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Dans le Golfe persique, silence des médias sur situation de + en + tendue (ndlr)

Bahreïn : les protestations s’intensifient à l’anniversaire du soulèvement

Mercredi, 13 février 2013 - 7h18 AM

mercredi 13 février 2013

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L’opposition à Bahreïn se prépare à intensifier ses protestations à l’occasion du deuxième anniversaire du soulèvement maté dans cette monarchie du Golfe, même si le gouvernement a tenté d’appaiser les tensions en lançant un dialogue national.

La police bahreïnie a dispersé mardi soir des centaines de manifestants qui ont tenté de s’approcher de la Place de la perle, symbole du soulèvement maté il y a deux ans à Manama, selon des témoins.

Les policiers ont lancé des grenades lacrymogènes et des bombes assourdissantes pour faire reculer les manifestants, dont des femmes, qui brandissaient des drapeaux bahreïnis.

Le « Collectif du 14 février », un groupe clandestin radical qui orchestre la mobilisation via les réseaux sociaux, a appelé à des manifestations devant culminer vendredi par une tentative de revenir sur la « Place de la perle », symbole du soulèvement du 14 février 2011.

Les opposants, en majorité chiites, avaient campé pendant un mois sur cette place de Manama pour réclamer des réformes politiques.
A la mi-mars, ils en avaient été délogés lors d’un sanglant assaut des forces de sécurité. Les autorités avaient par la suite rasé le monument central de la place et continuent d’en bloquer tous les accès.
Le « Collectif du 14 février » a également appelé sur sa page Facebook à une « grève générale de la dignité » jeudi, jour anniversaire du soulèvement.

Pour sa part, l’opposition traditionnelle dirigée par la puissante formation chiite Al-Wefaq, qui organise des protestations quotidiennes dans le calme depuis une semaine pour commémorer le soulèvement, a appelé à une importante manifestation vendredi dans les localités chiites des environs de Manama.

« Malheureusement, nous nous attendons à une escalade », affirme la ministre de l’Information et porte-parole du gouvernement, Samira Rajab.

« Il y a une tentative délibérée de provoquer des victimes, afin de faire pression sur le dialogue », assure la ministre à l’AFP.

Le gouvernement avait lancé dimanche une nouvelle session du dialogue national regroupant l’opposition, les groupes sunnites pro-gouvernementaux et le pouvoir, pour tenter de débloquer la situation.
Une première session de dialogue à l’été 2011 avait échoué, l’opposition s’en étant retirée car elle s’estimait « marginalisée et sous-représentée ».

Le Wefaq ne remet pas en cause le règne de la dynastie sunnite des Al-Khalifa, mais réclame l’instauration « d’une monarchie constitutionnelle, un gouvernement issu d’élections et une réforme judiciaire », explique à l’AFP cheikh Ali Salmane, secrétaire général de la formation chiite.

Il réclame également la fin de « la discrimination confessionnelle », soulignant par exemple que les chiites sont exclus de l’armée.
Pour lui, « c’est une tendance dure au sein de la famille régnante qui tient les ficelles du pouvoir et fait pression sur les personnes éclairées » au sein de la dynastie, comme le prince héritier Salmane ben Hamad Al-Khalifa.

Deux ans après le soulèvement, le pouvoir n’a fait aucune concession de fond et l’opposition traditionnelle est soumise à la pression de la rue qui se radicalise, des affrontements opposant régulièrement de jeunes manifestants dans les villages chiites aux forces de sécurité.
Interrogé sur cette radicalisation, cheikh Salmane reconnaît que « beaucoup de gens pensent que le régime n’est pas sérieux dans son appel à relancer le dialogue, et nous estimons qu’ils ont en partie raison ».

« Ils sont frustrés par ce dialogue et par l’attitude du gouvernement, et par conséquent certains réclament la chute du régime », ajoute-t-il.
« Le pouvoir n’a fait aucun geste de bonne volonté, au contraire les arrestations, les procès, les restrictions des libertés continuent », souligne l’opposant, selon lequel 1.800 personnes demeurent en détention pour participation aux troubles, un chiffre jugé « exagéré » par Mme Rajab.

Si le soulèvement à Bahreïn a éclaté dans le sillage du « Printemps arabe », il n’a pas abouti « car la dictature est bien plus implantée dans notre pays qu’en Egypte ou en Tunisie », estime cheikh Salmane.
« De plus, le pouvoir a su diviser la société en jouant la carte confessionnelle », ajoute-t-il.

Mais Mme Rajab, elle-même chiite, estime que le soulèvement « n’a pas réussi en 2011 car c’était un mouvement confessionnel ».

Source : ASSAWRA avec les agences de presse