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Source : Info Palestine

Un massacre hypocrite : le récit orwellien de l’attaque de Gaza par Israël

Samedi 17 novembre 2012 - 9 h 23 AM

samedi 17 novembre 2012

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Par Adrian Salbuchi

L’assaut d’Israël contre Gaza permet de douter que ce pays ait le moindre intérêt à conclure l’accord de paix qu’il prétend désirer.

Le corps du tout petit Walid Abadleh, âgé de 2 ans, tué dans les derniers raids aériens israéliens, est porté pour des prières avant son enterrement dans la ville de Khan Younès, au sud de la Bande de Gaza - Photo : AFP
Cette campagne est-elle une nouvelle stratégie pour provoquer une attaque de l’Iran ?

C’est probablement l’histoire sans fin la plus tragique du monde. Cela fait presque 65 ans maintenant qu’Israël bombarde, mutile et humilie les Palestiniens, détruisant leurs maisons et enfermant Gaza dans ce qui peut être considéré comme le plus grand camp de concentration du monde.

Les deux camps accusent l’autre d’être à l’origine de cette nouvelle flambée de violence : "C’est toi qui as commencé !" Comment le savoir ? Et à ce stade cela a-t-il la moindre importance ?

Mercredi 14, un hélicoptère israélien a attaqué le leader de la branche armée du Hamas, Ahmed Jabari, suscitant une violente réaction de la part du Hamas qui a envoyé une pluie de petites roquettes sur les villes méridionales israéliennes ce qui a provoqué d’autres attaques aériennes qui ont tué 19 personnes, dont 6 enfants, et blessé une centaine de personnes.

C’est du déjà-vu, une nouvelle version de "l’opération cast lead" de janvier 2009 ; Cette fois ils l’ont appelée "Opération pilar of défense" (pilier de défense ndt). Il est clair que les leaders d’extrême droite israéliens ne veulent pas d’un accord de paix avec les Palestiniens. C’est pourquoi ils sabotent systématiquement toutes les possibilités d’aboutir à une solution de deux états.

Le dernier Israélien honnête qui a essayé de faire la paix a été le premier ministre Yitzhak Rabin, qui a été assassiné dans les rues de Tel Aviv en novembre 1995 ; pas par un islamiste fanatique, ni par un néo-nazi fou, mais par Ygal Amir, un sioniste fanatique d’extrême droite lié à la fois au mouvement fondamentaliste des colons et à l’agence de sécurité israélienne, le Shin-Beth.

Depuis, ce sont les partisans de l’apartheid, des membres de l’extrême droite qui font la loi et leur pouvoir s’est encore accentué depuis que le Likoud de Benjamin Netanyahu a fusionné avec Yisrael Beitenu de Lieberman. Peut-être que ce dernier épisode de la persécution des Palestiniens est leur manière de célébrer leur nouveau Gross partei (grand parti ndt)...

« Ne vous faîtes pas de souci pour l’Amérique... »

L’ancien premier ministre israélien Ariel Sharon est honteusement célèbre pour avoir crié à ses collègues pendant un débat à la Knesset en octobre 2001, qu’il n’avaient pas besoin de craindre la réaction étasunienne aux attaques d’Israël contre les Palestiniens parce que "nous, les Juifs, nous contrôlons les États-Unis".

Quand on voit comment les politiciens étasuniens font la queue devant les lobbys, les think tanks et les organisations pro-israéliennes comme l’AIPAC (le Comité américain-israélien des affaires publiques) l’ADL (Anti-Defamation League) et autres, et comment ils rivalisent de discours pro-israéliens dramatiques et passionnés, on est tenté de croire que les paroles échappées à M. Sharon étaient la stricte vérité.

Pendant la récente campagne présidentielle Barack Obama et Mitt Romney ont tous les deux essayé de trouver à dire des choses aussi convaincantes que le "je suis sioniste" de Joe Biden pour gagner, non pas seulement le vote et l’argent des Juifs américains mais aussi le vote sioniste de beaucoup de chrétiens évangéliques* non juifs.

Aussi quand au début de la semaine l’ambassadrice étasunienne à l’ONU, Susan Rice, a soutenu ouvertement Israël et condamné les représailles du Hamas en parlant des "violences que le Hamas et d’autres organisations terroristes font subir à Israël", on peut difficilement être surpris.

Peu importe qui est assis dans le bureau ovale ; que ce soit un Démocrate ou un Républicain, les États-Unis soutiendront toujours Israël, sans réserves et sans réfléchir, chaque fois que ce pays décidera de porter de nouveaux coups aux Palestiniens.

Il va de soi que les médias internationaux et étasuniens qui ont réussi à convaincre l’opinion publique que le "terrorisme" est toujours lié aux "fondamentalistes islamiques", s’associent de tout cœur à ce soutien. De fait, le Hamas est considéré comme illégitime avant même que ne commence le débat sur la solution de deux états. Il importe peu que le Hamas ait gagné démocratiquement les élections de 2006 en Palestine.

Il importe peu qu’Israël lui-même ait été fondé par de violents groupes terroristes comme Irgun Zvai Leumi, Stern et Hagganah qui ensuite ont fusionné pour devenir les -si démocratiques !- Forces de Défense Israéliennes (IDF).

