ne font qu’agrandir l’argumentaire pour forger l’urgence d’ « un non démocratique » avant de constater que « les services publics sont désintégrés » par les fermetures successives de crèches, d’écoles, de services administratifs. Donc on voit bien qu’une véritable économie sociale doit « servir le public pas la rentabilité » et que son texte traité en Constitution est bel et bien une Europe économique et sociale mais de marché dans laquelle on interdit par esprit d’un système compétitif l’intervention de l’Etat pour accorder des subventions avec en bout de course la privatisation du service public comme c’est déjà le cas en Suisse alors que c’est là-bas qu’il faudrait libéraliser mais dans un autre sens afin que tout cela ne constitue pas uniquement purement et simplement « une ouverture au capital ». Pour Alain Krivine il va sans dire que l’abstention est inefficace puisque « le non est un fantastique encouragement à la lute » à laquelle répondent très peu d’artistes et d’intellectuels qui ne subissent pas l’Europe alors qu’il y a un véritable « besoin d’avoir une victoire politique pour ensuite obtenir des victoires sociales » car le fossé qui se creuse entre les partisans du « oui » à ceux du « non » traduit des enjeux de classes sociales insoupçonnés. Très pessimiste sur le principe d’adhésion et comparant le Portugal dans les années 80, à l’Espagne ou à la Grèce aux légitimités des espoirs envisagés au moment d’entrer dans l’Union lorsque « les capitalistes obtiennent de nouvelles débouchées économiques » et si des meilleurs salaires intéressent temporairement ils ne sont que limités et « la force d’impulsion qui donne l’espoir à tous les pays de l’Est qui ont adhérés se perdrait vite avec le oui ». Par ailleurs, avec l’exemple du Portugal qui se fait installer des autoroutes allemandes les problèmes sociaux sont loin d’être résolus et la population reste peu qualifiée au niveau de l’enseignement, le pays connaît la crise de la sécurité sociale européenne et la crise économique qui se généralise nous amène à « une Europe qui harmonise par le haut ». Finalement Krivine condamne « la bureaucratie syndicale qui appelle à voter oui » renvoyant une salle pleine aux « structures de coordination européenne qui sont en train de se mettre sur pieds » avant de donner rendez-vous à Edimbourg sans oublier de rappeler qu’une première grève générale en Hollande il y a un mois constitue un phénomène sans précédent, « du jamais vu ! » D’autre part des entreprises privées connaissent également petit à petit des actes de grève pour la question des salaires (Carrefour) malgré les risques des menaces de licenciement alors il faut « ensemble, trouver un débouché politique autre que les pseudos socialistes droitiers » puisque finalement il vaut mieux croire à la lumière plutôt qu’à un texte obscur que peut de gens comprennent mais qui en saisissent toute la portée une fois expliqué ses buts et ce qu’il cache.
Au Parlement européen, réunion de travail autour du rôle de l’Europe pour créer un monde de paix soixante ans après la Libération.
Le député communiste du Bas-Rhin Francis Wurtz est parvenu a réunir lundi soir à Strasbourg une salle pleine d’étudiants italiens, anglais, portugais mais aussi palestiniens, russes et même éthiopien ainsi que des membres de son parti pour réfléchir sur quelle Europe nous devons envisager pour notre avenir une soixantaine d’années après la victoire de la coalition contre l’hitlérisme sur le nazisme. Tour à tour se sont succédés au micro des sympathisants de la gauche internationale à l’image de l’italienne Lidia Menapace, porte parole de la Convention des femmes contre la guerre et l’une des fondatrices du mouvement Résistance, Jean Ridoux le responsable d’une Association Internationale d’Educateurs pour la Paix (AIEP), Ernst Grubbe et pour finir Jim Cohen professeur à l’université de Paris VIII pour rappeler chacun avec vivacité que notre monde ne se met pas forcément à l’abri de conflits armés en se dotant d’Institutions de plus en plus sophistiquées mais que celles-ci peuvent également y conduire selon les orientations qu’elles prennent. Sans oublier de condamner les renaissances de l’antisémitisme primaire, de la ségrégation et de poser les paramètres économiques visés par non pas seulement l’Europe mais toute l’économie mondiale ; c’est à l’unanimité qu’ils nous appellent tous à redoubler de vigilance et d’être prudent face à l’importance des enjeux qui mettent la paix en situation de fragilité si ce n’est de la voire menacée lorsqu’elle touche à des points brûlants les questions de domination du monde et de la sécurité planétaire.
A propos de ce soixantième anniversaire, Francis Wurtz tenait à rappeler que « nous avons aussi quelque chose à dire ». Estimant que les partisans du « oui » instrumentalisent cette date du 8 mai 1945 en faveur de l’Europe et « cela ne nous paraît pas juste » comme si la page de l’histoire du 8 mai devait rapidement être tournée et qu’il ne fallait qu’en garder à la livraison officielle qu’« une version révisée du monde d’aujourd’hui » dans lequel l’uniformisation de la pensée irait vers la seule considération de la Résistance pour finir par classer le nazisme entre toutes les tyrannies et la seconde guerre mondiale considérée comme « une guerre parmi toutes les autres ». Se posant face à l’Europe-puissance, il préférerait un acteur différent des grandes puissances, avec d’autres échelles de valeur qui ne poursuivent pas toujours l’orientation de la démilitarisation dont le texte de la Constitution européenne ne dit mot et qu’aucun engagement sérieux et signé des dirigeants de ce monde ne se décide à « proscrire solennellement tout moyen de recourir à la guerre pour régler les relations dans le monde » avant de souligner l’urgence qu’il y aurait à « mettre fin à l’apartheid social qui alimente les sources de l’insécurité mondiale ». Interrogeant pour finir son introduction la politique extérieure et la question de la sécurité commune - nécessairement compatible avec la politique de l’OTAN par l’article 41 et le « document Solana » relatif à toutes une série de menaces - Francis Wurtz ne voit pas comment « en oeuvrant de concert, l’Union européenne et les Etats-Unis peuvent constituer une formidable force pour le bien dans le monde » pour reprendre la touche quasi messianique que cherche à prendre politiquement la notion du bien.
Lidia Menapace, heureuse comme il y a soixante ans lorsque la guerre était finie prend la parole en signalant que « cette Europe ne nous plaît pas » et tient par sa présence à apporter dans la société civile des instruments aux forces politiques dans la continuité de ce qu’elle fit entre 1943 et 1945 autant que possible comme par exemple au sujet du droit à la citoyenneté de résidence qui n’est toujours pas adoptée en Italie… Néanmoins la base commune qui repose sur l’idée d’une Europe où les vainqueurs et les vaincus seraient ensembles et que quoi qu’ait fait l’Allemagne, elle ne doit plus payer, sans oublier que lorsque se produisent de grands faits ou évènements historiques « il y a une brisure dans l’histoire, une césure dans la continuité » Lidia Menapace se souvient des instruments de pression que les anciens fondateurs tiennent à garder bien que tous religieux qu’ils étaient ils restaient profondément ancrés à l’idée d’une laïcité pour clamer tous trois grands qu’ils étaient qu’ils ne voulaient pas faire l’Europe de Charlemagne. Pour sa part, devraient être supprimés les résidus de la guerre que sont le droit de veto, la notion de siège permanent qui juge les nations en fonction qu’elles aient gagnées ou perdues la guerre. « Je veux être un signal de paix » lance Lidia Menapace pour la Convention permanente des femmes en Europe et autour du bassin méditerranéen, noyau de la paix entre les continents où les vainqueurs et les vaincus se sont mis d’accord bien qu’ils ne vont pas tous vers les mêmes directions.
