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Résultat d’une campagne plus que tiède de soutien au gouvernement palestinien issu des urnes

James Wolfensohn annonce sa démission d’envoyé du Quartette pour le Proche-Orient.

Le suivisme est une peste noire surtout quand il se pratique avec suffisance et arrogante certitude.

jeudi 4 mai 2006

Depuis que les urnes ont clairement exprimé le souhait des Palestiniens, il ne s’est pas passé de jour sans qu’ici ou là, du bout des lèvres et par de doctes paroles, on laisse entendre que l acceptation des résultats était plutôt une résignation qu’une reconnaissance démocratiquement ressentie et franchement acceptée.

La porte était alors grande ouverte aux « politiques » pour estimer que les conditions qu’ils imposeraient aux nouveaux élus ne seraient que mollement contestées par les organisations qui, habituellement, apportent leur soutien non seulement à la cause palestinienne mais à la cause de la justice qui, en tout état de cause, doit précéder une situation de paix afin que celle-ci soit durable.

En jouant sur les mots, en faisant preuve de tiédeur, voire de réprobation, certains milieux se sont crus autorisés à juger péremptoirement et avec une arrogante certitude le vote des Palestiniens.

A hurler avec les loups on ne gagne qu’à les transformer en fauves encore plus dangereux.

Les Palestiniens et certains pacifistes israéliens en garderont trés certainement, et à juste titre, un souvenir amer et qui expliquera probablement leur changement d’attitude envers ceux avec lesquels ils avaient des liens qu’ils pensaient indissolubles et qui, dans tous les cas, ne feraient, pensaient-ils aussi, jamais preuve d’ingérence dans leurs affaires intérieures.

Monsieur Wolfensohn a eu le courage d’en tirer les conclusions et de provoquer, par sa démission, un questionnement qui, espérons le, n’arrive pas trop tard.

« Ces deux ou trois derniers mois, les événements politiques ont été tels que les problèmes à régler sont désormais au-delà de mes compétences », a déclaré M. Wolfensohn à la presse à l’issue d’un entretien au département d’Etat avec la chef de la diplomatie américaine, Condoleezza Rice.

M. Wolfensohn avait été nommé l’année dernière par le Quartet pour aider à coordonner le désengagement de la bande de Gaza et la reconstruction de ce territoire. Son mandat arrivait à terme, et comme il n’avait pas caché sa frustration ces dernières semaines, sa démission était largement attendue.

L’émissaire du Quartet international pour le Proche-Orient, James Wolfensohn, a vivement remis en question dans son rapport final la décision des puissances internationales de suspendre leurs aides au gouvernement palestinien dirigé par le Hamas.

Après avoir investi plus d’un milliard de dollars par an en aides aux Palestiniens, notamment dans la construction d’infrastructures et la relance d’une économie nécessaires à l’avènement d’un « Etat palestinien viable », interroge le rapport, « allons-nous tout simplement abandonner ces objectifs ? ».

Dans ce rapport, dont Reuters a obtenu une copie mardi, Wolfensohn affirme clairement que les Nations unies et les ONG ne seront pas en mesure de combler le vide qui résulterait d’un effondrement de l’Autorité palestinienne du fait des pressions occidentales.

« Il m’étonnerait que quelqu’un sorte gagnant de la fin de la scolarisation des enfants ou d’une famine palestinienne. Et je ne crois pas que des membres du Quartet pensent que cela puisse constituer une politique viable », a dit Wolfensohn lundi soir lors d’une conférence de presse à Washington en présence de la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice.

« Ce serait un coup perdant », a-t-il ajouté.

Wolfensohn a officiellement démissionné le 30 avril en raison des dissensions au sein du Quartet - qui regroupe les Etats-Unis, l’Onu, l’UE et la Russie - sur le rôle qui devait être le sien après l’arrivée du Hamas au pouvoir.

INCAPACITE DE L’ONU ET DES ONG

Les Etats-Unis et l’Union européenne ont décidé de suspendre leur aide à l’Autorité palestinienne qui a été incapable de contracter de nouveaux emprunts auprès de banques locales, régionales et internationales, lesquelles craignent des représailles américaines.

Rice a déclaré que les Etats-Unis intensifiaient leurs efforts pour fournir une aide humanitaire aux Palestiniens et a dit espérer que le Hamas accepterait les « conditions minimums » du Quartet.

« Si ces conditions politiques sont rassemblées, alors peut-être pourrons nous avancer », a-t-elle dit.

Wolfensohn explique que les promesses d’aide de pays arabes ont accordé un répit au gouvernement palestinien, qui n’a toutefois même pas été en mesure de rassembler 130 millions de dollars nécessaires à ses opérations courantes.

Certains pays se sont engagés à augmenter l’aide humanitaire pour palier la suspension des aides directes à l’Autorité palestinienne.

« Ni l’Onu ni les ONG, vers lesquelles regardent de nombreux pays donateurs, n’ont la capacité de remplir ce rôle », a-t-il dit.

Ses propos font écho à ceux tenus jeudi dans Libération par le directeur général de Médecins sans frontières, Pierre Salignon, qui avait déclaré qu’il n’était « pas question de faire le service après-vente d’une mesure de rétorsion qui affecte la population ».

« Nous ne sommes pas les auxiliaires des diplomates. D’autant que cela nous mettrait en danger », avait-il dit.

« Cette décision (de geler les aides) fait le lit de tous les extrémismes », avait-il dénoncé en pointant une « dégradation continue » de la situation sanitaire ces derniers mois. « Sans perspective politique, la violence ne peut que s’accroître ».

Le rapport de Wolfensohn pointe également un impact du gel des aides, et donc du non paiement des salaires des fonctionnaires, sur l’économie palestinienne.-

« La situation fiscale de l’Autorité palestinienne est allée de mal en pis », peut-on lire dans le rapport.

Si les aides ne sont pas rétablies, le taux de chômage atteindra les 47% et la pauvreté les 74% en 2008, affirme le rapport.

« Des actions pour réduire le déficit sont inévitables et les insuffisances de fonds obligeront à court terme l’Autorité palestinienne à mener des actions encore plus agressives », avertit le rapport.

Reuters - AFP