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La botte raciste et fasciste de l’occupation

Un enfant de 5 (cinq) ans arrêté par les forces colonialistes d’occupation

Une armée de robots éduqués pour tuer, blesser, humilier

samedi 6 mai 2006

Au début de l’après midi du 17 avril, Samer Qabha, un Palestinien de 33 ans habitant le village de Tura Al Gharbiya dans le nord de la Cisjordanie, était assis devant sa maison, tenant sur les genoux son fils de cinq ans, Motaz, et parlait avec son voisin.

Tout en bavardant, les deux hommes remarquèrent une jeep militaire (un Hummer) qui passa à plusieurs reprises dans la rue, dans un sens puis dans l’autre. Samer et son voisin ne prêtèrent que peu d’attention au véhicule : la vue de troupes de l’occupation traversant le village n’a rien de neuf. Ces forces entrent souvent dans Tura Al-Gharbiya et dans les villages environnants, en principe dans des patrouilles de surveillance du mur de séparation qui serpente le long de la limite ouest de Tura Al-Gharbiya, et en fait isolant le village des ses terres agricoles et des 9 000 habitants des hameaux environnant de l’enclave de Barta’a Ash-Sharqiya.

Au bout de cinq ou six passages, le Hummer s’arrêta, et trois soldats en sortirent et se mirent à marcher en direction de Samer. Montrant Motaz, les soldats demandèrent si le garçon était le fils de Samer et déclarèrent qu’il avait jeté des pierres en direction de la jeep. Samer commença à protester, soulignant que son fils n’avait que cinq ans, d’autres soldats sortirent d’une petite oliveraie à côté de la maison. Ils se dirigèrent vers Samer et Motaz , et l’un des soldats déclara aux autres : « Ce garçon a lancé des pierres ».

A la stupéfaction horrifiée de Samer et du voisin, les soldats déclarèrent qu’ils allaient arrêter Motaz. Samer les implora de laisser le garçon en paix, mais un des soldats se pencha et essaya d’arracher l’enfant, à présent terrorisé, des bras de son père. Pendant presque une demi-heure, Samer discuta, tentant de convaincre les soldats que Motaz n’était qu’un enfant et qu’ils ne pouvaient pas l’arrêter. Finalement, lorsqu’il fut clair n’allaient pas changer d’avis, Samer leur déclara que s’ils allaient arrêter son enfant, il leur faudrait l’arrêter lui aussi.

Le responsable des soldats appela au téléphone, et Samer pensa qu’il demandait la permission d’emmener le père en même temps que le fils. Les soldats arrachèrent alors Motaz à son père, hurlant aux oreilles du garçon qui pleurait de terreur et demandait à son père de venir à son aide. Samer essaya de tenir bon et de protéger Motaz, mais le seul résultat de ses efforts fut de mettre les soldats d’attiser encore la colère des soldats. Ils se retournèrent sur Samer et se mirent à le frapper, et finirent par le séparer de Motaz qu’ils frappèrent au milieu d’un flot d’insultes et de menaces. Les soldats attachèrent les mains de Samer et lui mirent un bandeau sur les yeux avant de le pousser dans la jeep, et embarquèrent Motaz après son père..

Le père et le fils furent transférés à la base militaire voisine de « Shakeed », et placés dans une pièce du sous-sol en attendant l’arrivée d’un officier. Au bout d’une demi heure environ, Motaz, tremblant de peur, dit à son père qu’il voulait boire quelque chose. Samer demanda à soldat d’apporte un verre d’eau, mais, lorsque le verre arriva, presque une heure plus tard, l’eau était si chaude qu’ils furent obligés de la laisser refroidir avant que l’enfant puisse la boire. Un peu plus tard, Motaz demanda à aller aux toilettes. Les soldats commencèrent par refuser de laisser Motaz sortir de la cellule mais après une discussion longue et animée, ils finirent par céder et autorisèrent Motaz, les mains attachées, à sortir de la pièce et à aller aux toilettes, avec des menottes liées à sa jambe.

Vers 8 heures et demi du soit, un officier vint et déclara à Samer que Motaz avait lancé des pierres sur les soldats. Samer demanda qu l’officier lui donne un commencement de preuve, alors l’officier appela un autre soldat qui, montrant Motaz, dit à Samer et à l’officier « Ce garçon lance des pierres ». L’officier donna un coup de téléphone et dit à Samer qu’on allait l’emmener avec son fils au centre de détention de Salem au nord de Jénine, où Samer devrait payer une amende de 2 000 Nis (445 dollars). Samer protesta de nouveau, expliquant qu’il était invraisemblable de le faire payer et que son fils n’était qu’un enfant. « Israël ne fait pas de différence entre les enfants et les adultes, » dit l’officier à Samer. « Tous les Palestiniens sont des terroristes ! »

L’officier quitta la pièce et revint pour dire à Samer que lui et son fils pouvaient maintenant partir. Il dit à Samer de faire savoir aux gens de son village qu’il fallait qu’ils arrêtent de lancer des pierres aux forces d’occupation lorsqu’elles patrouillaient dans les rues. « C’est le dernier avertissement que nous vous donnons, » dit-il..

Vers 9 heures et demi du soir, soit six heures et demi après leur premier contact avec les soldats devant leur maison, Samer et Motaz furent relâchés de la garde militaire. On les conduisit à la porte du camp de « Shakeed », sur une route vide, et on leur dit de rentrer chez eux. Pourtant, ce n’est pas avant 10 heures et demie, après une heure d’une marche terrifiante dans la plus complète obscurité, à la merci d’un attaque de colons juifs ou d’une nouvelle arrestation par les troupes d’occupation que Samer et Motaz retrouvèrent enfin la sécurité, toute relative, de leur maison à Tura Al-Gharbiya.

Basé sur le témoignage de Samer Saleh Qabha

http://www.dci-pal.org/english/display.cfm?docId=486&categoryid=1