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Assassinat Hariri : Le rapport de Serge Brammertz prudent et complexe

Source : Al-Faraby

lundi 12 juin 2006

Ainsi que nous l’annoncions dans de précédents articles, la méthodologie de l’enquête menée trés professionnellement par le magistrat belge Brammertz est à l’opposé de celle qui amenait le juge Mehlis, précedemment en charge du dossier, à laisser peser sur la seule Syrie la responsabilité de cet assassinat.
Cette précipitation à « pré-conclure » avait entrainé des déclarations péremptoires de certaines personnalités politiques, dont Condoleezzaa Rice, mais l’ONU n’avait pas été dupe et avait, en quelque sorte, émis un vote de méfiance devant le peu de preuves apportées pour soutenir cette condamnation hâtive. La France et les USA, fers de lance de cette tentative de persuasion précipitée avaient subi un incontestable camouflet diplomatique.

A la lecture de l’article ci-aprés on ne peut que prévoir une conclusion d’un tout autre type, incluant notamment des éléments purement crapuleux".

Affaire, plus que jamais, à suivre............

Le dernier rapport de l’ONU sur l’assassinat du dirigeant libanais Rafic Hariri traduit la prudence du magistrat belge Serge Brammertz, chargé de l’enquête, qui s’est attaché à montrer la complexité de l’attentat tout en soulignant la coopération de Damas.

Ce rapport, rendu public samedi, a noté que des « progrès considérables » avaient été enregistrés et que la coopération s’était renforcée avec Damas, tout en insistant sur le fait que « la coopération totale et inconditionnelle de la Syrie reste cruciale ».

Le ministre libanais de la Justice Charles Rizk a qualifié dimanche ce document de « très professionnel » et de « positif » tandis que Damas n’avait pas officiellement réagi à ce rapport d’étape très technique. Il s’agit du quatrième depuis le début des travaux il y a un an de la commission d’enquête de l’ONU dont le siège est à Beyrouth.

Bien que très attendu, le rapport ne devrait pas avoir des conséquences politiques immédiates, selon les milieux politiques à Beyrouth, car il ne contient pas de révélations sensibles, à l’inverse des rapports du magistrat allemand Detlev Mehlis.

Les deux premiers rapports de M. Mehlis, prédécesseur de Serge Brammertz, désignaient de hauts responsables syriens et libanais, et reprochaient le manque de coopération de Damas à l’enquête.

« Au moins, nous allons pouvoir passer un été tranquille Si Dieu le veut ! », a soupiré Ahmad Jaber, un chauffeur de taxi, visiblement inquiet pour son gagne-pain, après la vague d’attentats de l’an dernier qui avait suivi l’assassinat de Rafic Hariri, le 14 février 2005.

« Au plan politique, ce rapport est prudent et ne cherche à dédouaner personne (...) Visiblement, le juge Brammertz ne cherche pas à provoquer les Syriens car sa démarche est celle d’un expert qui a pour stratégie de consolider les preuves avant de les porter devant un tribunal international et cela prendra du temps », a indiqué dimanche un diplomate occidental, sous le couvert de l’anonymat.

De fait, le chef des enquêteurs s’est dit favorable à une prolongation d’un an du mandat de la commission, comme l’a demandé le Liban.

Rendant compte de la complexité du travail de la commission, le juge indique dans son rapport que « 24 enquêtes sont en cours » dans cette affaire et que « 32 demandes ont été présentées à 13 Etats (dont la Syrie), ce qui met en lumière l’aspect international de cette enquête ».

Poursuivant son enquête approfondie des circonstances qui ont mené à l’assassinat d’Hariri et de 22 autres personnes, la commission « a tout récemment terminé une enquête scientifique de 23 jours sur les lieux du crime » sur le front de mer de Beyrouth.

Une immense tente érigée à cette fin par les enquêteurs a été démantelée il y a quelques jours devant l’hôtel St-Georges où a été perpétré l’attentat.

Selon l’enquête, l’explosion de la voiture piégée a nécessité « une charge équivalant à un minimum de 1.200 kg de TNT », ce qui privilégie un attentat en surface et non souterrain.

Plus important, le rapport n’exclut pas la possibilité qu’il ait pu y avoir « plus d’une raison de tuer Rafic Hariri » et la commission examine « diverses hypothèses dont les degrés de complexité sont différentes ».

Il évoque notamment des motifs politiques, une vengeance personnelle, et des raisons financières.

A ce propos, la commission « étudie toujours l’hypothèse d’un impact » de la faillite frauduleuse de la banque libanaise al Madina sur l’assassinat d’Hariri, notamment le fait que des sommes d’argent « provenant de la banque aient pu transiter pour financer » l’attentat.

Enfin, elle « examine toujours la possibilité que l’attentat ait été commis par un seul groupe muni d’un seul objectif (...) ou au contraire d’individus ou de groupes divers, ayant des motifs différents, oeuvrant ensemble pour commettre le même crime ».