Là où Lidia Menapace laissait le problème social à son engagement pour la cause des femmes, Jean Ridoux reprend ce thème en le nourrissant de son expérience auprès des jeunes devant lesquels il est souvent amené à transmettre son vécu de la guerre, sujet toujours délicat à exposer dans les collèges et les lycées autant dans la manière d’aborder le problème que d’en parler et quand un enfant demande « et si c’était à recommencer » plutôt que de s’exclamer fièrement qu’il recommencerait, il ne cherche pas vraiment à savoir comment la refaire cette guerre mais cherche à enseigner la manière de faire pour qu’il n’y en ait plus. Se sentant proche de ces lycéens « entrés en résistance » par rapport à un Ministère qui ne les prenait plus en compte dans leurs revendications et leurs points de vue, il ne s’étonne pas de l’émergence de formes totalitaires de la démocratie. S’attaquant ensuite directement à la notion des « armées de la paix », dénomination qui n’est qu’un masque mais qui doit bien s’appeler comme cela pour être entendue des gens et parfaire sa crédibilité ce qui diffère du précédent adage ordonnant la préparation de la guerre pour obtenir la paix, elle-même entité devenue « une perspective crédible inscrite dans la conscience qui doit se réaliser » que nous ne pouvons que devoir au 8 mai 1945, à la chute du nazisme. Nous faisant part de sa réflexion et de son vécu il rappelle une constante au sein de toutes les armées qui différencie le soldat qui viole tout seul de ceux qui le font sous autorisation des deux jours permis avant d’insister sur des massacres organisés par des décisions de guerre comme le furent les bombardements américains en France un mois avant la Libération. Ce qui signifie pour lui que seuls les peuples sont victimes des guerres pour les avoir subis, que le terrorisme individuel mène directement au terrorisme étatique… exposé qu’on se doit de « garder à l’esprit pour affirmer et construire cette volonté de paix ». Autre intervenant également riche de son expérience vécue de cette époque charnière des prémisses à la construction européenne sans doute le plus émouvant, puisque confronté à la notion d’être humain qui ne servent à rien, aura certainement été Ernst Grubbe ne pouvant s’empêcher d’attirer notre attention sur le fait que sans l’URSS et son intervention il n’y aurait pas de survivants pour témoigner. Anglais et américains n’ont libéré que très peu de camps de concentration la majorité étant à l’actif des soviétiques ce qui signifie que les alliés n’ont pas vaincu seuls le nazisme. Une fois posée cette considération, Ernst Grubbe demande de « relativiser la victoire ainsi que les sacrifices revendiqués » dont celui de l’armée soviétique sans qui « les occidentaux seraient arrivés trop tard et n’auraient pu libérer ce qui devait accompagner la marche de la mort ». Le plus alarmant pour lui reste cet « antisémitisme qui renaît de ses cendres » et son principal souci est de préserver et protéger la jeunesse et les populations de l’extrême droite mais, « au lieu de protéger la population du poison de la droite, elle est protégée des contre manifestations organisées pour protester contre les dangers de ce radicalisme de droite ». Parce que né en 1932 à Munich et de mère juive, Ernst Grubbe a vécu ce que c’est de ne pas appartenir à une société et d’en avoir été marginalisé. Appartenant à cette époque aux « gens qui n’ont pas le droit de vivre » il a été confronté à l’existence « d’un enfant qui n’a pas d’amis » on ne peut que mieux comprendre l’ampleur de l’engagement à témoigner d’Ernst Grubbe et son appel de « mise en garde contre les tentatives de révision de l’histoire ».
Plus jeune et plus proche de notre génération plus jeune mais néanmoins « résistant d’aujourd’hui », également professeur à Paris VIII et membre responsable du mouvement associatif les Américains contre la guerre (Americans Against the War - AAW) présent d’Amsterdam à Berlin en passant par Florence et Munich, Prague, jusqu’à Beyrouth maintenant ; Jim Cohen est né un peu moins d’une dizaine d’années après la guerre et n’a donc pas connu l’antisémitisme et les atrocités de la guerre mondiale ce qui ne l’empêche pas de s’y intéresser contrairement aux sages penseurs qui estiment que cela est du passé, qu’il faut oublier et que ce n’est pas bon d’en parler aux jeunes générations, qu’il serait inutile de les traumatiser avec cela trop dans les détails. Dans « une époque qui nécessite beaucoup de vigilance, si nous voulons faire un bilan soixante ans après, ce n’est pas très réjouissant » à la vue d’un monde déchiré par le système planétaire sans oublier les inégalités sociales flagrantes. Voyant en cet empire de l’impérialisme économique un « marchand transnational » pour utiliser le terme d’un de ses confrères, Jim Cohen estime que « malgré les rhétoriques tiers-mondistes, les puissances sont des produits purs issus de la guerre froide qui débouchent aujourd’hui sur un monde travaillé par les inégalités sociales, par des foyers de guerre et des formes de violence qui procèdent en réaction contre la puissance américaine sous la forme de l’intégrisme, d’un Islam terroriste. Mais d’autres intégrismes, nationalistes chauvins travaillent dans le même sens. » Une fois posée cette conception irréfutable, il lui est permis de s’attaquer à l’unilatéralisme d’un univers où travaillent le champ militaire et social montre qu’« il nous faut trouver un autre rapport dans le monde » et vise par là même directement le projet européen bien qu’il en souhaite la poursuite et non pas