Accueil > Sociétés Civiles à Parlement Européen > Le Par­lement européen pré­conise l’établissement d’une liste (...)

BDS - Fraudes rela­tives à l’origine des pro­duits des colonies

Le Par­lement européen pré­conise l’établissement d’une liste noire des sociétés fautives

Lundi, 19 mars 2012 - 9h52 AM

lundi 19 mars 2012

============================================

Fraudes rela­tives à l’origine des pro­duits des colonies : le Par­lement européen pré­conise l’établissement d’une liste noire des sociétés fautives

Olivia Elias - Groupe de travail BDS, vendredi 16 mars 2012

Le Par­lement européen veut mettre fin aux pra­tiques abu­sives des entre­prises israé­liennes qui abusent de l’accord d’association UE-​​Israël pour exporter les pro­duits des colonies à des condi­tions tari­faires pri­vi­lé­giées.

Entre autres mesures, il recom­mande à la Com­mission d’établir une liste noire des sociétés qui recourent à de telles pra­tiques.

Résumé de la Réso­lution votée, le 16 février 2012, par le Par­lement européen concernant la nou­velle Convention régionale décidée par le Conseil européen en matière de « règles d’origine » des produits.

Les pays appar­tenant à la zone paneuromed [1] ont signé les uns avec les autres et avec l’Union euro­péenne divers accords com­mer­ciaux. S’y ajoutent une mul­titude de pro­to­coles bila­téraux concernant les « règles d’origine », soit les règles déter­minant l’origine des pro­duits entrant sur le ter­ri­toire de l’UE. Le Conseil européen ayant décidé de rem­placer ces pro­to­coles par une convention régionale unique, le Par­lement a adopté une réso­lution dans laquelle il sou­tient cette ini­tiative tout en sou­levant un certain nombre de pro­blèmes, essen­tiel­lement liés au cas israélien.

Le premier concerne « la mise en œuvre par Israël de l’accord d’association conclu avec l’UE dans les ter­ri­toires occupés (qui) a entraîné une appli­cation inadé­quate du droit de l’Union » (H). En effet, le régime tari­faire pri­vi­légié accordé en vertu de cet accord n’est pas appli­cable aux pro­duits fabriqués dans « les colonies de peuplement… illégales au regard du droit inter­na­tional (F) » mais seulement aux opé­ra­tions de pro­duction se déroulant sur « le ter­ri­toire de l’Etat d’Israël, reconnu par la com­mu­nauté inter­na­tionale » (L).

D’où la nécessité de dis­poser d’un méca­nisme per­mettant d’opérer la dis­tinction de manière simple, fiable et efficace. Or, l’arrangement tech­nique bila­téral conclu avec Israël ne fonc­tionne pas de manière satis­fai­sante, en plus de n’être pas contrai­gnant. En par­ti­culier, les pro­cé­dures prévues « ne pré­voient pas de com­mu­ni­cation du résultat des dis­tinc­tions opérées par les auto­rités israé­liennes et les expor­ta­teurs » aux auto­rités doua­nières » (15).

Cette absence de coopé­ration com­plique le travail de ces der­nières, res­pon­sables de la véri­fi­cation sur le terrain de l’origine des pro­duits. « Malgré tous leurs efforts, les auto­rités doua­nières ne sont pas en mesure de vérifier et de contrôler ni toutes les preuves de l’origine ni le contenu de tous les envois pro­venant d’Israël » (N). A cette capacité insuf­fi­sante, s’ajoute une sen­si­bi­li­sation limitée à la nécessité de res­pecter l’esprit de l’arrêt rendu, le 25 février 2010, par la Cour euro­péenne de justice dans l’affaire Brita [2].

La moitié des consi­dé­ra­tions (9 sur 20, numé­rotées de A à S) [3] sur les­quelles les par­le­men­taires fondent leur prise de position concerne les pro­blèmes que l’on vient d’évoquer.

Les éléments positifs

•Prise en compte de la volonté des citoyens : « Consi­dérant que les citoyens euro­péens ont clai­rement fait part de leur volonté en ce qui concerne les pro­duits pro­venant des ter­ri­toires pales­ti­niens occupés »

(I).•condam­nation des pra­tiques abu­sives des entre­prises israé­liennes qui exportent des pro­duits fabriqués dans les colonies en trompant les auto­rités doua­nières sur l’origine des pro­duits : Le Par­lement « s’inquiète vivement des pra­tiques uti­lisées par cer­taines entre­prises qui per­sistent à tirer parti des dis­po­si­tions de l’accord d’association UE-​​Israël en exportant des bien pro­duits dans les ter­ri­toires occupés ; déplore cette pra­tique et estime qu’elle est contraire aux poli­tiques inter­na­tio­nales de l’Union et repré­sente une uti­li­sation abusive des vastes pos­si­bi­lités qu’offre l’accès pré­fé­rentiel légitime au marché inté­rieur de l’Union ».

