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C’est fait ! sans tambour ni trompette ! (ndlr)

DUBAI : La Chine avance ses pions dans l’émirat

Mardi, 15 mai 2012 - 7h51 AM

mardi 15 mai 2012

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Par Alexandrine Bouilhet

À 20 km du centre-ville se dresse le plus grand centre commercial chinois hors de Chine, le Dragon Mart.

Les Chinois n’ont pas encore pignon sur rue à Dubaï. Pour les voir, il faut s’enfoncer dans le désert, à 20 km du centre-ville.

Là, au milieu des sables, se dresse le plus grand centre commercial chinois hors de Chine, le Dragon Mart, signalé par un dragon géant qui ouvre sa gueule sur un bâtiment de 1,2 km de long en forme de serpent gorgé de produits « made in China ».

Ce mall perdu dans le désert n’a rien à voir avec le luxueux Dubaï Mall, situé au pied de Burj Khalifa, ni avec le « Mall of Emirates », qui abrite la piste de ski artificielle… À Dragon Mart, la climatisation laisse à désirer. Aucune marque connue ne figure dans les échoppes. Et les vendeurs, affalés derrière leurs caisses enregistreuses, sont loin d’être bilingues.

Mais il y a foule : 52.000 visiteurs par jour en moyenne. Le week-end, Dragon Mart est bondé de familles émiraties venues remplir leurs chariots de jouets bon marché. Pendant la semaine, les acheteurs viennent des pays voisins, d’Arabie saoudite, d’Oman, mais aussi d’Inde. Ici, on trouve de tout à des prix imbattables : robinets en or, coffres-forts, fontaines, lustres, jouets, vêtements et toutes sortes de produits électroniques grand public.

La clientèle visée, ce sont les classes moyennes qui ne peuvent pas s’offrir les prix élevés du centre-ville. Dragon Mart, qui réalise plusieurs centaines de millions de dollars de chiffre d’affaires, a été inauguré en 2004 lorsque les prix immobiliers commençaient à s’envoler à Dubaï.

Achats réglés en yuans
Les Chinois ont flairé l’aubaine : utiliser Dubaï et sa zone franche de Jebel Ali, le quatrième port du monde, comme la porte d’entrée de leurs marchandises pour le Moyen-Orient et l’Afrique. L’armateur public chinois Cosco y débarque chaque jour ses énormes conteneurs, tranportés par camion à Dragon Mart. Les marchands chinois se sont peu à peu installés aux abords, en plein désert, où ils vivent en communauté, repliés sur eux-mêmes.

La Chine ne s’intéresse pas uniquement à Dubaï pour son commerce. Elle convoite aussi son centre financier, le plus développé du Moyen-Orient. Alors que les banques européennes, rattrapées par la crise de la zone euro, ont déserté Dubaï depuis l’été 2011, les chinoises, elles, s’y engouffrent.

Emirates NBD, la plus grande banque des Émirats arabes unis, a émis pour la première fois, le 5 mars dernier, une obligation en yuans, un « Dim Sum Bond » de 120 millions de dollars. Objectif de l’établissement : diversifier ses sources de financement. Côté asiatique, la demande de placement était très forte. Plus de 5 fois l’offre, du jamais vu ! NBD propose à ses clients des comptes en yuans afin de régler directement leurs achats de produits chinois, sans passer par le dollar.

Pour profiter de cette nouvelle manne venue d’Asie, le centre financier de Dubaï (DIFC) veut devenir la plaque tournante régionale des échanges en yuans, offrant aux banques de Dubaï la possibilité d’acheter ou de vendre des yuans contre des euros ou des dollars, en temps réel, dans les mêmes conditions qu’à Hongkong.