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Source : Slate Afrique - Tout se tient (ndlr)

Comment éviter un nouveau chaos à Djibouti

Mardi, 22 janvier 2013 - 19h59

mardi 22 janvier 2013

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Tribune : Comme à l’approche de chaque scrutin, de sérieuses menaces de déstabilisation planent sur Djibouti. Les militants des droits de l’homme Florent Geel et Dimitri Verdonck tirent la sonnette d’alarme avant les législatives de février 2013.

Dans un silence assourdissant, Djibouti vit une oppression qui vient de faire une nouvelle victime, Hafez Mohamed Hassan, un collégien de 14 ans, mort sous les balles des services de sécurité du régime d’Ismail Omar Guelleh, alors qu’il manifestait avec d’autres adolescents pour dénoncer le manque d’infrastructures sportives dans sa région d’Obock.

C’est ce qui se passe à Djibouti quand des élections approchent : des balles et du sang pour tous ceux qui réclament que les élections législatives du 22 février 2013 soient enfin libres, transparentes et équitables.

Ils meurent sous la torture, dans les geôles du régime ou sous les coups et les viols des soldats. Depuis plus de dix ans, les opposants politiques, les syndicalistes, les défenseurs des droits humains et les simples citoyens subissent une répression brutale de la part des forces de police et des services de renseignement djiboutiens, qui s’intensifie à l’approche de chaque élection.

Lors de la présidentielle d’avril 2011, le bilan de cette répression a été le plus lourd de toute l’histoire du pays : plusieurs dizaines de jeunes manifestants tués, des centaines d’autres arrêtés et détenus durant des mois.

L’ancien commissaire européen au Développement et à la Coopération, Louis Michel, sur place au moment des faits avait même déclaré, à l’époque, que « ce qui s’est passé récemment à Djibouti n’est évidemment pas tolérable. L’UE doit exprimer sa désapprobation avec force ».

Une présence européenne renforcée

Pourtant, l’Union européenne est le premier bailleur de fonds à destination de la République de Djibouti où elle a décidé de renforcer sa présence ; la France, le Japon et les Etats-Unis y disposent chacun d’une importante base militaire dans le cadre notamment de la lutte qu’ils mènent de concert contre le terrorisme et la piraterie et versent pour cela des sommes allant jusqu’à 30 millions de dollars par an.

Il n’est plus possible d’accepter qu’un tel régime continue de tuer, de torturer, d’arrêter, de bâillonner la presse, d’empêcher la liberté syndicale et de réprimer les manifestations pacifiques sans réagir et en poursuivant la « coopération » au nom de la stabilité, de lutte contre le terrorisme et profitant de l’indifférence de l’opinion.

Nous ne sommes pas indifférents au sort des Djiboutiens et de Djibouti. D’ailleurs, face à une situation sociale désastreuse et l’intensification du harcèlement, les partis politiques d’opposition ont décidé, pour la première fois depuis dix ans, de participer aux élections législatives de février 2013 plutôt que de les boycotter.

Daher Ahmed Farah, opposant de longue date et président du principal parti d’opposition, le Mouvement pour le Renouveau démocratique et le Développement (MRD), a d’ailleurs décidé de clore sa décennie d’exil en Belgique pour rentrer à Djibouti et de mobiliser les électeurs.

Pari courageux, quand on sait qu’aucune des dix revendications adressées par l’opposition au président Ismail Omar Guelleh, dans la perspective de la tenue de ces élections, n’a été acceptée et qu’aucune avancée n’a été enregistrée en matière de respect des droits civils et politiques, depuis plus d’une décennie au moins.

Par principe et sous peine de voir progressivement la situation dégénérer dans une région déjà particulièrement instable, la communauté internationale ne peut pas laisser se dérouler une énième élection tronquée à Djibouti et laisser se poursuivre les exécutions extra-judiciaires, le recours systématique à la torture dans les prisons, les arrestations et les détentions arbitraires, l’absence de liberté de la presse et une justice entièrement dépendante du pouvoir exécutif