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Exemple à suivre par nos élus emmitouflés dans les rouages de leur compteur de voix (ndlr)

ROBERT PAGANI - UN PROVOCATEUR À NEW YORK

Mercredi, 10 octobre 2012 - 11h21

mercredi 10 octobre 2012

L’exigence du respect du Droit international par tous les Etats est un devoir. Tout élu, quelque soit son mandat, est tenu de dénoncer la moindre violation de ce droit. Tout élu qui s’abstient de ce devoir trahit une part de son mandat et ses électeurs.

Sachant que les violations quotidiennes du Droit international , non dénoncées et sans sanctions, créent chez les citoyens une sorte de sentiment d’impunité ouvrant la voie aux pires dérives, la non-dénonciation par les élus de ces violations est en quelque sorte un acte passif d’incitation à rester en marge des fondamentaux les plus élémentaires et exacerbe les tensions, issues de ces violations qui peuvent conduire au pire.

Le Comité de rédaction

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Il est maire de Genève, mais il est toujours militant ! Invité par le Tribunal Russell sur la Palestine, le Genevois Rémy Pagani a enthousiasmé les quelque 900 participants rassemblés à la Cooper Union, haut lieu des luttes sociales new-yorkaises.

Par Robert Habel - Mis en ligne le 10.10.2012

Il est incorrigible ! Incapable de laisser tomber ses convictions politiques et sa fougue militante. Incapable de se glisser enfin dans les habits confortables d’un magistrat comme les autres, consensuel, prudent, vaguement insignifiant. Conseiller administratif de l’Alliance de gauche et maire de Genève, Rémy Pagani aurait pu passer, le week-end dernier, des journées paisibles au bout du lac ; il a choisi au contraire de se mettre en danger. Pour la première fois de sa vie, l’activiste genevois a accepté, à 58 ans, d’aller aux Etats-Unis, ce temple du capitalisme où il s’était juré autrefois de ne jamais mettre les pieds. Il a eu surtout l’audace de témoigner, en tant que maire de Genève, en faveur des Palestiniens.

SÉJOUR INTENSE

Parti de Suisse vendredi en fin d’après-midi – il a voyagé en classe économique alors qu’il avait droit à la première –, il a atterri le soir à l’aéroport de Newark, dans le New Jersey, à côté de New York, avant de repartir dimanche soir et d’atterrir à Genève lundi matin à 7 h 30. Un séjour dense et intense, plein de rencontres avec des personnalités prestigieuses et de découvertes de toutes sortes (l’architecture de certains bâtiments, un marché gigantesque sur une avenue fermée à la circulation le dimanche, le flux ininterrompu des taxis jaunes…).

Mais, surtout, un séjour à hauts risques politiques, puisque Rémy Pagani était l’invité du Tribunal Russell sur la Palestine, une instance citoyenne qui dénonce la politique d’expansion et de colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés. Parmi les jurés de ce tribunal à l’autorité purement morale, le diplomate et écrivain Stéphane Hessel, l’exactiviste black Angela Davis, le fondateur des Pink Floyd Roger Waters, le pianiste argentin Miguel Angel Estrella. « Le Conseil administratif de Genève a accordé une subvention de 50 000 francs pour cette session du Tribunal Russell et c’est un honneur pour la ville d’avoir été invitée, remarque Rémy Pagani, qui feint de s’étonner des cris d’indignation poussés par les milieux pro-israéliens. Le tribunal a été fondé dans les années 60 par le philosophe britannique Bertrand Russell, animé par Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir et d’autres grands intellectuels de l’époque, et il a beaucoup inspiré le développement du droit international et des droits humains. A mon sens, il a joué un rôle de précurseur pour le Tribunal pénal international. Je suis donc venu redire, en tant que maire de Genève, qu’il faut respecter le droit international et les résolutions de l’ONU partout dans le monde. Pour les 60 ans des Conventions de Genève, il y a trois ans, pendant mon premier mandat de maire, j’avais déjà fait une tournée dans plusieurs pays. J’avais vu notamment le maire de Tel-Aviv. Donc, si l’on me dit que je suis de parti pris, eh bien je réponds que je suis du parti pris des Conventions de Genève. »

CIBLE DES PRO-ISRAÉLIENS

C’est ce que Rémy Pagani a expliqué lors de son discours d’ouverture, un message bref et percutant, en français, qui a été vigoureusement applaudi par un public attentif et vibrant – activistes de tous âges, professeurs, jeunes et belles femmes voilées. Même s’il a évoqué, spécifiquement, « le déni de droits dont souffre le peuple palestinien depuis plus de soixante ans », Rémy Pagani s’en est tenu au strict rappel des principes universels. Il sait que les milieux pro-israéliens lui ont d’ores et déjà déclaré la guerre, à commencer par le libéral genevois Pierre Weiss, président de l’association Suisse-Israël, et que la droite du Conseil municipal genevois veut déposer une motion contre lui, mardi 9 octobre. Mais il ne s’en émeut guère et semble même, en fait, trépigner secrètement à l’idée du combat…

« Certains veulent m’interroger en me mettant une lampe dans la gueule, observe-t-il, mais ça ne m’impressionne pas. Je n’ai pas le sentiment d’avoir fait de la provocation. Je ne crois pas qu’on fasse de la provocation en disant que le droit international doit être respecté. On vit dans un Etat de droit en Suisse, on ne règle pas nos conflits à coups de fusil. Ça doit être la même chose sur le plan international. C’est la force du droit qui doit prévaloir et non le droit du plus fort. » Et si on lui parle de la réserve et de la neutralité qui incombent traditionnellement à un magistrat comme lui, Rémy Pagani répond qu’il faut revisiter la fonction, la réinventer, la personnaliser pour lui donner le plus de sens possible.

Pendant deux jours, le magistrat militant a donc suivi les travaux du tribunal, écouté la vingtaine de grands témoins (experts en droit, diplomates, etc.) qui sont venus déposer, échangé ses impressions sur les avancées (et les limites) du droit international. « J’ai parlé avec des gens honnêtes intellectuellement, pas du tout haineux. Ils essaient de cerner les problèmes et d’imaginer des solutions, car l’impasse actuelle ne peut pas durer. »

Mais le maire de Genève a profité aussi de quelques instants volés pour marcher dans Manhattan : un pur plaisir par une chaleur estivale. « J’ai toujours découvert les villes à travers mes activités politiques, expliquet- il. Madrid, je l’ai vue en courant pendant une manif contre Franco. Paris, c’était pour une manif syndicale. J’ai toujours un objectif politique, je n’arrive jamais avec le Guide du routard. »

love New York, pourraitil dire désormais (en français, car son anglais est inexistant). « J’aime les ambiances urbaines, il y a beaucoup d’énergie et de vie. Comme on a toujours des clichés en tête, je m’attendais à voir beaucoup de gens obèses, puisqu’on nous en parle tout le temps, mais je vois que les New-Yorkais sont comme nous. Ils sont très sympathiques, aussi. »

Seul regret : Rémy Pagani n’a pas eu le temps d’aller au MoMA, le célèbre musée d’art contemporain où il se réjouissait de voir un tableau de Kandinsky. « Dès que j’arrive à Barcelone, à Madrid ou ailleurs, je vais au musée. J’adore l’art, c’est une aventure. L’artiste crée sa propre réalité, il est toujours à la marge…