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Crime contre l’humanité ? (ndlr)

ISRAEL ASSÈCHE LA PALESTINE

Mardi, 23 octobre 2012 - 6h48 AM

mardi 23 octobre 2012

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L’eau est un bien vital ! Dans les territoires occupés, les colons israéliens consomment sept fois plus d’eau que les Palestiniens. L’Autorité palestinienne de l’eau accuse les politiques discriminatoires israéliennes de la gestion de cette ressource et rédige un plan alternatif du partage de l’eau prévu dans l’article 40 des accords d’Oslo. Une réelle évolution en la matière nécessitera aussi un rééquilibrage des rapports de force.

Toute l’eau pour les Israéliens, rien pour les Palestiniens

Actuellement, 85% des ressources en eau de la Cisjordanie sont exploitées uniquement par les Israéliens d’Israël et par les colons de Cisjordanie. En effet, les Colons israéliens consomment plus ou moins 300 litres d’eau par habitant par jour alors que les Palestiniens n’en consomment que 70 litres (dans le Nord de la Cisjordanie, ce chiffre est encore plus faible). Pourtant, selon l’Organisation Mondiale de la Santé, la consommation minimale recommandée est de 100 litres par jour (chiffre qui comprend l’usage domestique ainsi que la consommation en eau des institutions publiques comme les hôpitaux ou les écoles)

En 2008, 8,6% des Palestiniens en Cisjordanie vivaient dans des communautés qui n’étaient pas reliées à l’eau courante et environ 8% vivaient dans des villages qui en étaient alimentés de manière limitée [1]. Ce rationnement est encore plus fréquent durant les mois d’été avec la présence de la sécheresse. Il faut également savoir qu’un tiers de l’eau qui est fournie à la Cisjordanie est perdue en raison de fuites, d’un entretien défectueux et d’une infrastructure trop vieille.

Dans la bande de Gaza, Israël a fermé l’accès aux matériaux et aux engins nécessaires à la construction et à la réparation des infrastructures liées à l’eau (canaux d’irrigation, station d’épuration des eaux usées, etc.). La situation sanitaire et l’approvisionnement en eau se sont donc nettement dégradés.

Dramatiques conséquences sur la santé des habitants et l’économie palestinienne

Beaucoup de Palestiniens ont donc un accès limité à l’eau, ce qui entraine de graves répercussions au niveau sanitaire. La qualité médiocre de l’eau, quand elle est accessible, cause également des problèmes de santé chez les groupes les plus vulnérables. Beaucoup d’eaux usées de la bande de Gaza, par exemple, ne sont pas traitées et seulement 5 à 10% de l’eau potable venant d’aquifères répond aux normes de qualité. Étant donné la forte limitation de l’accès à l’eau, certaines personnes sont obligées de négliger leur hygiène ce qui aggrave les risques de maladies.

La limitation de l’eau a également des effets désastreux sur l’économie, par exemple, au niveau de l’agriculture. Alors que le modèle agricole des colonies israéliennes est peu soucieux de la durabilité de cette ressource essentielle à la vie avec une vision de profit à court terme (production intensive et gourmande en eau), les paysans palestiniens n’ont pas les possibilités d’entretenir leurs cultures. Soit parce qu’ils n’ont pas accès à l’eau, soit parce qu’ils doivent payer un prix démesuré pour l’eau. En effet, beaucoup de paysans mais également les habitants sont obligés d’acheter l’eau en « tankers » à cinq fois le prix courant. Ainsi, une grande partie du revenu des habitants part dans l’achat de l’eau et appauvrit davantage la population la laissant avec peu de moyens pour se payer la nourriture, le transport, l’énergie ou d’autres frais liés aux besoins essentiels.

Selon un rapport publié à Ramallah par le ministère palestinien de l’Économie et un institut de recherches économiques de Jérusalem, l’occupation israélienne aurait coûté à la Palestine 6,9 milliards de dollars en 2010, soit 85% du PIB total palestinien. Les restrictions sur l’eau engendreraient un coût de 2 milliards de dollars. Cette perte est due, d’une part, à la perte directe due au coût exagéré de l’eau. D’autre part, à la perte indirecte due à la diminution de la production agricole (restriction de d’eau) et à l’augmentation des problèmes de santé (restriction de l’eau et qualité médiocre de l’eau).

Construction d’un mouvement populaire

Les accords d’Oslo (1992) fixent le calendrier et les règles de la mise en œuvre progressive de l’autonomie en Cisjordanie et à Gaza.

L’article 40 de ces accords d’Oslo régit aujourd’hui le partage entre Israéliens et Palestiniens des droits d’exploitation des ressources hydrauliques en Cisjordanie. Il a tenté de définir comment les Palestiniens pourraient augmenter leur consommation d’eau sans en diminuer la demande israélienne. L’article a sous-estimé le montant d’eau disponible pour les Palestiniens. Il n’envisage même pas une réduction de la consommation excessive israélienne de ce bien ou la fin des colonies.

Une simple révision de l’article ne suffira pas à changer la politique israélienne. Nous avons vu par le passé que l’Israël n’a pas toujours respecté les accords de Paix. Plus qu’un changement sur papier, il est nécessaire qu’un réel mouvement populaire se mette en place pour rééquilibrer les rapports de force. Alors que les mouvements sociaux de la révolution du printemps arabe scandent dans les rues le slogan « Les gens veulent une réforme, du pain et la liberté », il est normal que les Palestiniens réclament leur droit à l’eau sachant que les Israéliens consomment 85% de celle-ci. Les Health Work Committees, partenaires de M3M, y travaillent également. Pour ces derniers, les jeunes seront le moteur du changement social. En Palestine, les jeunes entre 15 et 24 ans représentent 22% de la population. Il est donc essentiel de prendre en considération le rôle qu’ils ont à jouer dans cette lutte pour un changement communautaire et démocratique. C’est pourquoi, HWC s’attèle à développer un réseau de jeunes qui militent pour le droit à la santé.

1 Série fiches d’information no. 89, juillet 2010, Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient