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Sous protection de la Vème flotte US et de deux brigades (4000 hommes) de la Garde nationale saoudienne (ndlr)

Sommet aujourd’hui du conseil de coopération du Golfe

Lundi, 19 décembre 2011 - 6h51 AM

lundi 19 décembre 2011

Le « noyau dur » (y compris Oman qui sort de sa réserve) tient à se rassurer. La présence d’Oman, dûe notamment à sa situation géographique stratégique le long du Détroit d’Ormuz, marque bien l’inquiétude des producteurs de l’or noir face à une éventuelle catastrophe transformant le Golfe persique en mare aux canards au milieu de laquelle porte-avions et tankers tourneraient en rond faute d’issue de secours.
Cette fois, c’est la géographie des lieux qui impose sa loi ; en quelque sorte : un retour à la nature !

Michel Flament

Coordinateur

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Les monarques face aux nouveaux défis régionaux

Le Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar, tient aujourd’hui son sommet annuel dans la capitale du royaume wahhabite, Riyad.

Sommet dominé par les bouleversements que vit le Monde arabe et les craintes d’un renforcement de l’influence iranienne dans la région.

Le Yémen voisin est secoué par la révolte contre le régime du président Ali Abdallah Saleh dans le sillage de la colère populaire arabe qui a provoqué la chute des dictateurs tunisien, égyptien et libyen et menace aujourd’hui du même sort l’autocrate syrien Bachar Al Assad.

L’effervescence a gagné deux des membres du CCG, à savoir le Bahreïn, peuplé en majorité de chiites, et le sultanat d’Oman.

« De nombreuses questions régionales s’imposent au sommet de cette année », a déclaré, à l’AFP, le ministre omanais en charge des Affaires étrangères, Youssef Ben Alaoui Abdallah. Il a cité, entre autres questions, la situation au Yémen et en Syrie, et les relations avec l’Iran, soupçonné d’alimenter la tension à Bahreïn et de chercher à mobiliser la minorité chiite d’Arabie Saoudite contre le royaume wahhabite.

Cependant, un fait non moins important suscite l’inquiétude des six monarchies du Golfe. Il s’agit du retrait des troupes américaines d’Irak, après neuf ans de présence. Retrait qui, aux yeux de ces royaumes, risque de renforcer l’influence iranienne dans cette région. « Je pense que les interférences de l’Iran dans les affaires de Syrie, d’Irak et de Bahreïn seront au menu des discussions des six dirigeants », a relevé pour sa part Khaled Al Dakhil, professeur de sociologie politique à l’université Ibn Saoud de Riyad. « Deux questions sensibles seront aussi à l’examen, celles du Yémen et de la Syrie, car ce qui s’y passe intéresse directement les pays du Conseil. »

Que faire face à l’Iran ?

Un haut responsable du secrétariat général du CCG place les relations avec l’Iran en tête de l’agenda de la réunion annuelle des chefs d’Etat du Golfe.

Outre la méfiance qui caractérise les relations de la plupart des pays arabes du Golfe, l’Arabie Saoudite soupçonne l’Iran d’implication dans une tentative d’assassinat de son ambassadeur à Washington. En visite à Riyad le 12 décembre, le ministre iranien du Renseignement, Heydar Moslehi, a tenté de convaincre les dirigeants saoudiens que Téhéran n’est pas impliqué dans ce complot présumé. Les Etats-Unis ont affirmé début octobre avoir déjoué un projet d’assassinat de l’ambassadeur d’Arabie Saoudite à Washington, impliquant des responsables des Gardiens de la révolution, la garde prétorienne du régime iranien. Les mutations régionales imposent aux monarchies du Golfe, qui contrôlent pas moins du tiers de la production pétrolière de l’OPEP, d’aller plus loin dans leurs efforts d’intégration, a estimé Khaled Al Dakhil. « Le CCG a besoin de réformes pour s’adapter à la nouvelle donne née du Printemps arabe, tant au niveau politique qu’aux niveaux économique, social et même militaire », a souligné le politologue.

Il est temps, a-t-il observé, pour cet ensemble né en 1981 pour aider à la stabilité de ses membres en temps de guerre entre l’Irak et l’Iran, de passer à la vitesse supérieure alors qu’il n’arrive pas depuis de longues années à concrétiser des projets aussi élémentaires que l’union douanière ou la monnaie unique. « Réformer à l’intérieur et accélérer l’intégration de ses membres avant de s’ouvrir à l’extérieur », cela doit être au centre de la nouvelle stratégie collective du Conseil, a affirmé M. Al Dakhil. A son avis, l’idée d’ouvrir le groupe à la Jordanie et au Maroc semble avoir fait son temps et il faut envisager « une ouverture pas seulement sur des monarchies mais sur des pays tels l’Egypte et plus tard la Syrie ». (soulignement par la rédaction)

Le CCG est créé en 1981 suite à l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique et à la révolution iranienne en 1979. Il vise la coordination, l’intégration et la coopération des Etats membres dans les domaines économique, social, culturel et militaire.

Concernant ce dernier volet, en 1984, les six pays membres ont créé une force commune d’intervention appelée « Bouclier de la péninsule ». Avec l’Occident, à leur tête les Etats-Unis, ils ont soutenu l’Irak de Saddam Hussein dans sa guerre contre l’Iran. Et cela par souci d’affaiblir Téhéran qui constituait un danger pour ces monarchies. Entre-temps, Riyad reste vigilant quant aux troubles que connaît le Bahreïn depuis son indépendance, en 1971. D’autant que sa population est à majorité chiite. Un atout pour l’Iran en quête d’influence plus importante dans la région. Le royaume wahhabite est relié au Bahreïn par un pont-digue. Achevé au milieu des années 1980, il permet à l’Arabie Saoudite d’acheminer ses forces vers Manama le plus vite possible en cas de troubles pour prêter main-forte à la monarchie bahreïnie.

Ainsi, le 29 décembre 1994, le ministre de l’Intérieur saoudien, le prince Nayef Ben Abdelaziz, a déclaré à Manama que « les intérêts de sécurité des deux pays sont indivisibles ». L’opposition affirme que cette visite est précédée par deux brigades de la Garde nationale saoudienne, soit 4000 hommes, qui ont franchi ce pont-digue pour prêter main-forte aux forces répressives du royaume voisin.

Le Bahreïn abrite le quartier général de la Ve flotte américaine, ce qui permet aux Américains de surveiller l’Iran et le détroit d’Ormuz.

Amnay Idir et agences