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Analyse d’Alain Gresh - Le Monde Diplomatique

Carnage en Syrie : comment sortir de l’impasse ?

Lundi, 16 juillet 2012 - 10h38 AM

lundi 16 juillet 2012

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Pour Alain Gresh, "la solution diplomatique est bloquée parce que personne, en réalité, ne soutient les efforts de Kofi Annan : le gouvernement syrien joue la répression et la montre ; et les puissances occidentales (et celles du Golfe) ne soutiennent pas Annan, « the only game in town » comme disent les anglo-saxons".

En d’autres ternes, « le problème est que les Occidentaux ne choisissent pas vraiment. Ils savent qu’une intervention est difficile et ses conséquences imprévisibles, mais ils ne font rien pour une solution diplomatique ».

« Les interventions militaires sont rarement des succès »

A la question de savoir s’il faut intervenir militairement, ce spécialiste du Moyen-Orient n’y est pas très favorable : "En général, quelles que soient les bonnes intentions, les interventions militaires sont rarement des succès (il peut y avoir des exceptions). Regardons l’Irak, dix ans après sa « libération » et le prix encore payé par les Irakiens qui ne savent pas quand ils auront de nouveau un État".

Pour Alain Gresh, il faut avant tout faire pression sur l’opposition « pour qu’elle participe à des négociations ». Il parle également d’"essayer d’associer l’Iran à la solution" car « les relations entre la Syrie et l’Iran sont stratégiques depuis 1979 ».

« En attendant, beaucoup de civils y perdent la vie...et on ne fait que regarder... », fait remarquer une internaute. Ce à quoi il répond : « Je partage votre émotion, mais, en politique, il n’est pas toujours possible de faire quelque chose rapidement. Et surtout il ne faut pas faire quelque chose qui ferait encore plus de victimes ».

A un autre internaute qui parlait du succès de l’intervention militaire en Libye, il modère : « Il est un peu tôt pour tirer les leçons de l’intervention en Libye ; les élections ont été un pas positif, mais l’aggravation des tensions dans la zone sahélienne est inquiétante. Et il n’est pas sûr que les élections débouchent sur un gouvernement stable, le rôle des milices est vraiment trop important ».

Il faut éviter l’éclatement du pays

Quant à savoir comment sortir de cette impasse, « il n’y a pas de sortie simple », analyse Alain Gresh. « Je pense que les mois du pouvoir syrien sont comptés. Mais il faut prévoir une transition qui ne débouche pas sur l’éclatement du pays. Pour cela il faut négocier, y compris avec l’ancien régime : rappelons nous que c’est ce qui a permis la transition au Chili ou en Argentine ».

« Le problème est que la Syrie est au croisement de divers enjeux : la révolte de son peuple ; le conflit avec l’Iran ; le conflit israélo-arabe. Pour certains, faire tomber le régime fait partie d’une stratégie anti-iranienne ; pour d’autres, cette chute renforcerait Israël », écrit-il pour expliquer les enjeux. "Il y a un débat en Israël entre ceux qui pensent que la chute du régime affaiblirait l’ennemi principal, l’Iran ; l’autre qui pense qu’une déstabilisation de la Syrie risqueraient de « ranimer » le front sur le Golan".

Par ailleurs, « les russes ont acquis, grâce à cette crise, un statut qu’ils avaient perdu depuis longtemps : rien ne peut se faire sans eux. Ils ne vont pas céder facilement, mais je doute qu’ils veuillent une guerre ».

Et de conclure : "La Syrie vit une situation dramatique dont le régime porte la principale responsabilité. Mais les déclarations « morales » ne servent pas quand elles ne s’accompagnent d’une action politique. Le plan Annan est le seul viable et le seul à disposer, en principe, du soutien de tout le monde. Il faut préparer une transition politique. Et aussi savoir que les puissances régionales qui ont des intérêts en syrie, doivent être associées au règlement"