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Source : La Tribune

« Israël s’inquiète des risques d’un boycott inter­na­tional de cer­tains de ses produits »

Lundi, 28 mai 2012 - 10h21 AM

lundi 28 mai 2012

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Par Pascal Lacorie,

Vue de la colonie israé­lienne de Qadumim, dans le nord de la Cisjordanie/​Copyright AFP

Cer­tains pays, comme le Danemark ou l’Afrique du Sud, ont décidé d’étiqueter les pro­duits israé­liens en pro­ve­nance des colonies de Cis­jor­danie et de Jérusalem-​​Est. Si l’impact est mar­ginal, le gou­ver­nement et le patronat craignent que cette démarche débouche sur un boycott plus important.

Israël redoute d’être la cible d’un boy­cottage inter­na­tional. En quelques jours, l’Afrique du sud et le Danemark ont annoncé leur intention d’imposer des étiquettes spé­ciales sur les pro­duits pro­venant des colonies de Cis­jor­danie et de Jérusalem-​​est consi­dérés par la com­mu­nauté inter­na­tionale comme des ter­ri­toires occupés depuis la guerre de juin 1967. L’objectif est clair : établir pour les consom­ma­teurs une claire dis­tinction dans les magasins entre les expor­ta­tions des colonies et celles d’entreprises ins­tallées en ter­ri­toire israélien. La réaction ne s’est pas faite attendre. "Un tel estam­pillage a des relents de racisme. On com­mence par cibler les pro­duits des implan­ta­tions, mais en fait c’est tout ce qui vient d’Israël qui est visé", déplore Ygal Palmor, porte-​​parole des Affaires Etrangères.

Pression des groupes pro-​​palestiniens ?

Shalom Simhon, le ministre du Com­merce et de l’Industrie, ainsi que l’Association des Indus­triels, la plus impor­tante orga­ni­sation patronale, sont également montés au créneau. "La part des implan­ta­tions dans nos expor­ta­tions est négli­geable, un boy­cottage sud-​​africain et danois pourrait tou­tefois déclencher une réaction en chaîne et toucher d’autres pays", pré­vient Shalom Simhon. L’inquiétude est d’autant plus vive que Co-​​Op, la cin­quième chaîne de dis­tri­bution ali­men­taire bri­tan­nique, a récemment décidé de boy­cotter les dis­tri­bu­teurs de pro­duits se four­nissant dans les colonies israé­liennes. Selon les res­pon­sables israé­liens, ces ini­tia­tives ont été prises sous la pression de groupes pro-​​palestiniens.

Effets marginaux pour l’instant

Sur le plan stric­tement sta­tis­tiques, les effets d’un tel boy­cottage restent pour le moment mar­ginaux. Les ventes aux pays de l’Union Euro­péenne des entre­prises ins­tallées en Cis­jor­danie, qui emploient 15.000 ouvriers pales­ti­niens, ou à Jérusalem-​​est ne portent que sur quelques dizaines de mil­lions de dollars, alors que les expor­ta­tions totales se sont élevées à 15,2 mil­liards de dollars l’an dernier. Jusqu’à présent, les pro­duits des colonies sous forme surtout de fruits, de légumes et de cos­mé­tiques pro­venant de la Mer Morte, entrent sur le marché européen avec la seule mention « Made in Israël ».

Aux termes d’un accord conclu il y a 8 ans, seul le code postal de l’entreprise expor­ta­trice est men­tionné sur le paquetage sans pré­ciser à quelle localité ce code cor­respond. Résultat : le client ne sait pas d’où pro­vient son achat. En revanche, ce discret étiquetage permet aux douanes euro­péennes, qui dis­posent d’une liste des codes postaux israé­liens, de faire le tri afin de savoir si tel ou tel produit a été fabriqué dans une colonie de Cis­jor­danie où vivent plus de 300.000 Israé­liens parmi 1,7 mil­lions de Pales­ti­niens ou dans un quartier israélien de Jérusalem-​​est.

Exemption des droits de douane

Les pro­duits en pro­ve­nance du ter­ri­toire israélien béné­fi­cient de tarifs pré­fé­ren­tiels qui les exemptent pra­ti­quement de droits de douane aux termes d’un accord d’association conclu entre l’Etat hébreu et l’Union euro­péenne. Les expor­ta­tions des colonies sont, en revanche, taxées au maximum. Détail important : les chefs d’entreprises des colonies qui s’estiment ainsi « dis­cri­minés » sont indem­nisés par un fonds spécial public, qui leur rem­bourse le surplus de droits de douane qu’ils ont dû acquitter.