l’abandon mais il n’a jamais été question au sein de la gauche européenne de faire du « non » un acte et une demande d’arrêt du processus européen. Dans ce schéma unilatéral, il dénonce encore plus virulemment une administration bush qui est en train de « brader l’image des Etats-Unis, tentative désespérée de se raccrocher à son hégémonie à retrouver comme elle l’était il y a trente ou trente cinq ans ». Prudent quant à l’utilisation de résurgences fascistes il s’accorde quand même sur l’appellation de « proto-fascisme » embryonnaire sur lequel vont jusqu’à se différencier les fascismes sous forme autoritaire de ceux utilisés dans des situations démocratiques ! ? Dans ce contexte il existe bien une opposition parlementaire dans l’institution européenne mais elle est « invertébrée » avant de rappeler que ce modèle social européen, digne d’être sauvegardé, poursuivi et amélioré existe réellement, concrètement dans sa présentation est bien meilleur que le modèle américain puisqu’il permet de gagner plus en travaillant moins et qu’il permet d’aller vers plus de loisirs mais aux vues de la situation au moyen orient et plus spécifiquement à travers le conflit israélo palestinien on trouve « un monde dans une situation troublante » où la supériorité accordée à Israël n’a fait jusqu’ici que suivre le sens commun. Néanmoins il existerait une gauche aux Etats-Unis, une gauche en gestation qui a voté à 48% des voix contre la politique de Bush, une gauche qui s’organise autour d’instituts stratégiques qui appuient sur Washington (cf. l’Institute for Policy Studies) qui voudrait être l’élève d’une Europe arrivée à maturité à gauche. Si en terminant cette séance de réflexion par « l’Amérique a besoin de s’inspirer d’une gauche européenne, de trouver une autre alternative car l’avenir du monde en dépend » c’est pour nous montrer avec courage qu’en s’éloignant des discours officiels, munis d’un peu de réflexion, se révèle toute une face cachée européenne dont nous avons tout à craindre de la destinée obscure qu’elle porte en elle malgré tous ses efforts alors si à gauche les américains espèrent en nous, ne les décevons pas et arrêtons les compatibilités de droite et de gauche qui ne feront jamais changer réellement de politique à une machine économique atteinte d’une capacité sans précédent !
Cette Europe nous emmène tellement loin qu’on risque de ne plus en revenir… La minorité financière devenue majoritaire prend les pleins pouvoirs par le biais d’une Constitution acquise à sa cause.
Le Projet de TRAITE ÉTABLISSANT UNE CONSTITUTION POUR L’EUROPE dans le PRÉAMBULE établi une base des plus floues et des plus discutable lorsqu’elle démarre par cette phrase de Thucydide (II, 37), « notre Constitution ... est appelée démocratie parce que le pouvoir est entre les mains non d’une minorité, mais du plus grand nombre » alors que rien que d’une manière représentative, les groupes élus ne regroupent guère plus de vingt pour cent des suffrages puisque désormais le paysage politique et quasiment européen puisque les nouveaux équilibres politiques remaniés sous l’impulsion des extrêmes droites divisent les partitions en quatre quarts a peu près égaux.
•Une gauche impartiale et radicale qui votera « non » au référendum.
•Une gauche à hauteur de l’Europe qui acquiescera de son « oui » la sournoiserie économique qu’autant désirent poursuivre.
•Une droite en présidente en France et en Europe s’imagine-t-on, obscure oscillation entre membres des anciennes UDF et RPR, principale détentrice des rouages faisant tourner la partie III du traité, plate-forme aux afflux bancaires qu’apporteront les exploitations mises en place aux quatre coins de l’Europe « pétrole, uranium, produits de la haute technologie (espace - armement) et diverses autres marchandises ».
•Une extrême droite impatiente comme à chaque fois qu’elle le peut de jouer les arbitres et tirer quelques sortes de résultats à son avantage.
Ce contexte actuel du partage de l’échiquier politique subdivisé en quatre parties quasiment égales nous place plus que jamais sous des positions de minorités au pouvoir et augure bien mal des manières et des dispositions, prises et encourues, quant aux pratiques démocratiques qui seront appliquées par des minorités qui décideraient pour le plus grand nombre…
Toujours est-il que ne cesse d’être vanté les mérites des avancées en termes de progrès économiques, sociaux et politiques. Si la vivace résistance des conservateurs qui désirent poursuivre le schéma de la moins pire des solutions estime entretenir cet espoir de progrès risquant le pire à chacune de leurs avancées, lourde sera leur responsabilité humaine lorsque le catastrophisme européen que le « non » rejette se sera amplifié par l’excroissance industrielle et plus généralement urbaine qu’elle suggère. Mais plus gravement encore qu’économiquement ou socialement reste cette sorte de troisième zone politique qui a grandi avec le projet européen régularisant ses idées nationalistes au nom d’un bien commun, rejetant l’Europe par complexe identitaire et sympathisant avec les dirigeants des autres pays aux idéologies apparentées à des mouvances sécuritaires par nécessité espérant bien par leur présence s’accaparer l’Europe puisque placés à des postes clés, ses membres fustigent un tel tapage dont l’extrême droite est le plus fidèle des dictionnaires. Bien plus conservatrice encore elle arrache soixante dix sièges pour que la majorité européenne passe à gauche au Parlement et il semble qu’il sera long le temps avant que cette tendance ne soit inversée.
