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Chronique « les prisonniers »

Qu’est devenu leur honneur ?

Terrorisme d’Etat

jeudi 1er juin 2006

C’est avec une grande impatience que deux fillettes, Sajida Al-Khawaja, 13 ans, et sa petite sœur Saja, 9 ans, attendaient le jour du 18 mai. C’était le jour prévu pour la libération de leur père Chokri Al-Khawaja, 38 ans, qui avait été enlevé et emprisonné par les soldats de l’occupation. Mais les nouvelles n’étaient pas bien bonnes. Un jour seulement avant cette date, il a été enoyé, pour la quatrième fois, à l’ignoble "détention administrative".

Sajida n’avait que trois ans et Saja, encore à naître, était au centre d’une attente joyeuse, lorsque les autorités de l’occupation ont arrêté, pour la deuxième fois, leur père, Chokri. C’était le 5 novembre 1996. Ainsi, la petite Najat n’a pas eu le temps nécessaire pour que le mot "papa" soit été ancré dans son dictionnaire de mots.

D’ignobles méthodes d’interrogatoire
En fait, Al-Khwaja a été arrêté pour la première fois en décembre 1992. A l’issue d’une enquête de deux mois, il a été interné pour 37 mois. Dix mois seulement après sa libération, il a encore une fois été interpellé en novembre 1996.

"Durant l’interrogation qui a conduit à la première arrestation, on m’a accusé d’être membre du mouvement de la résistance islamique "Hamas" et de sa branche militaire... Ils ont utilisé avec moi des pires méthodes d’interrogation militaire. Ils me frappaient sur les parties sensibles de mon corps. Ils m’étouffaient en me serrant le cou. Ils arrachaient les poils de ma barbe. A certains moments, il ne me restait pas de poils sur mon visage. Ils ont même interpellé ma femme, mon frère, et mes parents pour les interroger. Il s’agissait surtout de pratiquer des pressons sur moi afin que je fasse des aveux et signe des accusations. Malgré tout cela, je n’en ai rien fait...", raconte-t-il.

Même en l’absence d’aveux, il a été condamné à 37 mois de prison.

Seconde arrestation

Après sa deuxième arrestation et une mise en interrogation musclée de deux mois, Chokri a été condamné à neuf ans de prison ferme pour la simple raison d’être membre du mouvement du Hamas et sans aucun aveu.

Bien qu’il ne soit jamais entré à aucune université palestinienne et n’ait pas fait d’études universitaires, les Israéliens l’ont accusé d’être derrière des activités organisées par le Groupe Islamique d’étudiants.

Pendant un mois durant cette deuxième arrestation, dans le centre d’interrogation de la prison de Asqalane, les Israéliens lui imposaient l’infâme torture d’Al-Chabah (le prisonnier est fixé sur un siège dans une position impossible pendant des heures !). Ils mettaient des lunettes noires sur ses yeux et le privaient de sommeil pour un temps insupportable.

Après de courts séjours dans plusieurs prisons israéliennes, Al-Khawaja a finalement échoué dans celle de Majdo où ses yeux ont commencé à souffrir.

Un incendie et un problème aux yeux}

Un incendie est survenu dans la division 5 de cette prison de Majdo. Les captifs, dont Al-Khawaja, y ont perdu leurs maigres possessions, leurs objets personnels, des livres très chers à leurs cœurs...

Le soir même de l’incendie, les prisonniers ont été transférés à la prison du désert d’Al-Naqab. Depuis ce jour-là, le prisonnier Al-Khawaja souffre de violentes douleurs à l’œil droit. La négligence médicale pratiquée par les Israéliens envers les captifs palestiniens pourrait lui coûter son œil !

Son histoire fait penser à ce célèbre prisonnier arabe qui était doublement enfermé : derrière les barreaux d’une prison et derrière sa cécité !

Al-Kawaja croit que le problème est survenu après la pulvérisation d’un produit suite à l’incendie de la division 5. L’administration de la prison n’a rien voulu entendre. C’est l’intervention de « Médecins sans frontières » qui les a fait fléchir. Dans l’hôpital de Barzalaï, le médecin consulté l’a informé que son œil a besoin d’une opération chirurgicale urgente. Sachant qu’il allait quitter la prison dans quelques mois, il a attendu sa sortie pour l’effectuer.

Son œil droit a en fin de compte été perdu. Le problème ne s’arrête pas là. L’autre œil souffre aussi de graves symptômes. Et l’administration pénitentiaire refuse toujours de le laisser se soigner.

Pas de libération

La femme de notre captif Chokri a reçu, il y a quelques temps, une convocation de l’autorité de la prison sioniste d’Ofar. Ils l’ont informée que son mari ne quittera jamais la prison, même s’il purge sa peine, qu’elle ne le verra plus, que sa fille sera interdite de quitter la Cisjordanie !

A tout venant, les Israéliens jurent par leur honneur de soldats que « je ne verrais jamais la liberté tant que j’ai un souffle sur cette terre ! », dit Chokri. Il ne comprend toujours pas la raison de cet acharnement, cette prolongation sans arrêt, après plus de dix ans de multiples interpellations.

L’homme du Hamas

Les agents de renseignements sionistes se sont mis en tête que Chokri est l’homme de la sécurité du Hamas à l’intérieur de leurs prisons. Ils répètent tout le temps dans les séances de leurs tribunaux qu’il est un homme dangereux pour la sécurité de la région et des gens, qu’ils possèdent un dossier secret dont ni l’intéressé ni son avocat ne peuvent prendre connaissance !

Pas de parenté avec son père !

Tout peut arriver avec cette occupation abusive, même les choses les plus absurdes. Les Israéliens ont, à titre d’exemple, refusé à son père de lui rendre visite. En dessous de la notification de leur refus, ils ont marqué : « pas de lien de parenté » !!!

L’âge de ce père octogénaire n’a pas pu faire fléchir les agents de renseignements sionistes pour qu’il puisse voir son fils avant de quitter ce monde.
Ainsi, la famille du captif Chokri Khawaja, qui aurait dû quitter les murs de la prison, le 9 mai 2006, ne croit plus en sa libération, sauf si un miracle provient d’Allah le Tout Puissant.