Ces groupes terroristes sionistes ont été dirigés par les pères fondateurs d’Israël qui sont ensuite devenus premiers ministres (et même prix Nobel de la Paix pour l’un d’entre eux !) comme Menahem Beguin et Isaac Shamir, eux qui au temps de leur "lutte pour la liberté" avaient fait sauter des hôtels avec les dizaines de personnes qui s’y trouvaient, assassiné des délégués de l’ONU, perpétré des centaines d’assassinats ciblés, imposé des politiques génocidaires qui ont causé la mort et la mutilation de centaines de milliers et chassé des millions de Palestiniens, hommes femmes et enfants, de chez eux au moyen des tactiques terroristes les plus barbares qui soient.

Voilà la logique israélienne en ce qui concerne la Palestine : Quand Israël vole la terre, les habitations et les moyens d’existence des Palestiniens, ils leur est interdit de se plaindre ; et s’ils osent rendre les coups, alors ils deviennent automatiquement des "terroristes". Les États-Unis, l’Angleterre et la plus grande partie de l’Union Européenne sont apparemment d’accord avec Israël là-dessus...

Si c’est moi qui le fais, c’est bien ; si c’est toi, c’est mal...

C’est la raison pour laquelle ces pays ont catalogué le Hamas et le Hezbollah comme des "organisations terroristes".

En vertu du simple bon sens politique, cependant, l’armée d’un pays -que ce soit les États-Unis, la Russie, la Chine, le Brésil ou Israël- reçoit ses ordres des leaders civils de la nation. Mais que se passe-t-il, si, comme c’est le cas pour les Palestiniens, il vous est interdit d’avoir un état-nation ? Comment les Palestiniens peuvent-ils se défendre contre les tactiques terroristes israéliennes systématiques sans État, sans Nation et donc sans armée ? La raison pour laquelle le Hamas et le Hezbollah se sont constitués, c’est justement pour qu’ils aient un moyen de se défendre.

Il est évidemment facile de les disqualifier en les traitant "d’organisations terroristes" mais -si on utilise les mêmes critères- les puissances occidentales ne devraient-elles pas classer la Résistance Française par exemple, parmi les "organisations terroristes" puisqu’elle a refusé de se soumettre passivement à l’invasion militaire allemande de son pays ? Les Résistants auraient-ils dû renoncer à lutter pour ne pas être qualifiés de "terroristes" par le Oberkommando de Berlin ?

Et que dire des groupes terroristes qui ont assassiné le leader libyen Mouammar Kadhafi l’année dernière et de ceux qui mettent la Syrie à sac en ce moment. Ce sont "des combattants de la liberté", je présume, parce qu’ils combattent des régimes hostiles aux Etasuniens ?

L’Occident doit comprendre qu’il ne peut pas avoir la chose et son contraire : soit les combattants de la Résistance française, Irgun et Stern, Hamas et Hezbollah, et des soulèvements syriens et libyens sont tous des "combattants de la liberté" soit ce sont tous des "organisations terroristes". On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.

Toutes les options sont sur la table...

Il y a peu, un porte-parole de l’IDF, dans le style va-t-en guerre de Baby Bush, a menacé non seulement les Palestiniens mais le monde entier, en disant que pour Israël "toutes les options sont sur la table..." Il faut prendre au sérieux des paroles qui viennent du seul état du Moyen-Orient qui possède un arsenal atomique, d’autant plus que cet état a eu par le passé un comportement qui rend la menace crédible.

Les Palestiniens doivent donc se préparer à une escalade de la violence dans les jours et les semaines à venir. Cette dernière flambée de violence va-t-elle être utilisée par Israël comme prétexte pour attaquer aussi le sud du Liban où le Hezbollah est très implanté (et où Israël a transité pendant sa énième invasion du Liban au milieu de 2006) ?

Assistons-nous à une escalade de la violence en vue d’une attaque armée contre la Syrie par l’OTAN/Turquie et "l’armée syrienne libre" (c’est à dire : Al-Qaeda, CIA, Mossad, MI6) ?

Cela fait-il partie de la stratégie d’Israël pour "réaliser son rêve ultime" qui est d’attaquer unilatéralement l’Iran ?

L’intensification de la violence généralisée au Moyen-Orient contribuera à convaincre Obama (et l’armée étasunienne) qu’il faut arrêter de tergiverser en ce qui concerne l’Iran et qu’il leur faut intervenir fermement à nouveau dans la région.

Israël a nommé sa dernière attaque de la série "choc et terreur" : "Opération pilier de défense". Un euphémisme orwellien du meilleur cru pour désigner cette nouvelle étape de la persécution des Palestiniens.

Si Israël a décidé de déclencher les feux de l’enfer au Moyen-Orient en préparation d’une attaque contre l’Iran, alors il est normal que la Palestine martyrisée soit (une fois de plus) la première cible des violences israéliennes. Mettons qu’Israël soit bien en train de déclencher une nouvelle guerre en Palestine, la question est : jusqu’où cela ira-t-il ?

Adrian Salbuchi est analyste politique, écrivain et animateur et commentateur à la radio et à la télévision en Argentine. www.asalbuchi.com.ar

Note :

* Born again dans le texte. Les Born Again Christians sont l’un des mouvements qui composent les très dynamiques et très prospères Evangelical Churches of Jesus Christ, dont les adeptes sont appelés « évangéliques ».