Les réserves émises par ce « non » formulé autour d’une gauche européenne vise à ne pas laisser aux mains du capital et de la bourses les seuls et uniques pouvoirs de décision que leur apporterait comme livrées sur un plateau toutes les clauses économiques à leur avantage car du progrès économique, technologique et des avancées en matière de droits sociaux ; ils sont plus redevables aux luttes syndicales du cas par cas menées sur le terrain concernant des problèmes précis à l’intérieur de chaque pays plutôt qu’à un cadre institutionnel européen qui protègerait de la misère noire la partie cachée d’une crise sociale pour les uns, monétaire pour les autres, politique pour les mieux placés, en tous cas directement liée aux conditions d’existence de chaque individu quasiment mis au sacrifice des capitaux. Mais plus amplement encore et d’une manière quelque plus écologique, sur ces soixante années de « conquêtes européennes », Georges Arthur Goldschmidt prendrait le petit village de son enfance à Megève dévasté et ravagé par le développement capitaliste pour répondre à l’exposé grandiose de Jacques Chirac avant de conclure que le pari politique, voir même peut-être le miracle politique de ce siècle consistera à montrer que « ce qui est rouge est vert et que ce qui est vert est rouge » ce qui de prime abord est fort difficile à la fois mais pas hors de porté moyennant un peu de réflexion et une volonté ferme à demander que soit rendue la Banque européenne aux pays à qui elle appartient et retirer tout ce qui favorise l’accroissement des plus value excessives opérées sur les pays dits « moins riches » permettant aux banques le gonflement des grandes fortunes mais pas une diminution de la pauvreté chômeuse dans sa précarité.
C’est la volonté de changement mais aussi à la fois la demande à ce que soit respectée l’idée d’une Europe plus égalitaire et moins orientée vers la mise en place de moyens de défense pour sauvegarder les grandes fortunes et multiplier leurs moyens de ponction qui feront gagner le « non » et imposer une vue moins boutiquière sur une Europe qui n’est pas qu’une coopérative mais que le texte du traité ne montre pas suffisamment empêtré qu’il est plus ou moins inconsciemment à chercher par tous les moyens à vendre de l’humain et à s’offrir des pays par des opérations banquières alléchantes en échange de revenus proportionnels à l’importance prise par l’activité sur l’échelle du schéma européen mis en question.
Cependant et sachant pertinemment que l’Europe ne se passera pas si vite du capitalisme et qu’il faille de ce fait en quelque sorte coopérer, certains préfèrent utiliser le terme collaborer, dans des « règles du jeu » ; le terme fut employé par le Président Chirac lui-même et clarifie d’autant l’aspect mafieux des rapports noués autour de l’économie, parfois du social et du culturel aussi, militairement cela reste secret plus ou moins longtemps dans la durée. L’Europe n’est certainement pas un jeu dans lequel un certain empressement à fixer des règles irréversibles à un destin qui ne serait commun que pour les financiers, les technocrates et les hommes d’affaires balisés par un tapis de mise savamment encadré par le discours sécuritaire, mystification d’une prospérité acquise à une poignée richissime de dirigeants arrivés une fois de plus à finir au bout du compte à n’être que minoritaire. Minorité qui s’apprête à poursuivre l’œuvre entamée jusqu’aux sols qui la génère pas forcément attirée vers le renouveau intellectuel politique à laquelle se différencie le renouveau de l’engagement politique d’un « non » qui, comme l’avait déjà montré Sartre, est le seul moyen, la seule ressource pour penser la résistance au capitalisme mondialisé et prévenir l’insurrection des groupes.
Oui ou non mais changeons ! ! !
