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Première étape : La Libye - A suivre de très prés ! (ndlr)

La Libye bientôt sous la botte américaine

Lundi, 30 janvier 2012 - 6h08 AM

lundi 30 janvier 2012

L’Oncle SAM tire les marrons du feu !

Michel Flament

Coordinateur

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L’administration américaine n’a pas nié les informations dans la presse selon lesquelles 12 000 soldats américains ont été dépêchés à Malte, en prélude à un débarquement en Libye pour tenter d’y stopper la détérioration de la situation et d’en reprendre le contrôle.

Les affrontements qui ont régulièrement lieu en Libye entre différentes milices surarmées - hors de tout contrôle et accusées à présent de recourir à la torture contre leurs opposants - représenteront un prétexte en or pour une occupation de la Libye par l’armée des Etats-Unis -

Les chaînes arabes de télévision ont fortement réduit l’information sur la situation en Libye, après la mission de l’OTAN qui a servi à renverser l’ancien régime, en traînant le corps de son chef dans les rues et en faisant s’écrouler ses deux derniers bastions à Syrte et Bani Walid sur les têtes de leurs habitants.

Les informations en provenance de Libye, selon de nombreux rapports publiés dans les journaux occidentaux, disent que la résistance au Conseil National de Transition [CNT] va croissante au sein du peuple libyen, et que les pouvoirs du président du CNT, Mustafa Abd-al-Jalil, se sont rapidement érodés au profit des milices armées et de leurs commandants qui occupent le terrain.

Les milices armées sont la principale source d’inquiétude pour les gens de la capitale de Tripoli en particulier, et de tout le territoire libyen en général. Aujourd’hui, les gens craignent pour leur vie et les vies de leurs enfants à cause de ce phénomène. La plupart des villes libyennes ont été transformées en une jungle pour les armes, tandis que les milices armées rivales se partagent les quartiers des villes. Il y a quatre principales milices, notamment celle d’al-Zintan, celle du Conseil militaire de Tripoli dirigée par Abd al-Hakim Bilhaj, celle de Misratah, et enfin l’armée nationale libyenne dirigée par l’ex-agent de la CIA, Khalifah Haftar.

Usamah al-Juwayni, le ministre de la Défense dans le gouvernement du Premier ministre Abd-al-Rahim al-Kib, a promis et annoncé plus d’une fois les dates du retrait et de la dissolution des milices et leur intégration dans l’armée. Mais ces promesses n’ont pas été suivies d’effet et aucune des dates n’a été respectée, tandis que le chaos continue de régner.

Les nations occidentales ne sont pas inquiètes, alors qu’elles devraient vraiment se faire du souci quant à cette situation. Tant que le pétrole libyen continuera de couler dans leurs ports, elles se féliciteront d’avoir renversé l’ancien régime. Le chaos en Libye ne les concerne pas, sauf si une résistance armée émerge et menace l’industrie libyenne du pétrole et frappe les pipelines amenant le pétrole dans les ports pour l’exportation.

Selon les statistiques occidentales, la production de pétrole en Libye se rapproche des niveaux atteints avant l’intervention militaire de l’OTAN, soit 1,5 million de barils par jour. C’est une bonne évolution pour les pays consommateurs comme la France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne, les Pays-Bas, et d’autres, parce que le pétrole libyen est léger et adapté aux raffineries européennes qui ont été conçues pour raffiner du pétrole brut libyen qui contient un gaz léger servant dans les carburants pour avions.

Le peuple libyen s’est soulevé contre l’ancien régime et la majorité des Libyens ont appuyé l’intervention de l’OTAN pour le renverser, dans l’espoir qu’ils bénéficieraient de la sécurité et de la stabilité et du montant estimé à 60 milliards par an dse recettes pétrolières. Toutefois, l’insécurité et la multiplication des conflits entre milices peuvent les conduire au désespoir et à un sentiment de frustration.

Selon certains rapports occidentaux, la Libye est actuellement l’objet d’un autre type de colonialisme car les forces de l’OTAN sont encore indirectement déployées sur le terrain, et il semblerait que la plupart des puits de pétrole et des ports d’exportation libyens sont sous la protection et le contrôle de ces forces occidentales.

Nous attendons l’arrivée d’observateurs arabes et étrangers en Libye pour présenter une image réelle de ce qui se passe sur le terrain, face au black-out médiatique, et qu’ils répondent aux nombreuses questions sur les raisons réelles des affrontements à Ghiryan la semaine dernière et encore plus tôt à Tripoli. Et que se passe-t-il dans les villes de la partie orientale de la Libye et dans Al-Jabal Al-Akhdar et Misratah. Et surtout, quel est le sort des milliers de Libyens, notamment les ressortissants africains, qui sont dans les prisons des milices sous l’accusation d’avoir soutenu l’ancien régime et lutté sous son drapeau vert ?

Le renversement du régime dictatorial était une bonne étape, mais cela peut se transformer en une catastrophe si l’alternative est le chaos, l’absence de sécurité, les combats entre milices et, masquée ou non, une occupation occidentale.

* Abdel Bari Atwan est palestinien et rédacteur en chef du quotidien al-Quds al-Arabi, grand quotidien en langue arabe édité à Londres. Abdel Bari Atwan est considéré comme l’un des analystes les plus pertinents de toute la presse arabe.