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Le peuple décidé à aller jusqu’au bout (ndlr)

Port-Saïd : Tahrir et le Parlement accusent l’armée

Vendredi, 3 février 2012 - 6h52 AM

vendredi 3 février 2012

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La place Tahrir est grave aujourd’hui. Sur les bandeaux, sur les drapeaux, un mot revient sans cesse : « deuil ». Les Égyptiens qui ne manifestent pas confient leur tristesse. Les Égyptiens qui manifestent expriment leur indignation. « Comment a-t-on pu laisser faire ça ! Soixante-dix morts ! Si les forces de l’ordre avaient fait leur travail, on en serait resté à des provocations ! » siffle Magdy Hussein. Supporteurs d’al-Ahly, certains de ses camarades sont morts hier. Les autres se mobilisent avec lui aujourd’hui.

Pour l’occasion, le club de Zamalek s’est joint à son éternel adversaire.
Inimaginable hier encore. Comme si l’OM et le PSG défilaient ensemble.
Pour Magdy Hussein comme pour de nombreux Égyptiens, le massacre de Port-Saïd est une punition pour les « ultras », les supporteurs d’al-Ahly. L’an dernier, ils furent les troupes de choc des révolutionnaires. Ce sont eux qui ont défait l’attaque des chameaux sur Tahrir, qui animaient les manifestations avec leurs slogans, tous plus inventifs les uns que les autres.

Le suspect numéro un de la tragédie de Port-Saïd, c’est le CSFA, le Conseil supérieur des forces armées. Il sèmerait le chaos pour se maintenir au pouvoir. Serait-il allé trop loin ? Car, dans la rue, de nombreux manifestants se sont joints aux supporteurs. Des femmes, des pères de famille, tous indignés par ce massacre. Par milliers, ils ont convergé vers la place Tahrir.

L’heure n’était pas à la fête. Certains marchands ambulants trop voyants se font réprimander par les manifestants, pour respecter les « martyrs de Port-Saïd ».

Très vite, une grande partie du cortège se dirige vers le ministère de l’Intérieur. Le face-à-face est tendu. Des pierres volent déjà, et déjà, les forces de l’ordre répliquent avec les gaz lacrymogènes.

Au début de la semaine, les rares manifestants, à bout de souffle, accusaient l’Assemblée du peuple, nouvellement élue, de comploter avec les militaires.

Aujourd’hui, c’est l’inverse : la rue soutient le Parlement, et ce dernier, pour la première fois en Égypte, s’oppose ouvertement à l’exécutif.

C’est un renversement exceptionnel.

Les parlementaires rivalisent d’audace, les uns accusant le ministère de l’Intérieur, les autres réclamant la tête de Kamal Ganzouri, le Premier ministre. La séance est houleuse : quand les autorités menacent de couper la retransmission, c’est la tempête sur les sièges.
Dehors, les Égyptiens regardent, médusés, un débat politique ouvert.

« Tout le monde déplore la lenteur de la transition, explique une vieille dame, captivée par l’événement. Mais il y a un an, une situation pareille était inimaginable !

 » Alors qu’il n’en était pas question jusqu’à maintenant, certains parlementaires, dont l’intellectuel Amr Hamzawy, demandent le transfert du pouvoir exécutif au civil dès que possible.

Quel que soit le coupable des événements de Port-Saïd, l’Assemblée et les manifestants parlent pour la première fois d’une même voix.

Les élus comme la rue n’ont aucun doute : le massacre de Port-Saïd est un complot fomenté par les militaires. Et ces derniers doivent maintenant quitter le pouvoir. L’Égypte s’engage dans un nouveau bras de fer.

(02 février 2012 -Al-Oufok avec les agences de presse)

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