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Suivie d’une protestation pour l’agression contre des ONGs palestiniennes.
Lettre ouverte de Jean-Claude Lefort à François Hollande
Jeudi, 13 décembre 2012 - 7h36 AM
jeudi 13 décembre 2012
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Monsieur le Président de la République,
Le 29 novembre, à l’Assemblée générale des Nations unies, la France a finalement fait le choix de dire « oui » à la demande palestinienne d’admission à l’ONU comme Etat non-membre, entraînant avec elle certains de ses partenaires européens.
Avec toutes celles et ceux pour qui la paix ne peut venir que d’un règlement politique de la question israélo-palestinienne strictement basé sur l’application du droit international, notre association qui s’est amplement mobilisée pour ce vote positif, s’en est très sincèrement réjouie.
Dès après ce vote vous avez exprimé le souhait que les négociations reprennent « sans conditions ». Il est important de préciser : « sans conditions supplémentaires » par rapport aux paramètres fixés par la communauté internationale dans la résolution votée le 29 novembre lesquels constituent le cadre de ces négociations.
Malheureusement la réponse des dirigeants israéliens a été celle qu’on attendait : la fuite en avant dans la colonisation et d’inacceptables mesures de rétorsion financière.
Tout en condamnant ces décisions contraires au droit international et très dangereuses à tous points de vue, vous avez déclaré ne pas vouloir « entrer aujourd’hui dans une logique qui serait celle de sanctions. »
Il s’agit pour nous, au-delà des mots, de savoir ce que la France peut et doit faire qui soit efficace pour ouvrir la voie de ce règlement politique.
Il est clair que des négociations, dans un rapport de forces totalement inégal avec une partie qui refuse clairement le droit, ne peuvent être aujourd’hui que faux-semblant si on ne lève pas, en particulier, l’hypothèque de la colonisation israélienne qui sape les fondements mêmes de la solution à deux Etats.
Selon nous, et dans la continuité de son vote, la France doit donc agir en prenant, notamment, des mesures concrètes contre la colonisation.
Le droit français le permet : la commercialisation en France de produits des colonies sous l’étiquette « Made in Israël » constitue, par exemple, une tromperie sur leur origine. Elle doit être condamnée et empêchée. De même les entreprises françaises doivent être mises en garde et dissuadées d’intervenir dans les colonies ou d’établir des transactions financières ou commerciales avec les entreprises qui y sont installées ou qui profitent directement de la colonisation.
Mais la France à nos yeux peut aller plus loin : puisque les colonies sont illégales selon le droit international et qu’elles constituent un obstacle majeur sur le chemin de la paix, elle doit prendre l’initiative d’un embargo sur les produits qui en sont issus.
Par ailleurs le vote des pays de l’Union européenne, à l’exception d’un seul, ouvre la voie, selon nous, à la mise en œuvre de l’article II de l’Accord d’association UE-Israël qui subordonne son application et sa mise en œuvre au respect des droits humains fondamentaux. La France doit s’en saisir et agir pour sa suspension.
Elle doit enfin marquer la force de son engagement en reconnaissant l’Etat de Palestine tel que défini dans la résolution du 29 novembre 2012. C’est ce qu’ont déjà fait 132 pays dans le monde.
Par son vote, la France s’est située dans la logique de ses positions constamment réaffirmées en faveur d’un règlement fondé sur le droit. Face aux obstacles délibérément et obstinément posés par les dirigeants israéliens sur le chemin de la paix elle doit aujourd’hui aller plus loin et dire hautement que la limite de l’acceptable est dépassée.
Elle œuvrera ainsi au retour de la communauté internationale dans le règlement de cette question qui la concerne directement en application de la Charte, ceci pour enfin imposer une solution conforme au droit et aux intérêts des deux peuples.
Je serai heureux de pouvoir m’entretenir des propositions concrètes faites dans cette lettre avec un membre de votre cabinet.
Je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l’assurance de toute ma considération.
Jean-Claude Lefort
Député honoraire
Président de l’Association France Palestine Solidarité
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Des représailles intolérables
Le 11 décembre, l’armée israélienne, pénétrant à Ramallah, a attaqué et vandalisé les bureaux de plusieurs ONG dont ceux du Réseau des ONG palestiniennes et d’Addameer, ONG de défense des prisonniers palestiniens.
C’est la première fois depuis 2002, que des ONG palestiniennes sont attaquées par l’armée israélienne à Ramallah au cœur de la « zone A », selon les accords d’Oslo. Cette agression s’inscrit dans la série de représailles provocatrices suite à l’admission de la Palestine à l’Assemblée générale de l’ONU.
Venant après l’annonce de l’extension de la colonisation à l’est de Jérusalem et le vol des taxes dues à l’Autorité palestinienne, elle n’aurait pu avoir lieu sans la certitude de l’impunité. Démonstration est faite, s’il en était besoin, de l’inefficacité des condamnations verbales dont la France et l’Europe sont coutumières.
Il faut stopper la fuite en avant des autorités israéliennes et prendre enfin de réelles sanctions et mesures de rétorsion.
Dans l’immédiat, l’AFPS demande au gouvernement français un soutien clair aux ONG agressées, une initiative en direction de nos partenaires européens pour mettre en œuvre l’embargo sur les produits de la colonisation et le rappel de l’ambassadeur de France à Tel-Aviv.
Le bureau national de l’AFPS