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A hue et à dia ! Liguée (?) contre quoi et pour quoi ? (ndlr)

L’éveil tardif de la Ligue arabe

Lundi, 28 novembre 2011 - 6h29 AM

lundi 28 novembre 2011

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Par Abdelkrim Ghezali

La Ligue arabe bouge ces derniers temps en tentant de reprendre la main et l’initiative.

Quand elle a livré la Libye à l’Otan, elle était dans ses cordes et dans son rôle classique de faire-valoir et d’alibi politique.

Avec la Syrie, son attitude est vraisemblablement différente.

Elle donne l’impression d’agir de par sa propre volonté pour éviter à la Syrie le sort de la Libye. Pourtant, au sein de la Ligue, il y a au moins deux positions qui s’affrontent et ce, depuis le début de la crise syrienne.

D’une part, il y a les pays du Golfe et principalement les membres du CCG menés par l’Arabie saoudite et le Qatar, qui prônent une position dure face au régime syrien, d’où le rappel de leurs ambassadeurs à Damas et leur forcing pour imposer des sanctions économiques à un pays dont le tiers des exportations est orienté vers les pays arabes. Voulant étouffer le régime, les pays radicaux risquent de provoquer une famine dans un pays qui souffre déjà des sanctions occidentales.

D’autre part, il y a un groupe de pays qui s’oppose à l’isolement de la Syrie sous prétexte que l’embargo politique risque de favoriser un massacre à huis clos. A ce titre, ce groupe de pays préfère garder les voies classiques de contact afin de ne pas effaroucher le régime et afin de le convaincre, à travers le dialogue, de cesser la répression et d’engager des réformes radicales.

Ces deux positions ont leurs limites dans la mesure où la première s’inscrit en droite ligne des vœux occidentaux et à leurs injonctions, puisque ce même groupe a demandé à l’ONU de « prendre les mesures nécessaires pour appuyer » ses efforts.

Quant à la seconde, elle est inspirée d’une pratique traditionnelle de solidarité arabe éculée qui donne au régime syrien l’illusion d’être soutenu au moins politiquement, et c’est d’ailleurs la lecture qui se fait de cette position anachronique et ambiguë.

En gelant la participation de la Syrie aux travaux de la Ligue, les Arabes ont mis la charrue avant les bœufs. N’est-ce pas là un isolement en soi avant de demander au régime d’accepter le plan arabe de règlement de la crise ?

Le régime syrien n’a, aujourd’hui, qu’un seul allié de fait, c’est la Russie, qui, par ses positions, règle en fait ses comptes avec l’Occident.

Quant à l’Iran, il s’accroche à la Syrie en désespoir de cause, car lui aussi est dans le viseur des puissances mondiales qui veulent en découdre une fois pour toutes.

Ainsi, l’éveil formel de la Ligue arabe est aussi tardif que vain. D’autant plus que la majorité des pays l’utilise comme un espace de show diplomatique et médiatique pour faire bonne figure aux yeux de leurs maîtres à penser.

Les Arabes ont perdu l’initiative depuis longtemps. Leur organisation, qui est une coquille vide, devrait se réformer avant de demander aux régimes de se réformer.

Mais le comble de l’ironie, c’est de voir des pays, dont les structures politiques sont archaïques, envoyant des troupes pour mâter la révolte à Bahreïn, donner des leçons de démocratie à d’autres pays. Le ridicule ne tue pas !

A. G