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Accueil > NAKBA > Le district de Hebron ( n°6 de notre série de 14 districts) > District de Hebron : Al Qubayba

Et si on parlait de la Nakba ! (numéro 6)

District de Hebron : Al Qubayba

Samedi 10 décembre 2011 - 16 h 50

samedi 10 décembre 2011

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al NAKBA

(la catastrophe)

Si nous ouvrons aujourd’hui une nouvelle rubrique intitulée al NAKBA, c’est notamment pour éviter que tous les pernicieux efforts de l’Etat d’Israël pour faire disparaître ce terme de la mémoire de l’humanité aboutissent. Il serait, en effet, dommageable pour l’Histoire que soient « oubliés » les moments tragiques que connut le peuple palestinien, notamment en 1947-1948, période durant laquelle se déroulèrent les événements ayant donné lieu à cette appellation qui se passe de commentaires, les faits étant là pour en témoigner.

Les faits

Faits significatifs précédant la période dénommée Nakba par les Palestiniens

1917 : Le ministre des affaires étrangères du Royaume Uni, sir Arthur James Balfour, déclare envisager "favorablement l’établissement d’un foyer national pour le peuple juif". L’armée britannique occupe la Palestine et facilite l’entrée et l’installation d’immigrés étrangers armés, créant, de fait, une situation de colonisation.

1922 : La S.D.N (Société des Nations devenue O.N.U) entérine la déclaration Balfour en confiant au Royaume Uni un mandat sur la Palestine. Cette reconnaissance provoque une intensification de la résistance des Palestiniens à l’occupation britannique et à son soutien à l’ établissement de l’Etat d’Israël.

1936-1939 : Un soulèvement majeur et massif marque le point culminant de la double résistance des Palestiniens contre l’occupant britannique et le Mouvement sioniste : "Grande grève", boycott de l’Etat, contrôle des zones rurales par des maquisards ; forte répression par l’armée britannique cantonnée essentiellement aux frontières et qui "réoccupe" plus de 700 villages.

1939-1945 : Seconde guerre mondiale et génocide nazi contre les juifs

Période Nakba

29/11/1947 : L’ONU vote un plan de partition de la Palestine toujours placée sous mandat britannique. Dès le lendemain, le 30 novembre, les affrontements deviennent de plus en plus violents entre les communautés palestinienne et juive ; cette dernière, puissamment armée et soutenue par une opinion internationale encore traumatisée par le tragique sort réservé aux juifs par les nazis, attaque, dévaste, villes et villages palestiniens, harcelant et forçant la population à fuir et c’est ainsi qu’environ 800 000 Palestiniens sont conduits à prendre la route de l’exil.

14/05/1948 : Fin du mandat britannique et proclamation de l’Etat d’Israël contre la volonté des Palestiniens et des Etats arabes voisins. Dès le lendemain, la première guerre israélo-arabe éclate mais 80% de la population de la Palestine est déjà expulsée. Israël déclarera « absents » les propriétaires palestiniens réfugiés dans les pays arabes voisins, ce qui permettra la mainmise de l’Etat sur 90% des terres et possessions palestiniennes après que plus de quatre cent villages ont été rasés.

Ces événements constituent le cœur même de cette tragédie que les Palestiniens ont dénommée Nakba et, au vu et au su de tous les crimes perpétrés durant cette période envers ce peuple martyr par l’occupant toujours présent 63 ans après l’envahissement, on comprend les raisons qui poussent Israël à tenter de faire oublier ce sinistre épisode qui d’ailleurs se prolonge sous d’autres formes plus perverses encore jusqu’à aujourd’hui.

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Les informations fournies dans les articles de cette nouvelle rubrique proviennent du remarquable ouvrage "All that remains : The palestinian villages occupied and depopulated by Israel in 1948" (ed. Walid Khalidi )- Traduction : Philippe Lewandowski.

L’ouvrage édité par Walid Khalidi et publié en 1992 (second tirage : 2006) par
the Institute for Palestine Studies (Washington, D.C.) recense, district par district,
l’ensemble des 418 villages qui ont disparu de la carte.

Nous nous proposons
d’en publier des extraits permettant de faire connaître aux lecteurs francophones
la réalité de la Nakba (c’est-à-dire la catastrophe), nom donné par les Palestiniens
à l’évènement tragique dont le gouvernement israélien, dans une vaine tentative
d’effacer l’histoire réelle, prétend même interdire la commémoration.

