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Le devoir de mémoire (ndlr)

30 ans après, Chatila se souvient du massacre de 1982

Mercredi, 19 septembre 2012 - 6h33 AM

mercredi 19 septembre 2012

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Par Tiphaine LE LIBOUX

Au pied du mémorial des martyrs, les mères palestiniennes déposent les portraits de leurs fils morts en septembre 1982. Photo Tiphaine Le Liboux
Au cimetière des Martyrs, une cérémonie a été organisée hier pour se souvenir du 16 septembre 1982.

Les victimes réclament toujours justice…

« Regardez ces officiels qui se pressent pour être sur la photo. Les Palestiniens du camp sont toujours derrière, alors que ce sont eux qui devraient être au premier plan », commente avec amertume Abou Moujahed, président fondateur du Children and Youth Center (CYC) de Chatila, devant la porte du cimetière des Martyrs, à l’entrée du camp de Chatila,

Abou Moujahed vient de rejoindre la cérémonie organisée par la municipalité de Ghobeiri pour la commémoration du massacre de Sabra et Chatila. Avant de venir au cimetière déposer des couronnes de fleurs, Abou Saïd al-Khansa, le président de la municipalité de Ghobeiri, et Ashraf Dabour, l’ambassadeur de Palestine, ont tenu de longs discours appelant les Palestiniens à ne pas oublier, à ne pas se décourager. Pour Abou Moujahed, ces discours ne peuvent que sonner creux alors que les conditions de vie vont de mal en pis à Chatila.

« Au fil des années, les Palestiniens de Chatila ont été dépossédés de leur commémoration », déplore Abou Moujahed. Il regrette que les habitants du camp ne se sentent plus concernés par cette cérémonie du souvenir. « Désormais, seuls 10 % des habitants du camp y participent. La commémoration a perdu son caractère populaire. Elle est devenue trop officielle.

Le résultat de tout ça, c’est qu’aujourd’hui, les jeunes, c’est-à-dire la troisième génération de réfugiés, ne savent presque rien de ce qui s’est passé ici en 1982 », déplore t-il. Aujourd’hui, devant les portes de son centre CYC situé à l’intérieur du camp, où sont dispensés des cours d’arabe et d’anglais pour les enfants de Chatila, Abou Moujahed a organisé un petit spectacle de danse palestinienne traditionnelle et a fait exposer les clichés du massacre de 1982.

Mariam s’attarde devant les photos macabres. Cette étudiante en communication est palestinienne. Elle n’habite pas à Chatila, mais s’y rend régulièrement. La jeune femme projette d’y tourner un film. « Il y a une telle pauvreté ici que certains jours, les gens ne peuvent même pas acheter du pain. » Être présente aujourd’hui, c’est aussi une façon pour Mariam de s’élever contre le déni des droits des Palestiniens.

« Nous aimons le Liban, mais nous haïssons son gouvernement. Ici, je ne peux toujours pas acheter de maison, ni ouvrir un magasin. »

Selon Abdou, la population du camp est passée de 3 000 habitants en 1982 à 18 000 aujourd’hui, sans que sa surface ne s’étende. Alors, sur les habitations de fortune, les étages se sont rajoutés au fil des années. Listant les problèmes d’eau, d’électricité, d’éducation, de drogue et de sécurité dans le camp, Abou Moujahed ne voit qu’une solution à la situation des Palestiniens : « Il faut militer pour le droit au retour des réfugiés. »