Dans ce terrible bras de fer auquel se livrent le « oui » et le « non » à propos du référendum sur le projet de constitution européenne, bien mal acquis sera le plus malin qui serait capable d’émettre la moindre prévision quant au résultat qui sortira des urnes au lendemain du 29 mai à tel point que même les sondages subissent la vrille de la valse hésitation qui s’est emparée des débats. Entre l’adhésion et le rejet, le fossé s’est élargi pour creuser dans les consciences une prise en compte des possibilités d’une autre politique européenne que le « non » revendique haut et fort non pas par malhonnêteté ou par l’esprit de révolutionnaires noircis par la pensée de « moutons » mais née de la réflexion forgée sous le poids du chemin parcouru jusque là - Schengen est loin d’être le point de référence exemplaire qu’il faudrait poursuivre - qui laisse en plant 20 millions de chômeurs et 60 millions de pauvres ainsi qu’une flopée d’angoisses salariales motivées par l’utilisation que le grand capital escompte tirer de la mise à sa disposition d’une main d’œuvre flottante tentant avec succès ou vainement de s’accrocher à la corde du capitalisme qui se resserre petit à petit autour de son cou.
Aux vues de la conjecture économique et sociale, il n’est pas de toutes les sérénités de vouloir poursuivre à ce rythme et de telle manière le projet européen…
Certaines forces de la gauche européenne en appellent à un « non » de raison plus que de protestation en opposition aux licenciements intempestifs encouragés par l’opportunité d’une Europeprédisposantà une certaine mobilité industrielle alliée à la recherche d’une main d’œuvre de moins en moins cher dans le but de maximiser les profits du patronat sans pour autant réellement et vraiment rehausser le niveau de vie des membres de cette communauté européenne devenant de plus en plus dépendante des règles du marché des échanges, des subventions allouées, de la maximisation des profits et de la progressive définition d’un inutile européen dès lors qu’il ne s’inscrirait pas dans les contours définis par des accords constitutionnels avec son cortège d’entraves aux libertés individuelles et les foudres d’une coercition imposée qui risquerait de gonfler les rangs des laissés pour compte d’un projet européen qui, quoi qu’on en dise, sera toujours à double vitesse du moment que n’en soit pas modifié l’orientation politique majeure qui pour l’instant laisse en confrontation permanente le PATRONAT/CAPITAL avec le SALARIAT/PRÉCARITÉ. Finalement ce système européen tel que le défini les règles capitalistes pour lesquelles les socialistes ont plus ou moins d’appoints porte en ses lignes la seule possibilité d’accroître les dysfonctionnements et de faire disparaître le « bas » leurré à se faire hisser vers le « haut ». Au creux de ces disparités il faut bien se poser la question d’à qui sert l’Europe industrielle et technocratique que nous prépare le texte d’un traité tourné subitement en constitution même si à côté et à moindre frais se développent également des projets culturels et s’y adjoignent des mesures en faveur d’une protection sociale dont la nécessité ne fait pas oublier l’urgence.

Hormis la multitude des concitoyens européens par définition qui n’ont pas besoin de passer par le délire de la crise identitaire pour savoir ce qu’ils sont et d’où ils viennent mais dont on pourrait dire qu’ils ne verront jamais la couleur d’une certaine Europe institutionnalisée incorporée à une louable laïcité profitant de l’aubade pour réimposer une certaine structure d’accession sociale et de diffusion, aux vues de la restrictive soumission capitalistique sous-jacente à la formulation du texte demandé à être ratifié ; très peu d’individus ont les deux pieds dans l’Europe. En avoir un pied ne doit pas être si mal doit se dire le cadre A ou B siégeant au parlement et qui risquerait peut-être un jour de se voir licencier par le « haut », histoire de changer un peu les protocoles des mesures économiques destinées à temporairement poursuivre l’asphyxie européenne en implantant ailleurs la bouffée d’oxygène capable de poursuivre les affaires. Sous prétexte d’équilibres économiques, le marché européen s’est fait doubler par les dirigeants qui l’animent et qui finirent par se jouer des pires déstabilisations appelés qu’ils étaient à toujours et encore maximiser à outrance les profits et ceci non pas seulement entre les pays de l’espace européen mais à l’intérieur même de ces pays engagés vers de rudes concurrences avec à la clé aucune stabilité en perspective, durable et vivable pour et par le plus grand nombre des individus composant les populations des « 25 ».

