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Source : JOL Press

Blackout sur le Bahreïn

Mardi 21 août 2012 - 18 h 13

mardi 21 août 2012

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Le Printemps arabe a braqué l’attention des médias internationaux sur l’Egypte, la Tunisie, la Libye, le Yemen et plus récemment la Syrie, mais il a aussi caché la répression agitant le Royaume du Bahreïn. Un blackout médiatique volontaire selon les activistes.

La dictature se maintient au Bahreïn

La répression secoue le Bahreïn, mais le pays semble désintéresser les médias internationaux. Les activistes bahreïniens accusent les Etats-Unis et le Royaume Uni, alliés du royaume de maintenir la dictature islamiste en place. « Le Bahreïn est aujourd’hui oublié et a été oublié dès le début du Printemps arabe, car ce qui arrive à Bahreïn n’est pas le fruit de l’action du régime uniquement, mais celui des intérêts conjoints de différents pays », souligne Lamees Dhaif, un journaliste et activiste, interviewé par CNN la semaine dernière.

L’Ouest reste silencieux

Symbole de l’installation du régime dans une logique de répression. L’activiste pour les droits de l’homme, Nabeel Rajab, a été condamné à trois ans de prison pour avoir participé à une manifestation illégale. De fait, depuis début 2011, les Al Khalifa, famille dominante au Bahreïn, procèdent à une sévère répression des manifestations en faveur d’une évolution démocratique du royaume. Pourtant, l’Ouest est resté plus ou moins silencieux.

Nabeel Rajab, prisonnier de conscience pour Amnesty International

« La décision de la Cour de justice marque un jour sombre pour la justice au Bahreïn et pose des questions quant à son indépendance vis-à-vis du pouvoir », a souligné Hassiba Hadj Sahraoui, député et responsable Amnesty International pour le Middle East et le Nord-Africain, dans un récent communiqué de presse de l’organisation internationale, qui a reconnu récemment Rajab comme « prisonnier de conscience ». D’autres organisations de défense des droits ont également condamné la sentence de Nabeel Rajab, soutenant sa violation de la liberté d’expression. Action soutenue par 17 membres du Congrès américain, signataires d’une lettre adressée au Roi Hamad bin Isa al-Khalifa, concernant l’arrestation de l’activiste.

Pour Lamees Dhaif, « les alliés du Bahreïn (la Grande Bretagne et les Etats-Unis) ne veulent pas intervenir dans les affaires internes du Bahrain car c’est un allié fiable dans la région. Par ailleurs le Conseil de Coopération des Etats du Golf (qui en plus du Bahreïn inclus le Koweït, l’Etat d’Oman, le Quatar, l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis) ne peut autoriser le Bahreïn a un changement démocratique à cause du risque de risque de pression que cela pourrait induire sur les États limitrophes, dont les gouvernements ne veulent pas s’engager sur la voie d’un changement de régime ».

Des intérêts stratégiques non négligeables

Dans un récent éditorial, publié dans The Independent, Fatima Kanji fait part d’une analyse similaire dans laquelle elle met en lumière qu’en dépit de la déclaration publiée par le Congrès américain sur les atrocités commises au Bahreïn et de la diffusion d’éléments prouvant le soutien militaire de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis, le conflit se poursuit en raison des intérêts stratégiques que représente le Bahreïn pour les pays occidentaux.

Les Etats-Unis, premiers fournisseurs d’armes du Bahreïn

Par ailleurs, au-delà de l’intérêt géopolitique du Bahreïn pour les Etats-Unis, des intérêts sous-jacents se font sentir. Les Etats-Unis sont notamment le premier fournisseur d’armes du Bahreïn avec un montant total de 53 millions de dollars de matériel a souligné Kate Gould, journaliste pour « Foreign Policy in Focus », qui a récemment comparé le blackout médiatique à l’ouest et l’hypocrisie médiatique régnant autour du Bahreïn à la relation symbiotique existant entre la Russie et la Syrie.

Le blackout médiatique se poursuit

D’autre part, Fatima Kanji a fait remarquer que si le Président Obama s’était dit inquiet concernant le traitement de Alkhawaja, il n’avait pas demandé sa libération. Au-delà de cette action, encore au stade embryonnaire, les 28 pays membres de l’Organisation des Nations Unies ont réalisé une déclaration commune concernant la situation au Bahreïn. Une action saluée par l’Observatoire des Droits de l’Homme pour le signal qu’elle envoie au Bahreïn. Mais s’il n’est pas clair que le gouvernement ait reçu ou non le message, le blackout médiatique à l’Ouest lui se poursuit.

Globalpost / Adaptation Stéphan Harraudeau pour JOLPress