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Intervention de Francis Wurtz, Président de la Gauche Unitaire Européenne et Gauche Verte Nordique (GUE/NGL)

Cadre : préparation du prochain Conseil européen

jeudi 15 juin 2006

Monsieur le Président,

Les principaux points à l’ordre du jour du prochain Conseil européen soulèvent, chacun à sa manière, la question du sens de la construction européenne. C’est le cas des suites de la fameuse « pause de réflexion » ; cela vaut pour la politique commune de l’énergie ; l’action de l’Europe dans le monde n’y échappe pas non plus.

La première partie du projet de conclusions du Sommet de Bruxelles y est consacrée et s’intitule joliment : « L’Europe écoute ». C’est bien, mais qu’entend-elle ?
Le document s’étend sur les mesures contre l’immigration illégale, d’ailleurs juxtaposée dans la même phrase au trafic d’êtres humains, au terrorisme et au crime organisé ! Il traite des mécanismes d’intervention de l’Union en cas de crises. Il insiste sur la nécessité, dans l’avenir, de tenir plus rigoureusement compte de la « capacité d’absorption » de l’Union européenne avant de s’engager sur tout nouvel élargissement. Etc...Toutes questions qui sont, j’en conviens, présentes dans le débat avec nos concitoyens.

Mais bizarrement, celle qui est au cœur de la crise de confiance dont souffre l’Union- la question sociale - est, quant à elle, complètement marginalisée dans le projet de conclusions du Conseil européen, qui se contente, au détour d’une phrase, d’inviter la Commission à établir un rapport sur la situation, d’ici au printemps prochain !

Dire cela, ce n’est pas tomber dans la « crisophobie », M. Barroso. Je rappelle, que la présidence autrichienne avait elle-même, dès janvier dernier, mis le doigt sur le sujet. C’est de cela qu’il faut discuter en premier et en tirer les conclusions qui s’imposent. La confiance des concitoyens ne se décrète pas. Elle se gagne !

. Contribuer à relever le défi énergétique du 21ème siècle : voilà une responsabilité européenne par excellence ! Mais elle ne peut s’accommoder de la course à la rentabilité ni de la concurrence à tout va. Préparer l’après-pétrole ; aller beaucoup plus loin dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre ; développer l’effort de recherche pour accroître l’efficacité et la diversité énergétique ; transformer l’organisation des transports ; affirmer le droit à l’énergie pour tous, ce sont des tâches éminemment politiques qui ne peuvent, sous peine d’échouer, se laisser brider par les calculs à courte vue du marché.
Vouloir nous doter, comme le propose la Commission, d’instruments et de règles de fonctionnement à même « d’améliorer la cohérence, l’efficacité et la visibilité de notre action extérieure » : qui peut être contre ?
Mais j’ai la conviction que la raison de fond de la faiblesse de l’action de l’Europe dans le monde n’est ni technique ni institutionnelle. Elle tient au manque dramatique de volonté politique et de vision commune au Conseil européen.

Comment interpréter autrement, en ce moment même, l’inertie sidérante des 25 face au torpillage irresponsable de l’action du Président palestinien par le gouvernement israélien, en violation flagrante et permanente des résolutions de l’ONU comme de la « Feuille de route » du quartet ?

Tout cela nous conforte dans l’idée que la fameuse « pause » ou le « plan D » ne seront utiles que s’ils sont l’occasion d’un débat au grand jour et sans ornières sur les changements structurels à promouvoir pour que les Européens puissent à nouveau en percevoir la raison d’être positive dans le monde d’aujourd’hui.

Je vous remercie.