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Scandaleuse complicité et manipulation de la jeunesse

La Palestine disparaît des manuels de géographie

Cet état de fait doit être par tous les moyens porté à la connaissance des responsables de l’éducation nationale.

mardi 23 mai 2006

La manipulation des citoyens est un acte courant et injustifiable.
Cette même manipulation des enfants et adolescents relève de l’ignominie et de la volonté affirmée de transmettre de fausses informations.
Que les responsables et complices de tels actes délibérés soient dénoncés et poursuivis relève de la justice la plus élémentaire.
Il est de notre devoir de citoyen d’en faire une affaire d’Etat .

En mai, les éditeurs présentent les nouveaux manuels scolaires. Ainsi cette année, les livres de géographie pour les classes de seconde parviennent dans les établissements et les enseignants choisissent celui avec lequel les élèves travailleront. Le choix s’avère être toujours un exercice difficile et compliqué ; une des méthodes pour se tromper le moins possible consiste à étudier de près un chapitre en particulier. Abordons donc le chapitre sur l’eau.

Le programme de géographie en classe de seconde a pour objet l’occupation et l’aménagement de la Terre par les hommes. Un des thèmes obligatoires est « l’eau entre abondance et rareté » (BO hors série n°6, 31 août 2000). Il s’agit notamment d’étudier comment « des aménagements peuvent créer des tensions à différentes échelles », de faire comprendre aux élèves combien l’eau est « un enjeu majeur ».
Toutes les éditions présentent divers exemples... mais l’étude de la question au Proche Orient est consternante. Notre observation porte sur cinq manuels et aboutit à une simple interrogation : où est passée la Palestine ?
Sur huit cartes du Proche Orient (tous manuels confondus), les frontières de la Palestine sont complètement gommées au profit d’Israël. Il n’y en a que deux sur lesquelles la Palestine ou la Cisjordanie et la Bande de Gaza sont nommées. Sur quatre autres cartes, les contours de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza sont dessinés mais aucun nom n’apparaît. Hatier présente une carte sur les « ressources et prélèvements en eau douce dans le monde arabe » (page 86) : la Palestine a disparu ! Cette disparition est confirmée dans le tableau qui figure à la même page concernant « la croissance démographique et les ressources en eau douce au Moyen Orient »... tableau dans lequel figure Israël, état qui a pour « capitale Jérusalem » (page 88). Les géographes des éditions Belin ne s’embarrassent guère plus avec la Palestine. Leur planisphère « l’eau, source de tension » indique « des tensions » à propos du Jourdain entre Israël et la Jordanie... seulement (page 105).
Dans le manuel Bordas, la Palestine est nommée mais le texte abordant la question est signé d’un universitaire israélien. Pourquoi ne pas avoir donné la parole à un Palestinien aussi ? Les prélèvements d’eau par Israël dans les territoires occupés ne sont pas cartographiés.
Il est intéressant de noter que dans sa précédente édition, Hatier exposait une double page sous le titre « l’eau en Palestine, un enjeu conflictuel ». Figuraient une carte sur les ressources hydrauliques d’Israël et de la Palestine, deux tableaux mentionnant Gaza et la Cisjordanie et un extrait du texte « le pillage de l’eau dans les territoires occupés » paru dans la Revue d’études palestiniennes n°35.

Dans le chapitre concernant la population mondiale, la Bande de Gaza devrait être donnée en exemple comme territoire ayant une des densités de population les plus élevées au monde (3 000 habitants / km2, moyenne mondiale 49 habitants / km2) ; mais il n’en est rien. Dans ce même chapitre, il est question des frontières qui « induisent des enjeux géopolitiques voire des conflits » mais quel manuel montre le mur édifié par Israël ? Aucun. Et pourtant la relation entre la construction de ce mur et les ressources en eau s’impose, ce qui permet de tisser des liens d’une leçon à l’autre et d’utiliser les acquis des élèves.

Que faut-il montrer ou cacher aux élèves ? Quel monde les géographes et les enseignants sont-ils censés présenter ? Certains cas sont-ils plus « présentables que d’autres » et selon quels critères alors ? Des populations et leurs territoires doivent-ils être rayés des manuels scolaires ? A quel titre ? Ainsi comment comprendre qu’un éditeur qui avait présenté une étude de cas intéressante concernant la Palestine en 2001 la raye de la carte en 2006 ? A quelle logique obéit-il pour falsifier ainsi la réalité ?
Ces questions devraient être l’objet de vrais débats parmi les enseignants. Mais pour l’instant et dans l’urgence, il s’agit de choisir le manuel de seconde en connaissance de cause... et que la Palestine ne disparaisse pas.