Pour chacun
des 14 districts traités, nous reproduirons la liste de tous les villages concernés avec
leur population estimée en 1944/45, et en traduisant entièrement l’article consacré à
l’un d’entre eux.

Les Palestiniens aussi ont droit à leurs livres du souvenir.

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Les districts de la Palestine avant 1948

District de Hébron

Les villages détruits du district

‘Ajjur (3.730 habitants) ; Barqusya (330) ; Bayt Jibrin (2.430) ; Bayt Nattif
(2.150) al-Dawayima (3.710) ; Dayr al-Dubban (730) ; Dayr Dakhkhas (600) ; Kudna (450) ; Mughallis (540) ; al-Qubayba (1.060)  ; Ra’na (190) ; Tall al-Safi (1.290) ; Umm Burj, Khirbat (140) ; Zakariyya (1.180) ; Zayta (330) ; Zikrin (960).

al-Qubayba avant 1948

Le village se dressait au sommet d’une colline, au sein des basses collines
situées à l’ouest des Montagnes de Hebron ; le Wadi Ghufr passait tout au long du
pied occidental de la colline. Il était relié par une route secondaire à la grande route
Hebron - Bayt Jibrin - al-Majdal qui passait au nord-ouest, ainsi que par d’autres
routes aux villages adjacents. Al-Qubayba est identifié comme Deirelcobebe, un
village de la période des croisades. En 1596, al-Qubayba était un village de la
nahiya (la plus petite circonscription fiscale dans l’empire ottoman) de Gaza (liwa,
ou province de Gaza), avec une population de 182 habitants. Il payait des taxes sur
le blé, l’orge, le sésame, les arbres fruitiers, les chèvres et les ruchers. À la fin du
dix-neuvième siècle, al-Qubayba, grand village construit en briques d’adobe, était
situé sur des collines ondoyantes auprès d’une plaine, entourées par un terrain
aride et pierreux. Ses habitants étaient musulmans. Les maisons d’al-Qubayba
étaient construites en pierre et en boue, et se disposaient le long de rues étroites
rayonnant à partir du centre. Le village possédait une école, une mosquée, et un
certain nombre de petites boutiques. Deux puits situés au nord-ouest et au sud-ouest
lui fournissaient de l’eau potable.

En 1944/45, 8.109 dunums (1 dunum = 919 m²)
étaient alloués aux céréales.
Tall al-Duwayr, le site de l’ancienne ville de Lachish, était à côté du village,
vers le sud-ouest. Cette ville avait été saccagée et reconstruite de nombreuses fois
lors de sa longue histoire. Tall al-Duwayr fut fouillé par les Britanniques de 1932
à 1938, puis par des archéologues israéliens de 1966 à 1968 et de 1973 à 1985.
C’est un vaste site occupé de manière intermittente de la période chalcolithique
(5e millénaire avant J.-C.) à la période perse (fin du 4e siècle avant J.-C.). La cité
cananéenne de Lachish était mentionnée dans les lettres de al-‘Amara (datant du
14e siècle avant J.-C.).

Le territoire entourant al-Qubayba était riche en témoignages
d’occupation antérieure ;

outre Tall al-Duwayr et le site du village lui-même, il y avait pour le moins quinze sites archéologiques sur les 12.000 dunums de terres
appartenant au village.

Occupation et nettoyage ethnique

Dans la troisième étape de l’opération Yo’av, les succès des étapes
antérieures furent utilisés pour occuper plus de terrain. Al-Qubayba fut prise à peu près en même temps que se déroulait le massacre du village proche al-Dawayima, le 28 octobre 1948, probablement par des unités des brigades Giv’ati ou Har’el. Aucun détail n’est donné quant au sort des villageois, mais l’historien israélien Benny Morris parle d’une « fuite par panique » d’al-Qubayba vers l’époque de l’occupation. Aucune raison n’est donnée pour cette « panique », mais il est improbable que des nouvelles du massacre de al-Dawayima aient pu atteindre al-Qubayba le même jour. Morris attribue également le nettoyage du village à l’assaut militaire mené contre lui.

Implantations israéliennes sur les terres du village

L’implantation de Lakhish s’est établie au sud-ouest du site du village en 1955.

vue satellite

Le village aujourd’hui

Le site est marqué par des cactus et quelques oliviers. Un bosquet d’oliviers
négligé, avec quelques terrasses de pierre encore intactes, a été clôturé.

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Information en anglais et en arabe sur le site de palestineremembered

Images Palestineremembered