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Quand des crimes d’Etat poussent des êtres dans leur dernier retranchement

Lettre ouverte à Samiya

par Al Faraby

mardi 18 avril 2006

Madame,
Vous venez de perdre votre fils.
Il vient d’illustrer, de la manière la plus dramatique, de l’état de désespoir total dans lequel l’occupation l’avait acculé. Il ne supportait plus de vivre dans ces conditions... sans perspective aucune. Et même quand il a pensé s’en sortir en votant démocratiquement pour des candidats de son choix, il a très vite compris que c’était un leurre.
Comme devait être immense la déception de ce garçon de vingt et un ans assoiffé de liberté.
Le terrorisme d’État est monté d’un cran.
Sous un déluge d’obus, l’arme de la faim a été brandi, avec la complicité active de la « Communauté internationale ».
Est-ce pour cela qu’il s’est violemment donné la mort à proximité d’un restaurant ? Faut-il y voir un symbole ? Le lieu fait-il partie du message ?
Une manière à lui de crier : « Vous voulez bouffer ? Je vais vous en donner de la chaire ! »

Madame,
Cette nuit vous dormirez ailleurs que chez vous, car les us et mœurs de l’occupation veulent que le foyer de l’auteur d’un attentat-suicide soit détruit. Après la perte de votre fils, vous assisterez donc à la démolition de votre foyer.
Il y aura là, votre époux et vos autres enfants.
Il y aura les autres membres de la famille.
Il y aura les amis et les voisins.
Tout Jénine sera là !
Ils seront tous là, à regarder les bulldozers à l’œuvre sous la protection des forces d’occupation.

Madame,
Sami a perdu complètement espoir. Il ne faut pas lui en vouloir.
Ceux qui l’ont poussé au désespoir sont ceux-là même qui démolissent votre maison... avec la complicité de la « communauté internationale ».

Madame,
Embrassez pour moi tous les enfants et dites-leur qu’ensemble nous reconstruirons la maison.
Redonnons-leur espoir !

( Lundi, 17 avril 2006 )

http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=3038