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11 journalistes tués durant le Printemps arabe, selon RSF

« Les médias, ces témoins gênants »

Mardi, 6 décembre 2011 - 6h54 AM

mardi 6 décembre 2011

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Onze professionnels des médias ont trouvé la mort depuis l’enclenchement des soulèvements démocratiques dans le Monde arabe.

Selon Reporters sans frontières (RSF), les journalistes, et plus particulièrement les photographes, ont payé un lourd tribut durant l’année écoulée, depuis le 17 décembre 2010 plus précisément. L’ONG dresse, dans un rapport, le bilan des violences, de la censure et des violations de la liberté d’informer, dont ont usé les régimes de ces pays, afin d’imposer le black-out sur les révoltes. Parmi ces onze professionnels, « des figures de renom du photo-journalisme international. Les principales victimes demeurent les journalistes locaux », rappelle RSF dans le document.

Ce rapport « Révoltes arabes : les médias, témoins-clés et enjeux du pouvoir » décrit les méthodes utilisées par les autorités afin d’empêcher la circulation de l’information au cours des soulèvements populaires en Tunisie, en Egypte, en Libye, à Bahreïn, en Syrie et au Yémen. « Pendant ces révolutions, les médias ont joué un rôle crucial, en couvrant les mouvements de contestation et leur répression, et en soutenant les mobilisations », affirme RSF. Témoins gênants, les reporters ont été la cible de nombreuses attaques dans le but de les « faire taire ». En Tunisie, où tout a commencé, un journaliste a été tué, tandis que 36 autres ont été agressés, et ce, même après le 14 janvier. De même, les incarcérations sont légion et concernent tout aussi bien les « Net-citoyens » et autres blogeurs. En Egypte, deux journalistes sont décédés, tandis que 109 autres ont été agressés.

Et ce en sus des 44 « exactions contre les professionnels des médias » commises durant la semaine du 19 au 28 novembre dernier. En Libye, l’insurrection contre le régime d’El Gueddafi a durement été réprimée et la couverture de ces batailles aura coûté la vie à cinq journalistes. De même, 32 autres ont été emprisonnés, 15 ont été la cible d’enlèvements et 30 autres ont été contraints de quitter le territoire. Au Bahreïn, un « cyber-dissident » a été tué, ainsi que le fondateur d’un journal, tandis que 11 journalistes ont subi diverses agressions. En Syrie, ce sont 84 journalistes ainsi que 31 blogueurs qui ont été emprisonnés ou agressés, tandis que 7 autres ont été expulsés. Au Yémen enfin, la liste des attaques est longue. Trois journalistes tués, 9 tentatives d’assassinat, 72 agressions physiques, 14 enlèvements, ainsi que 16 incarcérations.

Ces attaques sont accompagnées de diverses pressions et menaces. « Chaque pays a développé sa stratégie pour bloquer ou ralentir la circulation de l’information : surveillance de la Toile ; coupures d’internet ; coupure des réseaux de téléphonie mobile ; brouillage des chaînes satellitaires ; confiscation de journaux ; agressions et arrestations des professionnels de l’information, blogueurs et internautes ; enlèvements et assassinats ; expulsion de journalistes étrangers ; refus de visas, etc. », énumère RSF dans son rapport.

Ghania Lassal