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Golfe persique dans la tourmente (ndlr)

La province orientale de l’Arabie Saoudite en ébullition

Dimanche, 5 août 2012 - 11h24 AM

dimanche 5 août 2012

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Le vendredi 3 août au soir, l’est du royaume saoudien a une nouvelle fois été le théâtre de violences. Deux personnes, dont un policier, ont été tuées lors d’une attaque contre une patrouille de police. Depuis janvier 2011, l’Arabie Saoudite sunnite tente, tant bien que mal, de mater le soulèvement de la minorité chiite majoritaire dans l’est du pays.

Dans la nuit de vendredi à samedi, selon la Saudi Press Agency, « une patrouille de sécurité a essuyé des tirs nourris de la part de quatre émeutiers armés à bord de motocyclettes ». Les faits se sont déroulés dans le district de Qatif, fief de la contestation chiite saoudienne. Un policier et un assaillant seraient morts dans les heurts, et un autre agent de police aurait été blessé. Cet incident est survenu après une manifestation comme il y en a chaque vendredi dans ce district depuis plus d’un an.

Plus d’un an de manifestations

La province orientale de l’Arabie Saoudite, riche en pétrole, concentre l’essentiel des deux millions de chiites du royaume, soit 10% de la population autochtone.

L’origine du soulèvement coïncide avec le printemps arabe qui se déroule au Bahreïn voisin. Les chiites saoudiens ne tolèrent en effet pas le soutien de Riyad à la répression par le pouvoir sunnite de Manama contre sa population chiite.

Le 14 mars 2011, dans le cadre du Conseil de coopération du Golfe (CCG), les pays de la région, pilotés par l’Arabie Saoudite, envoient une force armée pour venir en aide au régime en place ; c’est le début de l’intervention « Bouclier de la péninsule ».

Depuis, la situation est restée la même. Les troupes du CCG se sont retirées, les chiites de Bahreïn réclament toujours plus de droits et, de l’autre côté de la chaussée du Roi-Fahd qui sépare les deux pétromonarchies, les chiites Saoudiens poursuivent leur mobilisation.

Prenant exemple sur leurs frères bahreinis, ils réclament plus de droits, ou tout au moins l’égalité des droits avec les sunnites du royaume. Ils se battent pour pouvoir avoir les mêmes conditions de travail que leurs concitoyens sunnites, des prestations sociales identiques, etc.

Depuis novembre 2011, onze personnes sont mortes, tuées par les forces de l’ordre saoudiennes. Le dernier fait meurtrier en date a eu lieu il y a à peine un mois après l’arrestation du dignitaire chiite Nimr Baqer al-Nimr à Awamiyya, second foyer du soulèvement. Deux personnes ont trouvé la mort lors d’une première manifestation. « Pourquoi n’attaquez-vous pas l‘étranger ? Pourquoi vous attaquer à nous, quelques pauvres âmes, si c’est un autre pays qui est responsable ? Alors attaquez-le, attaquez l’Iran, et nous verrons bien ce dont vous êtes capable ! », a déclaré al-Nimr.

Une menace pour Riyad ?

Le pouvoir des Saoud, soucieux de conserver sa domination sur cette province pétrolière, considère les troubles à l’est comme un « nouveau terrorisme » et ne peut s’empêcher de voir la main de Téhéran derrière le soulèvement.
Stigmatiser l’émergence d’un « croissant chiite », redouté par les pays du Golfe mais aussi par les démocraties occidentales, est un exercice auquel Riyad prend goût.
Pourtant, il semblerait que les réclamations des chiites Saoudiens de la province orientale, qui se déroulent le plus souvent de manière pacifique, soient avant tout sociales, sans demande réelle de sédition. Les chiites du royaume sont avides de reconnaissance.

Ainsi, le printemps arabe est aussi saoudien, mais dans un silence assourdissant. Sur les réseaux sociaux, les appels à manifester en Arabie Saoudite et à Bahreïn pourraient faire craindre une escalade dans toute la région. D’autant plus que le mois sacré du ramadan a souvent tendance à exacerber les passions.

Source : RFI

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