(10)•demande d’établissement d’une liste noire de ces entre­prises, avec com­mu­ni­cation aux Etats membres : Le Par­lement « demande dès lors à la Com­mission de dresser une liste noire des entre­prises qui conti­nuent à recourir à cette pra­tique et d’en informer les Etats membres »

(10)•demande de rem­pla­cement du méca­nisme actuel d’arrangement tech­nique avec Israël par un méca­nisme plus satis­faisant : Le Par­lement « appelle la Com­mission à coopérer avec les auto­rités doua­nières des Etats membres pour trouver une solution visant à faire de cet arran­gement tech­nique un méca­nisme simple, efficace et fiable »

(15).•Souhait de voir les Etats membres et la Com­mission jouer un rôle plus important : « La com­mission devrait prendre l’initiative en coor­donnant les efforts consentis à l’échelle de l’Union » et les Etats membres devraient « s’assurer que leurs auto­rités doua­nières appliquent effec­ti­vement l’arrangement tech­nique et res­pectent l’esprit de l’arrêt rendu par la Cour de justice » (17).Aspects négatifs : absence de sanctions

Mis à part l’établissement d’une liste noire des entre­prises israé­liennes qui contre­viennent à l’accord d’association (en passant, cette liste devrait être rendue publique et pas seulement com­mu­niquée aux Etats membres), les par­le­men­taires ne réclament pas l’application de sanc­tions à l’égard de l’Etat d’Israël.

Cela, non­obstant le rappel du caractère illégal des colonies et l’espoir qu’ils placent dans l’avènement des nou­velles démo­craties arabes :
Le Par­lement « espère que les nou­velles démo­craties qui vont voir le jour dans la région au len­demain du Prin­temps arabe vont pro­mouvoir les droits de l’homme et les droits sociaux et ren­forcer le dia­logue poli­tique, de manière à créer un envi­ron­nement plus favo­rable aux échanges intra-​​régionaux dès lors que le manque d’échanges était une des consé­quences des poli­tiques mises en œuvre par les régimes dic­ta­to­riaux anté­rieurs… » (4)

Quid des anciennes démo­craties ? La colo­ni­sation et l’occupation israé­liennes qui se pour­suivent – en s’intensifiant – depuis plus de 40 ans main­tenant sont-​​elles plus favo­rables au déve­lop­pement écono­mique et social d’une popu­lation que les régimes dic­ta­to­riaux que les par­le­men­taires euro­péens condamnent impli­ci­tement ? Israël ne viole-​​t-​​il pas quo­ti­dien­nement l’ensemble des droits et libertés fon­da­men­tales des Pales­ti­niens ? Enfin, l’accord d’association UE-​​Israël n’est-il pas subor­donné au respect des droits de l’homme par Israël ?

En conclusion, Une réso­lution insuf­fi­sante. Mais, le constat sur l’actuel régime des règles d’origine et l’efficacité de la nou­velle convention à résoudre les pro­blèmes posés confirment la légi­timité de notre action de boycott des pro­duits fabriqués dans les colonies et de notre demande d’embargo total sur ces produits [4].

En effet, les par­le­men­taires uti­lisent bien le terme « uti­li­sation abusive » lorsqu’ils dénoncent les pra­tiques de cer­taines sociétés israéliennes. Abusive pourquoi ? Parce que les entre­prises fau­tives tentent d’exporter leurs pro­duits vers les Etats membres de l’UE en les pré­sentant comme fabriqués en Israël alors qu’ils le sont dans les colonies. Elles le font en essayant de tromper les auto­rités douanières.
Les par­le­men­taires ne men­tionnent pas la duperie à l’égard des consom­ma­teurs. Mais, si les ser­vices doua­niers sont abusés par les docu­ments admi­nis­tratifs pré­sentés par les impor­ta­teurs, les consom­ma­teurs sont également trompés par les men­tions "origine Israël" affi­chées frau­du­leu­sement sur ces produits.
Pour en savoir plus :
[Texte de la réso­lution du Par­lement européen-​​> http://​www​.europarl​.europa​.eu/​sides…
Analyse détaillée de la réso­lution du Par­lement européen concernant la nou­velle Convention régionale sur les règles d’origine pro­posée par le Conseil européen :

[1] La zone paneu­romed inclut les Etats membres de l’UE plus : ceux de l’Association euro­péenne de libre-​​​​échange (Islande, Liech­ten­stein, Norvège et Suisse) ; la Turquie ; et les pays signa­taires de la décla­ration de Bar­celone, à savoir l’Algérie, l’Égypte, Israël, la Jor­danie, le Liban, le Maroc, la Syrie, la Tunisie et l’Autorité pales­ti­nienne de Cis­jor­danie et de la bande de Gaza. Le système a aussi été élargi aux îles Féroé.
[2] La Cour a confirmé que les auto­rités doua­nières des Etats impor­ta­teurs devaient refuser un régime pré­fé­rentiel pour les pro­duits exportés vers l’UE et pro­venant des ter­ri­toires occupés par Israël ou pour les­quels les auto­rités israé­liennes ne four­nissent pas suf­fi­samment d’informations pour per­mettre de déter­miner la véri­table origine de ces pro­duits (11).
[3] F caractère illégal des colonies ; G exclusion des pro­duits des colonies du champ d’application de l’accord d’association UE-​​​​Israël ; H mise en œuvre par Israël de l’accord d’association ; I volonté des citoyens euro­péens ; J évocation de cer­tains pro­blèmes ren­contrés lors de l’application des règles d’origine en ce qui concerne les pro­duits des colonies ; K et L arran­gement tech­nique UE-​​​​ Israël et obli­gation incombant à Israël ; N moyens insuf­fi­sants mis à la dis­po­sition des auto­rités doua­nières ; M non réso­lution des pro­blèmes exis­tants par la nou­velle convention.
[4] Concernant la demande d’embargo français et européen pré­sentée par l’AFPS, voir le com­mu­niqué du 19 Janvier 2012