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Tôt ou tard ! (ndlr)

L’Arabie Saoudite touchée par le printemps arabe ?

Dimanche, 15 juillet 2012 - 12h58

dimanche 15 juillet 2012

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Matinale : Natalia Trouiller -

Des émeutes de chiites dans l’est du pays pourraient rencontrer l’exaspération de la population face aux brimades de la police religieuse.

Policiers de la Muttawa, la redoutée police religieuse saoudienne. © DR

ARABIE SAOUDITE : L’EXASPERATION MONTE
C’est un banal contrôle de la police religieuse saoudienne qui a dégénéré dans la région d’Al-Baha, dans le sud-ouest. Au volant de sa voiture, un jeune Saoudien de 34 ans, Abderrahman Al-Ghamdi, a été arrêté par la muttawa, qui lui a intimé l’ordre de baisser le son de la musique qu’il écoutait en conduisant. Ayant refusé, le jeune homme a été pris en chasse par les policiers. La course poursuite s’est mal terminée : le jeune homme est mort, et sa femme et ses deux enfants, présents dans la voiture, ont été blessés.

> Comme dans le cas de la femme arrêtée pour avoir mis du vernis à ongles et qui s’est rebellée contre le muttawa qui la contrôlait, les autorités de la police religieuse ont vivement condamné la conduite des quatre muttawas qui ont été placés en détention. Pour les supérieurs des quatre hommes il s’agit clairement d’un abus de pouvoir. Car au royaume wahhabite, le nouveau responsable de la police religieuse, Abdel Latif ben Abdel Aziz Al Cheikh, est un modéré qui a su comprendre l’exaspération croissante d’une population qui exècre les policiers de cette « Commission de la promotion de la vertu et de la prévention du vice ». Il faut dire que le zèle de celle-ci a souvent provoqué l’indignation. En 2002, par exemple, lors d’un incendie dans une école pour jeunes filles de La Mecque, les muttawas ont interdit aux élèves de quitter le bâtiment en flammes en raison de « l’incorrection » de leur tenue : 14 d’entre elles sont mortes.

> Dans l’Est du pays, c’est l’arrestation d’un dignitaire chiite, l’ayatollah Nimr Baqer al-Nimr, qui a mis le feu aux poudres. Minoritaires en Arabie, les chiites sont considérés comme des citoyens de seconde zone, puisque hérétiques : l’islam chiite, très gnostique et millénariste, est en effet bien plus différent du sunnisme que le catholicisme du protestantisme, par exemple. La justice saoudienne, qui disqualifie les témoignages de non-sunnites, considère comme sans valeur la parole des quelques 8% de chiites que compte le pays. Ils n’ont pas le droit d’être fonctionnaires, ni de postuler dans la pétrochimie, ni dans l’enseignement supérieur. La fête de l’Achoura est chaque année tolérée mais étroitement surveillée.

> C’est ainsi que l’ayatollah Nimr Baqer al-Nimr est devenu une figure de proue de l’opposition saoudienne. Il s’est mis à prôner la partition des régions de Qatif et d’Al-Hassa, majoritairement chiites, et leur rattachement au Bahreïn, de même confession. Son arrestation mardi, et la vidéo le montrant menotté et vraisemblablement frappé a donc jeté dans la rue les chiites de Qatif, qui ont affronté les policiers. Deux manifestants sont morts, et une dizaine ont été blessés.

Source : La Vie