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Reporters sans frontières (2éme partie)

Emirats arabes unis

Mardi, 13 mars 2012 - 7h59 AM

mardi 13 mars 2012

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Le gouvernement a profité du contexte politique tendu dans la région pour renforcer le contrôle de l’information et des communications dans le pays. Les net-citoyens du groupe “UAE 5”, emprisonnés pendant plusieurs mois, ont appris à leurs dépens que la priorité des autorités était d’assurer la stabilité du régime, quitte à faire des exemples.

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Une surveillance décomplexée

Les Émirats ont été épargnés par les manifestations qui ont rythmé la vie politique de certains de leurs voisins au cours de l’année 2011. Le régime n’a pas hésité à augmenter les salaires pour se prémunir contre tout risque de mécontentement social. Il a décidé de tout mettre en œuvre pour sonder l’humeur de la population et a publiquement assumé le système de surveillance mis en place dans ce but.

Le colonel Abdul Rahim bin Shafi, directeur du département de lutte contre le crime organisé au sein du ministère de l’Intérieur, a déclaré à l’agence de presse Reuters, en août 2011, que la police surveillait de près les réseaux sociaux comme Twitter et Facebook : “Tous les médias sont surveillés, les réseaux sociaux également. Les gens peuvent exprimer leurs opinions sans être en infraction avec les normes (sociales)”, a-t-il déclaré, en précisant que si Twitter et Facebook étaient “utilisés défavorablement, les responsables devraient être punis par la loi”. Dans la ligne de mire des autorités, les individus qui “répandent de fausses informations ou diffusent de la propagande apte à démoraliser la sécurité publique” pourraient écoper de peines de prison ferme. L’officier supérieur reconnaît qu’une attention particulière est portée à la large communauté des travailleurs étrangers qui se sont déjà mis en grève dans le passé pour réclamer de meilleures conditions de travail.

Des arrestations arbitraires pour intimider les dissidents potentiels

Pour dissuader des dissidents potentiels de relayer les appels au changement, le régime a procédé à l’arrestation, en avril 2011, de cinq net-citoyens, surnommés “UAE 5”. Le quintet comprend : le célèbre blogueur Ahmed Mansour, administrateur du forum de débat démocratique Al-Hewar (“Le dialogue”), le blogueur Farhad Salem Al-Shehh, co-administrateur de ce forum, l’écrivain et professeur à l’université Paris-Sorbonne Nasser bin Ghaith et les militants des droits de l’homme Hassan Ali Al-Khamis et Ahmed Abdul Khaleq. Tous s’exprimaient librement en ligne. Ils avaient aussi signé une pétition forte d’une centaine de signatures pour demander aux autorités de procéder à des réformes. Ahmed Mansour a été arrêté après avoir accordé une interview à la chaîne Al-Hurra TV.

Les blogueurs et leurs familles ont été victimes de menaces de mort et de campagnes de diffamation particulièrement violentes, orchestrées par les autorités dans les médias et sur Internet. Ceux qui ont tenté de prendre leur défense ont subi à leur tour les foudres du régime. Rowda Hamed, une utilisatrice de Twitter, a été menacée et convoquée pour leur avoir apporté son soutien.

Leur procès a été une parodie de justice, les amenant à refuser de comparaître. Les net-citoyens ont fait une grève de la faim, pour protester notamment contre les mauvais traitements et les mauvaises conditions de leur détention. Ils ont finalement été condamnés, le 27 novembre 2011, à deux ans de prison ferme pour “insulte aux dirigeants émiratis”, et “appel à manifester contre le régime”, à l’exception d’Ahmed Mansour qui a écopé de trois ans de prison. Ils ont été grâciés le lendemain par le chef de l’Etat, Cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane, puis libérés. Reporters sans frontières réclame que leurs condamnations soient effacées de leurs casiers judiciaires et que leur matériel et leurs passeports leur soient rendus.

Parallèlement, le feuilleton Blackberry a connu un nouveau rebondissement. De nouvelles limitations ont été imposées en mai 2011 aux smartphones produits par Research in Motion. Les autorités ont décidé de limiter l’accès au système BlackBerry Enterprise Server (BES), hautement sécurisé, aux entreprises qui peuvent justifier de plus de 20 utilisateurs. Une décision susceptible d’agacer certains chefs d’entreprises, en discriminant les petites structures. L’image du pays auprès des entrepreneurs risque de pâtir du renforcement du contrôle de la société en réaction au printemps arabe.