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Egypte : l’incertitude ! (ndlr)

L’armée revient au premier plan, avec de gros risques

Mercredi, 12 décembre 2012 - 8h06 AM

mercredi 12 décembre 2012

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L’armée égyptienne, discrète depuis plusieurs mois, est revenue au premier plan à la faveur de la crise politique que traverse le pays, mais sa volonté affichée de rester neutre risque d’être mise à l’épreuve par le rôle de gendarme qui lui a été confié.

Le ministre de la Défense et commandant des forces armées, Abdel Fattah al-Sissi, a appelé toutes les parties à un « dialogue » mercredi, plaçant l’institution militaire en pointe dans les efforts pour sortir de l’impasse.

Dans des déclarations antérieures à cette décision, le général al-Sissi a promis que les militaires feraient preuve « d’une totale équité pour protéger la sécurité et la stabilité de la nation », et rempliraient leur rôle « sans tenir compte des pressions ».

Le président islamiste Mohamed Morsi a ordonné lundi à l’armée d’assurer, avec la police, la sécurité d’ici à l’annonce des résultats du référendum constitutionnel de samedi, qui divise profondément le pays.
Mais il a pour cela autorisé les militaires à arrêter des civils, un pouvoir très décrié durant la période de transition sous la direction de l’armée, entre la chute de Hosni Moubarak en février 2011 et l’élection de M. Morsi en juin 2012.

Des organisations de défense des droits de l’Homme y voient un risque de répétition des violations des droits de l’Homme commises par les militaires durant la transition.

L’armée joue, directement ou indirectement, un rôle capital depuis le renversement de la monarchie en 1952. Les quatre premiers présidents du pays - Mohammed Naguib, Gamal Abdel Nasser, Anouar el-Sadate et Hosni Moubarak - sont sortis de ses rangs. Elle a en outre accumulé un immense et opaque patrimoine économique.
M. Morsi, issu des Frères musulmans, est le premier civil à occuper la présidence. D’abord placé sous étroite surveillance des généraux, il avait réussi à reprendre la main en août en mettant à la retraite le puissant chef de l’armée, le maréchal Hussein Tantaoui.

Longtemps protégée des péripéties politiciennes grâce à des présidents acquis à sa cause, l’armée, qui s’est vu remettre le pouvoir par M. Moubarak, a dû s’impliquer directement dans la gestion du pays pendant 16 mois.

« Sous la houlette de Tantaoui, elle a géré la période de transition et a exercé le pouvoir exécutif et législatif pendant plus d’un an. Elle s’est directement impliquée dans la vie politique », souligne Amr Rabie, de l’Institut d’études politiques et stratégiques al-Ahram.

« Morsi a oeuvré pour la ramener à son rôle d’armée professionnelle, mais ces derniers jours ont montré qu’elle cherche encore à jouer un rôle politique », ajoute-t-il.

Samedi, l’armée a sommé toutes les parties de « dialoguer » pour trouver une issue à la crise. Elle a laissé pointer la tentation d’être un recours, en affirmant qu’elle ne laisserait pas faire si l’impasse politique devait conduire à un « désastre ».

Reste à savoir quel parti elle prendrait - celui du président islamiste ou celui de ses adversaires laïques-, en cas d’aggravation des tensions.
« Il est difficile de savoir la réaction de cette institution » où règne le culte du secret, affirme M. Rabie.

La prise de position de l’armée met toutefois une « énorme pression sur M. Morsi », contraint de voir la puissante institution refaire surface et de l’appeler à la rescousse pour maintenir l’ordre.

L’analyste politique Emad Gad observe quant à lui que « l’armée affirme rester neutre, sauf que la situation dans le pays aujourd’hui est identique à celle d’avant la chute de Moubarak », quand l’armée avait refusé d’employer la force contre les protestataires.

« Au cas où il y aurait des violentes confrontations et surtout si le sang coule dans la rue, l’armée va certainement devoir intervenir », affirme-t-il, car « que le président soit élu démocratiquement ou pas, il est de son devoir de chercher à préserver la sécurité et maintenir l’ordre ».
Avec le risque que l’armée doive reprendre à zéro la transition amorcée après la chute de Moubarak, si elle était amenée de nouveau à contrôler le pays. « Elle aurait à gérer une nouvelle période de transition, avec une nouvelle feuille de route », souligne M. Gad.

Extrait d’un article publié sur ASSAWRA avec les agences de presse