La seconde motivation principale qui pousse une bonne moitié de l’électorat français, voir peut-être même un peu plus à rejeter le projet de traité constitutionnel exprime la volonté d’un « non » de conviction attaché à un engagement historique qui remet en question le principe politique qui exigerait que l’économique impose au social ses règles et sa méthode, système de l’échange qui se souci peu des secteurs de traîne à moindre portée européenne amenés à disparaître pour être remplacés par l’extérieur à l’importation par des pays développant encore l’activité restée exploitable pour cause de main d’œuvre à bon marché parfois encore soumise à des statuts de quasi mise en esclavage et dont la protection sociale ou la défense des droits salariaux sont presque inexistants. L’exemple tout récent du textile chinois a encore fait bouillir les eaux calmes du processus européen et pousse à l’interrogation non plus d’une organisation syndicale mais d’une réflexion générale sur un monde global de part le rapprochement géographique qui nous touche directement dans un secteur économique déjà en pleine crise depuis deux décennies (trois ou quatre pour les premières entreprises frappées par la crise économique), n’enlève en rien à ce type de pratique mondiale le caractère spécifiquement planétaire que le système de marchés et d’échanges capitaliste parvient à instaurer aux lois sociales comme le montrait il y a quelque temps les problèmes soulevés par les femmes employées dans des usines de pesticides au Guatemala soumises à des conditions de travail strictes et rigoureuses et débouchant au mieux sur des problèmes graves de santé.

Le « non » marque la réaffirmation de l’engagement de la gauche dans un processus historique…
Les appellations de monde marchandise, de monde poubelle, de dérèglements climatologiques ne sont pas assez puissantes pour tracer avec suffisamment de force l’avenir qui nous devance et la catastrophe écologique à laquelle nous risquerons de ne pas échapper si les politiques de demain s’entêtent à accorder la prédominance au tout économique qui place l’individu comme un subalterne sans force de décision pris en étau entre sa propre survie et les exigences productives dans lesquelles il s’insère à salaires modérés. Néanmoins elles signifient assez clairement ce de quoi seront faits les jours de demain et le quasi grincement de dents des industriels lorsqu’on leur parle de protection de l’environnement et des investissements que cela nécessite pour se mettre au niveau des lois non polluantes ainsi que la difficulté qu’il y a à contrôler chaque site de rejets de gaz toxiques. Pour mettre à niveau les 25 pays constituants l’espace économique européen, le texte de la charte doit être plus exigeant sur le respect et l’application des seuils d’émissions polluantes et adopter le principe du pollueur payeur redevable d’assumer pleinement la facture des dépassements autorisés.

Ce contexte écologique résulte de la mise en œuvre à chaque fois de politiques de compromissions où le règne industriel poursuit ses avancées sur une nature en perdition de plus en plus appelée à être sauvegardée, protégée ou contournée par la raison économique et matérielle qui accélère son usure en remettant en cause son équilibre.

L’avenir dans ce contexte européen restera le même ci ce n’est pire que le passé qu’à déjà connu l’Europe ne trouvant que de faibles alternatives au capitalisme et des adaptations fades à des démocraties sociales dont on ne sait toujours pas exactement quelle classe sociale elles auront défendues. La classe dirigeante des possédants dont ils ne purent renverser les privilèges ou le prolétariat qui, bien qu’en diminution dans les statistiques du salariat ne reste pas moins une masse humaine en expansion attendant, avec des espoirs que très limités, que lui soit rendue la dignité historique qui lui est due. Non plus par une révolution en barricades sanglantes mais par les urnes et dans une position contre révolutionnaire puisque désormais il est convenu de considérer le capitalisme tant craint, tant redouté, tant refoulé, si longtemps ignoré presque comme vainqueur auquel même la pensée serait censée se soumettre et l’obligation de l’électorat à accorder son « oui » à la référendaire poursuite de cette voix économique que constitue et cherche à instituer ce même capitalisme toujours en évolution mais toujours rattaché à la même fable.

