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Paix et Justice au Moyen-Orient - Analyse N° 11/2012

Le 11 septembre des peuples arabo-musulmans

Samedi, 15 septembre 2012 - 18h31

samedi 15 septembre 2012

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La projection du court métrage « L’innocence des musulmans », un film islamophobe, a mis le feu aux poudres dans les pays arabo-musulmans, en Afrique du Nord, au Proche et Moyen-Orient et en Asie.

L’ambassadeur des Etats-Unis en Libye et trois autres américains sont morts lors de l’attaque, mardi 11 septembre au soir, du consulat américain à Benghazi, en Libye.

Les Ambassades des Etats-Unis au Yémen et en Tunisie ont été prises d’assaut.

Les manifestants se sont attaqués aux ambassades britannique et allemande à Khartoum, capitale du Soudan, mettant le feu au drapeau allemand.

Les critiques fusent pour condamner l’effervescence qui règne actuellement dans le monde arabo-musulman. Mais, il serait naïf de limiter cette agitation à l’aspect religieux et à la montée des « salafistes »-donc violents et intolérants- en Afrique du Nord.

En effet, c’est depuis plus de deux siècles que les peuples arabo-musulmans souffrent le martyre et subissent des régimes dictatoriaux et corrompus à la solde de puissances occidentales qui n’ont qu’une idée en tête : pérenniser leur domination, empêchant les peuples d’accéder à la souveraineté politique.

L’Irak, l’Afghanistan et la Libye ont été recolonisés alors que l’Egypte, la Tunisie et le Yémen sont tenus d’une main de fer par des régimes pro-américains.

La Palestine est toujours occupée par Israël qui, avec les Etats-Unis et la France, menace l’Iran, seul pays indépendant du Moyen-Orient, de bombardement.

A son tour, la Syrie risque de retomber dans l’escarcelle de l’Occident qui arme les rebelles syriens via ses satellites régionaux, l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie.

L’affaiblissement des Etats-Unis a offert l’occasion aux peuples d’Afrique du Nord de se débarrasser de potentats locaux comme Ben Ali, mais les régimes tunisien, égyptien et yéménite n’ont toujours pas accédé à la souveraineté politique.

C’est dans ce cadre qu’il faut comprendre la poussée de fièvre qui monte actuellement en Libye, en Tunisie, en Egypte et au Yémen.

L’éditorial du quotidien Le Monde du samedi 15 septembre est révélateur : « vidéo islamophobe, prétexte à ces violences ». Oui, un « prétexte » pour manifester sa colère contre les ingérences de l’Occident colonialiste.

L’embrasement actuel des pays arabo-musulmans a commencé le 11 septembre 2012. C’est le début d’une nouvelle ère, celle du virage révolutionnaire pris par le « printemps arabe ».

Comme nous l’avons écrit en avril 2012 : « le séisme révolutionnaire qui secoue actuellement le Nord de l’Afrique, le Proche et le Moyen-Orient est le prolongement des révolutions bourgeoises démocratiques, commencée aux dix-huitième siècle en Europe et en Amérique (…) l’Occident colonialiste vit ses derniers jours qui peuvent paraître longs à l’échelle d’une vie mais qui paraîtront courts pour l’Histoire » (Analyse 5 (2012)).

D’aucuns soulèvent le radicalisme des assaillants, fustigent, au passage, le caractère arriéré du projet de société des « salafistes ». Il n’y a aucun doute sur le caractère moyenâgeux, réactionnaire et misogyne des projets fondamentalistes. Mais l’Histoire n’en a cure. Car le radicalisme est le carburant du moteur de l’Histoire à certains moments décisifs.

L’Histoire de la France avait besoin du radicalisme des Jacobins ; celle de la Russie des Bolchevicks ; celle de l’Iran du chiisme radical et celle des pays d’Afrique du Nord des « salafistes ». L’idéologie véhiculée par des révolutionnaires radicaux sert à mobiliser les masses et à les faire rêver.

L’agressivité de l’Occident fait face actuellement à la colère des peuples arabo-musulmans qui agit comme un tsunami qui emportera, tôt ou tard, tout l’édifice colonialiste.

Tout porte à croire que l’Occident* est conscient des enjeux mais il pense n’avoir d’autre choix que d’expédier des marins sur les champs de batailles et de souffler encore et encore sur les braises de la révolution en cours.

L’existence même de l’Etat d’Israël - qui ne respecte aucune loi internationale et qui continue de martyriser le peuple palestinien - sera en jeu. L’Arabie saoudite et la Jordanie n’en sortiront pas indemnes.
L’offensive anticolonialiste actuelle finira par aboutir. C’est la marche de l’Histoire.

*Rappel : « L’Occident », c’est-à-dire les USA et leurs soutiens, l’ensemble des pays colonialistes.

Ce n’est pas l’affrontement de deux civilisations, comme veut nous le faire croire la presse aux ordres, mais du monde colonialiste et des pays colonisés

Le comité de rédaction