La technique de frappe utilisée par le capitalisme dans le combat qu’il commençât à mener contre la pensée gauchiste porte encore le sang des victimes dans les rues d’un quartier latin où toute une extrême droite menait rondement des expéditions correctionnelles sur des étudiants aux pensées contraires à la politique droitière que les gens du pouvoir estimaient préserver par l’intimidation et la mise en « faire valoir de droit le conservatisme » comme la politique la plus correctement envisageable. Aujourd’hui encore ce référendum pose une possible alternance entre la poursuite de quelque chose qui n’est pas nouveau ou l’effort concerté de réellement trouver une alternative aux menaces du capitalisme autrement que dans des systèmes où cette alternance n’apparaîtrait que comme des parcelles marginales d’économies parallèles, au-delà de la dénomination trompeuse du terme libéralisme lui-même en proie à l’ad-jonction d’une particule « néo ». Bien étonné sera celui qui pourra m’expliquer quelle relance le néo libéralisme sous entend dans ses pratiques et ses appellations nouvelles en surenchère ! A se sauvegarder autour de droites réunies en une seule par sa même extrême, tantôt minimisant, exportant ou maximisant le rôle et l’importance de l’« Europe tirelire » que ce bloc droitier escompte tirer, nous nous apercevrons certainement que trop tard, finalement, que ce fut d’une sorte de néo fascisme dont l’Europe se retrouvât être la proie dans un système économique où les requins se transformèrent en loups. Les hommes d’affaires sont ainsi, sans scrupules ni pitiés lorsqu’il s’agit de licencier, couverts par les assurances d’indemnisation que leurs offrent les Etats - et la charte européenne encore plus - lorsqu’ils se mettent en suspension d’activité empochant au passage en réalité une cagnotte de pré retraite anticipée.

L’avenir européen vu autrement…
Contrairement à ce que cherche à faire croire le Président français Jacques Chirac, ce n’est pas en continuant cette Europe des riches que nous échapperont au passé et qu’en disant « non » nous resterions dans le passé de l’Europe puisque le texte envisagé sous tous les angles de ses améliorations n’apporte rien de bien meilleur que tous les textes antérieurs depuis ces cinquante années de construction européenne que Jacques Chirac aime à rappeler avec fierté. Le texte est une adaptation aux circonstances actuelles des règles d’un marché commun incluant et excluant à peu près autant de monde de chaque côté des frontières auxquelles il s’adresse avec des revendications sociales en demi teinte, à moindre coût, de considération restreinte auprès des législateurs dès lors que les majorités de gauche sont compromises et que le libre échange s’emballe dans une expansion effrénée. Poursuivre sur une telle lancée ce parcours européen si difficile, parfois chaotique nous envahi d’un abîme économique en gestation de crises humaines liées aux difficultés de la fragilité d’une situation qui nous profère une certaine prospérité mais pour un nombre restreint de récipiendaires. C’est pourquoi la constitution n’est pas égalitaire et accentue les disparités entre une sorte de bourgeoisie européenne et ce qu’elle considèrerait comme ses serviteurs dont elle disposerait à sa guise, licenciant là, dégazant ici pour finalement ne plus être qu’une ex croissance du capitalisme avec autant de problèmes que ce système a posé, jusqu’à présent dans chacun des pays, à l’être humain et à son écosystème en matière de course à l’emploi et de dégradation des milieux naturels liée aux polluants ou aux catastrophes climatologiques
Ce texte sera également incapable de modifier les problèmes qui nous poursuivent depuis trente ans, il ne fait qu’aménager l’inéluctable combat que l’humain lance en défi à sa biosphère. Et dans ce défi l’orientation prise par le libéralisme et la clause « textée » du traité, testée jusqu’à maintenant, n’est pas suffisante et ne constitue qu’une transition qui temporairement permettra aux pays de bénéficier d’un certain niveau de croissance mais pas à long terme. Les crises connues par cet espace européen depuis qu’il se rapproche de son plus grand nombre d’adhérents tendant vers l’universel politique qui l’anime sont suffisamment alarmantes pour mobiliser hors de nos frontières la réflexion autour des niveaux de pauvreté qu’atteignent chacune des nations participantes pour sortir de la forme d’ultra libéralisme vers laquelle nous nous engouffrerions si nous votions « oui » et de laquelle il sera de plus en plus difficile d’apporter des améliorations car là où l’appât du gain en convainc plus d’un, électoralement cela s’en ressent pour schématiquement tirer vers un bloc droitier la majorité d’en haut qui réserverait au bas les couleurs les plus sombres d’une Europe dans laquelle la gauche parviendra difficilement à sauver sa mise dans le peu d’avance qu’elle garde encore sur la droite dans la prise en compte qu’elle accorde aux problèmes de ce monde dans l’élaboration de ses programmes et des buts qu’elle s’assigne autant par son « oui » - car il s’agit pour eux de garder en main le peu de pouvoir qu’elle a vaillamment remporté électoralement - que par ce « non » qui invite à envisager l’avenir d’une autre manière en mettant l’accent sur des problèmes fondamentaux de société que génère la disparité économique à laquelle nous prépare une constitution d’une maigre teneur « écologique », sociale et humaine.

Laurent chrétien - Gantner

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